AccueilLa UNETunisie-Huile d’olive : Plus de pépins que d’oseille !

Tunisie-Huile d’olive : Plus de pépins que d’oseille !

Locomotive des exportations alimentaires, l’huile d’olive va devoir, cette saison, mettre de l’eau dans son vin et modérer ses ambitions. Non que le marché mondial ne soit pas demandeur, mais parce que la récolte va être amputée du tiers cette année, pour cause de cycle de production où les années se suivent et ne se ressemblent pas. Après une année faste, les oliviers observent une décrue qui se répercute fatalement sur la production d’huile d’olive laquelle  dégringole à 100 000 tonnes pendant la campagne 2016/2017, soit une chute de 29% par rapport à la dernière  campagne, comme le prévoient les  données officielles du Conseil oléicole international.

Paradoxalement, cette régression intervient alors que partout, les « majors » de l’oléiculture européenne déplorent une chute brutale de leur production due à de mauvaises récoltes, elles-mêmes consécutives à la prolifération de la maladie de la mouche d’olive qui est en train de faire des ravages dans les plantations en Italie,  au temps exceptionnellement sec et chaud en Espagne et aux ravageurs en Grèce.

Une conjonction de facteurs qui propulse vers le haut les prix à l’échelle mondiale. Une réédition de la flambée enregistrée lors de la campagne 2014-2015. La péninsule italienne est en tête des contrées touchées où la récolte ne dépassera pas les 230.000 tonnes contre 350.000 tonnes une année auparavant, à cause notamment de l’infestation d’un million de pieds d’oliviers dans le sud du pays. La situation est pire en Espagne, de loin le plus grand producteur, où la récolte plonge de moitié et en Grèce où la récolte chute de 300.000 à 220.000 tonnes.

Cette mappemonde de la production oléicole n’est cependant pas synonyme de dividendes pour les oléiculteurs tunisiens qui ont  produit 340.000 tonnes d’huile d’olive en 2014-2015, soit 5 fois plus que l’année précédente, devenant alors le plus grand exportateur du monde, et le deuxième plus grand producteur après l’Espagne. Et cela leur a valu une montée en flèche des recettes, autant pour améliorer grandement la balance commerciale du pays, actuellement sévèrement malmenée par une chute de 35% des exportations des produits alimentaires  en raison précisément de la régression du produit de la vente de l’huile d’olive en termes de valeur, qui est passé  de 1700 millions de dinars en 2016 à seulement 596 MD cette année.

Le manque à gagner devrait s’accentuer alors que la demande mondiale ne cesse de s’accroître, et les prix à l’avenant. En quatre semaines, les cours mondiaux de l’huile d’olive extra vierge  se sont appréciés de plus de plus de 10%. Et ce n’est qu’un début vu l’engouement général sur ce breuvage partout dans le monde. Une opportunité que l’oléiculture tunisienne, si bien appréciée sous son emballage national autant qu’étranger, singulièrement italien, est en peine de saisir comme il se doit, faute d’une stratégie nationale pour améliorer la productivité de la filière, affirment les professionnels. Et pour cause, il est à tout le moins bizarre que l’arsenal juridique régissant l’oléiculture en Tunisie date de plusieurs décennies et n’a pas été révisé depuis pour ce qui est du système de production, du conditionnement et de l’exportation, sans parler des  procédures de contrôle technique qui demandent à être revues de fond en comble pour qui leur soit substitué  l’autocontrôle et le contrôle après l’exportation. Encore plus étrange, la loi  2005 relative aux huiles alimentaires n’a pas été dépoussiérée, demeurant toujours en vigueur en dépit du bon sens tout d’ailleurs comme la célèbre loi Offictec  datant de l’époque coloniale et qui coule encore des jours heureux alors qu’elle aurait dû tomber en désuétude depuis belle lurette.

Bien tenir son rang

Il va sans dire que le secteur oléicole en Tunisie recèle toutes les opportunités qui le fondent à se tailler une place meilleure que celle qui est  la sienne actuellement. Déjà 2ème producteur et 1er exportateur mondial, il est dans ses cordes de tenir le podium en termes de qualité et de quantité pour peu qu’il sache et puisse le faire. Cela signifie que la production annuelle doit être portée à  230 mille tonnes à l’horizon 2020, une progression de 25% au moins, que les oliveraies s’agrandissent pour couvrir 100 mille hectares dont 25 mille hectares de plantations irriguées. Plus important encore, il faudra améliorer le conditionnement et la diversification des produits en vue d’atteindre, annuellement, une quantité de 20 mille tonnes d’huile d’olive conditionnée.

C’est entre autres à cette aune que l’huile d’olive méritera son appellation d’or vert pour soulager la balance commerciale constamment mise à mal avec un déficit d’autant plus chronique et allant se creusant que les opportunités de le combler sont mal identifiées et mal saisies. Pourtant, elles existent,  et à profusion !

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