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Tunisie : Ce que BCE prépare en secret à ses adversaires et ses partisans !

Béji Caïd Essebsi et Rached Ghannouchi, les deux patriarches de la politique, ne seraient plus en odeur de sainteté, trois ans après avoir scellé à Paris  leur célèbre gentleman’s agreement qui a ouvert un nouveau chapitre bouleversant toute l’ordonnance politique jusqu’alors ambiante en Tunisie. Les deux parangons de cet accord ont cessé de se voir à la cadence qui ponctuait leur idylle et de surcroît, ne s’interdisent pas de s’interpeller à distance à fleurets mouchetés, créant l’impression largement partagée que les deux frères siamois ou regardés comme tels sont en train de consommer leur séparation.

Le chef du mouvement Ennahdha, pourtant, ne manque aucune occasion pour s’en défendre et protester de son amitié, disons plutôt sa connivence, avec le président de la République, visiblement occupé à régenter à sa façon la chose publique, se passant des services d’un chef du gouvernement pour le remplacer par un autre de parfaite et calme aménité, le doter d’une équipe ministérielle plurielle sous le couvert de l’union nationale, le pressentir pour la présidence du parti dont il est le fondateur, et surtout, s’employer à constituer un front de partis, une sorte de bouclier pour le gouvernement, et enfin et bientôt une majorité parlementaire  qui le rendra moins dépendant de la 2ème formation politique issue des élections.

Telle est brossée à grands traits l’architecture politique sur laquelle le locataire du palais de Carthage donne la nette impression de travailler, sans pour autant en piper un mot, mais dont des bribes commencent à être éventées dans la presse et dans les milieux politiques. Et ceci ne doit pas, de toute évidence, aller sans manœuvres florentines, un exercice dans lequel BCE a fait ses preuves pour avoir réussi avec panache à stopper net l’ascension du parti ci-devant islamiste et l’amener à changer son fusil d’épaule et composer avec   la nouvelle donne politique du pays dont Nidaâ Tounès était devenu la composante incontournable.

C’est assurément sur un mode d’un acabit voisin que BCE est en train de jeter son dévolu sur les dirigeants des partis dont il a converti pour ne pas dire débauché un quarteron pour en faire des ministres dans le gouvernement de Youssef Chahed où se côtoient des représentants de formations politiques d’inégale importance et même d’importance nulle au point faire de la figuration que certains disent moyennement intelligente. Aussi a-t-on vu le président de la République dérouler le tapis rouge à Mongi Rahoui, plusieurs fois plutôt qu’une, semant le désarroi au sein du Front populaire, un ennemi juré du pouvoir en place quelle que soit sa couleur. C’est le cas aussi du dirigeant d’Afek, Riadh Mouakher, dont l’incorporation dans le gouvernement n’a pas fait l’objet de l’assentiment de l’état-major du la sienne formation politique, sans parler de Samir Bettaieb, secrétaire général d’Al-Massar, de négligeable poids politique au point de ne pas disposer du moindre représentant au Parlement. La même démarche est visible dans le « recrutement » de Mohamed Trabelsi et Abid Briki eu égard à leur poids au sein du courant syndical et gauchiste, outre les indépendants Mehdi Ben Gharbia et Majdouline Charni auxquels sont  reconnus un poids et une présence de taille dans leurs régions respectives.

Autant de pièces dans le dispositif que le président de la République s’emploie à constituer sous la forme d’un parti qu’il veut d’union nationale, en reprenant le schéma qui avait présidé à la fondation de Nidaâ Tounès de par la diversité des courants qu’il a rassemblés sous la même enseigne qu’il s’agisse d’indépendants, de gauchistes, de syndicalistes, de Destouriens et tutti quanti. Sans être une copie conforme de Nidaâ Tounès, le parti projeté par BCE tient de la même philosophie, et sans doute de la même technique, pour disposer en dernière analyse d’une nouvelle force politique qui lui permette de s’affranchir de son statut de parti politique vulnérable, c’est-à-dire tributaire du bon vouloir du mouvement Ennahdha et de ses positions  politiques.

Le 3ème temps de la stratégie politique de Béji Caïd Essebsi est de se servir de la force politique ainsi constituée, aux fins de la création d’un groupe parlementaire ayant mission et vocation à appuyer le gouvernement, faire passer ses projets de loi sans rechigner, et surtout faire pièce aux élus d’Ennahdha dont le vote ne sera plus aussi crucial qu’il l’est maintenant.

On prête  même au président de la République l’intention de changer la Constitution pour en atténuer les « rigueurs » empruntées au régime parlementaire, voire d’amender la Loi fondamentale dans le sens de l’instauration d’un régime présidentiel, ce qui dote BCE des éléments constitutifs d’un pouvoir tel qu’il l’entend , c’est-à-dire à l’enseigne duquel il aura les coudées franches, sans devoir des comptes à un Parlement tatillon qui pèse sur les décisions majeures de l’Exécutif, présidence de la République et gouvernement confondus.

Reste à se poser la question suivante : Rached Ghannouchi et Ennahdha, ses militants et son groupe parlementaire, se tiendront-ils cois, et assisteront-ils en spectateurs à un projet qui rabote tous les acquis accumulés sous la Troïka et par le fait du consensus de Paris entre BCE et Ghannouchi ? Il ya fort à parier que tout ce beau monde, qui n’est pas né de la dernière pluie, a en poche ce qu’il faudra pour une contre-offensive. Et ce ne sera  pas une promenade de santé, dans tous les cas de figure.

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