AccueilInterviewTunisie : Le retour de l’enfant prodige, pour sauver la BTK

Tunisie : Le retour de l’enfant prodige, pour sauver la BTK

C’est un Marocain de naissance et un Tunisois d’enfance, puisqu’il a fait ses études à l’école primaire de Mutuelleville à Tunis. Le professionnel de finance qu’il était devenu a, pendant 18 ans, roulé sa bosse professionnelle à l’étranger et au DOM, en passant par les places financières américaine et anglaise. Sa dernière nomination à la tête de la BTK, filiale du groupe français BPCE (Banque Populaire & Caisse d’Epargne) en août 2016, est presque un retour de l’enfant prodige.

Dans cette interview du DG de la BTK, Bernard Fremont s’attarde surtout sur le pourquoi de sa nomination, le PMT ou plan moyen terme pour redresser cette ancienne banque mixte tuniso-koweitienne. La banque était déficitaire, mais elle commence déjà à se relever. Interview :

 Depuis qu’elle a été rachetée par la BPCE, la BTK n’a pas été toujours déficitaire. Qu’est-ce qui s’est passé pour qu’elle le devienne, et deux années de suite ?

A l’instar d’autres banques de la place qui ont eu à le faire, la BTK a entrepris, depuis mon arrivée, un programme de restructuration qui passe par un assainissement de ses comptes, dans la perspective de la préparer aux différents enjeux comptables et réglementaires, qui sont ou se mettront prochainement en place en Tunisie. La banque se met aujourd’hui dans ces nouveaux dispositifs et adopte une nouvelle organisation, pour pouvoir répondre aux besoins de l’économie tunisienne de demain.

 Le cru 2017 de la banque a été en totalité à la baisse, de l’exploitation au résultat net, en passant par la liquidité qui a été négative. Quid de tous ces ratios !

A mon arrivée, un audit complet de la banque a été réalisé. Une nouvelle organisation a été mise en place et un plan stratégique moyen terme a été établi sur les exercices 2017 à 2020. Celui-ci est suivi rigoureusement. Nous le respectons. Il suppose, sur le plan purement comptable, de provisionner ce qui doit l’être, et permettre ainsi à la BTK de rebondir rapidement et d’assurer son développement futur.

 C’est comme si vous étiez en train d’affirmer, ou devrions-nous le comprendre ainsi, que cette situation est voulue ?

Voulu n’est pas forcément le bon terme. En tout cas, les travaux que nous menons sont une nécessité et préparent bien l’avenir.

 En 2017, la BTK était déficitaire et vous provisionnez pourtant moins, puisque vos provisions ont diminué de 51,7 MDT par rapport à 2016 qui était aussi déficitaire

Nous avons provisionné de manière importante en 2016. Nous avons moins provisionné en 2017. Ceci traduit tout simplement les efforts remarquables entrepris par les collaborateurs de la BTK. Nous avons même été en avance sur ce que nous avions budgétisé. En 2018, le coût du risque poursuivra son amélioration grâce à l’assainissement de notre portefeuille. Dans la conjoncture économique particulière que traverse la Tunisie, je pense que ce qui a été réalisé par les équipes de la BTK en l’espace de moins de 2 ans, est du domaine de l’exploit.

Est-ce que le recouvrement a pu vous mettre à l’abri de la hausse des coûts des ressources ?

En 2017, notre coût des ressources a été meilleur que celui budgétisé.

L’action sur le recouvrement a certainement permis de l’améliorer. Egalement, une gestion rigoureuse de notre ALM, une conquête de flux alliée à un développement de nos dépôts à vue ont aussi largement contribué à la maitrise de nos coûts de ressources.

 Comment se comporte le ratio NPL et à quel niveau est-il désormais ?

Il est encore à un niveau qui reste insuffisant et sur lequel nous continuons à travailler pour le ramener au niveau des normes de la place.

 En quoi consiste en fait ce PMT et quels sont ses objectifs ?

L’augmentation de capital souscrite par tous nos actionnaires nous a permis de consolider notre structure financière et de respecter l’intégralité de nos ratios réglementaires, Tier 1 et 2. Il en est de même pour notre ratio de liquidité.

Ce nouveau contexte nous a permis de nous relancer sur les clientèles que nous ciblons, Corporate, Retail et de gestion privée.

Nous avons également rénové de nombreuses agences et la campagne d’image dernièrement faite permettra de le faire savoir.

Enfin, une révision de notre offre produits et services nous permettra d’offrir d’avantage de qualité et d’expertise et donc de générer davantage de commissions pour la banque. Tout le travail d’organisation de la BTK que nous menons actuellement, doit permettre au process et au work-flow de se mettre progressivement en place et être le plus efficace possible.

 Quand-est-il prévu, selon votre business plan, que la banque retourne à la profitabilité ?

Ce retour est prévu pour 2019. Ceci dit, rien ne nous empêche de l’anticiper. La motivation des équipes est là et l’envie de revenir à des résultats positifs est très forte chez nous. Le nouvel esprit qui anime toute l’équipe BTK, jeune et dynamique, dégage une forte volonté d’aller de l’avant, de respecter ce PMT et même de le devancer.

 En attendant, comment se sont comportés les différents ratios de la banque, pour le 1er trimestre 2018 ?

Les chiffres sont encore provisoires, mais la MNI est en croissance de 21 %, ce qui est tout à fait remarquable dans le contexte actuel ; le PNB s’affiche en croissance positive, le coût du risque est une nouvelle fois en très forte amélioration. Les premiers éléments que nous avons sur le 1er trimestre 2018 augurent de résultats qui peuvent nous satisfaire et nous mettre en avance par rapport au PMT d’ici la fin de l’année, si nous continuons sur cette lancée.

 Vous avez constaté, comme toute la place, que l’atmosphère au sein de la BTK avait été secouée par l’information de cession d’un nombre de banques filiales africaines du groupe BPCE. Est-ce que cette décision du groupe est encore valable en 2018 ?

Les médias se sont effectivement fait l’écho de cette information. C’est un sujet qui concerne les actionnaires de la BTK [Ndlr : Dont l’Etat tunisien]. En tant que Directeur général, j’ai la mission de mener le plan stratégique de la banque.

 On suppose donc que la vente ne se fera pas avant l’arrivée à terme du plan stratégique, car on vendrait mal une banque qui perd de l’argent !

Comme je viens de vous l’indiquer, ma mission est de conduire le PMT et si possible d’anticiper sur la performance et le résultat affiché dans le PMT. En règle générale, lorsque vous achetez une entreprise, c’est plutôt son futur que vous regardez.

 Il est donc inutile de vous demander s’il y a déjà des acheteurs, tunisiens ou étrangers, intéressés par la reprise de la BTK, car vous n’êtes pas à ce niveau de connaissance !

Je suis évidemment en lien étroit avec les actionnaires sur ce sujet. Mais il ne m’appartient pas de communiquer à leur place.

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