AccueilLa UNEUn test grandeur nature pour l’image de la Tunisie

Un test grandeur nature pour l’image de la Tunisie

Le road-show tunisien pour la levée d’un milliard d’euros sur le marché de l’euro-bond devrait débuter le samedi prochain. La délégation financière tunisienne, forte de trois ou quatre personnes et qui sera présidée par le gouverneur de la BCT, Chedli Ayari et la ministre Lamia Zribi devrait parcourir les places financières de Paris, Londres et Francfort. Le road-show se déroulera alors que la Tunisie est déjà sous la loupe du FMI (Fonds monétaire international) dont une délégation est déjà en Tunisie depuis quelques jours.
La Banque centrale de Tunisie (BCT) avait déjà désigné la banque d’investissement et d’entreprise française Natixis pour la coordination globale de l’emprunt en euros, Commerzbank et JP Morgan comme Co-arrangeurs de cette opération.

Particularité de cette opération, programmée depuis l’année dernière et reportée pour cause de conjoncture non favorable et liquidité disponible sur le marché local, elle sera «sans béquilles» comme on dit dans le jargon financier. Cela veut dire que la Tunisie sortira sur les marchés financiers internationaux, sans aucune garantie ou parrainage extérieur. On rappelle qu’en 2015, la Tunisie avait déjà obtenu 500 millions USD du marché international des capitaux avec un taux de 1,4% et une maturité de 5 ans, mais avec la garantie américaine de l’USAID.
Une première pour la Tunisie depuis 2007 sur le marché du Samouraï où, malgré la crise des subprimes, elle avait eu plus qu’elle en demandait. Cette sortie sur le marché international de l’euro sera aussi la seconde du genre depuis celle de 2005, qui s’était alors aussi très bien déroulée.

Or, cette nouvelle sortie, qui plus est pour un montant important pour l’économie et les finances tunisiennes, se déroule dans une conjoncture bien spéciale, tant au niveau local qu’international. Localement, la Tunisie a à peine bouclé sa loi de finances (LF) 2017, elle est obligée d’en faire une complémentaire pour la précédente (2016) et elle serait fort probablement obligée d’en préparer une autre pour la LF en cours. Une conjoncture aussi où le service de la dette s’envole et les réserves en devises trinquent. Un exercice aussi où le GUN (Gouvernement d’unité nationale) peine à récolter ses impôts avec plus d’un métier en situation de fronde fiscale, les entreprises étrangères installées en Tunisie qui refusent la taxe conjoncturelle de 7,5 % et la masse salariale qui n’arrête pas de gonfler sans que les indices de production ne s’améliorent.
Sur le plan international, il y a d’abord la crise qui pousse plus d’un pays à se refermer, un commerce international où le déficit se creuse dangereusement avec plus d’un pays, notamment la Turquie (1,3 Milliard DT) et la Chine (plus de 3 Milliards DT), et des exportations qui peinent à rattraper les importations, sans compter le risque d’impact de la fameuse contribution conjoncturelle. Au risque aussi d’être taxé de pessimiste, on rappellera l’image de 1er exportateur du terrorisme qui colle toujours à la Tunisie et empêche une bonne reprise du secteur touristique. C’est, pour la faire courte, une Tunisie chancelante qui sort emprunter sans garanties et sans béquilles.
C’est toutes ces données qui feront de cette nouvelle sortie pour un Milliard d’euros un vrai test grandeur nature pour toute l’image de la Tunisie

Le premier impact de toute cette conjoncture pourrait être un coût d’endettement assez lourd. Selon une source citée par l’agence Reuters, le taux d’intérêt de ces nouvelles euro-obligations devrait osciller entre 5% et 6%. Un taux qui pourrait même être handicapant pour la capacité tunisienne de remboursement, même si elle n’a jamais encore failli à ses obligations, si l’appareil de production ne se remet pas à travailler.
Il est logique, d’autre part, de se demander quelles sont les garanties, cette fois pour les finances du pays, que ce nouvel endettement n’ira pas financer les salaires, comme les institutions financières internationales, qui rechignent encore à délier les cordons de leurs bourses pour la Tunisie, en ont déjà fait le reproche aux deux derniers gouvernements ?
De plus, la nouvelle grille de calculs d’impôt sur le revenu, déjà entrée en service, va impacter négativement le pouvoir d’achat. Ce dernier, considéré comme étant l’un des derniers, sinon le seul moteur de la croissance à continuer à fonctionner « normalement », sera affecté. Le Gouvernement Chahed se tirerait-il alors une balle dans le pied ? Presque !

Ainsi, en attendant les éventuelles augmentations salariales (dont les négociations sectorielles n’ont pas encore commencé), le fonctionnaire moyen verrait son salaire amputé d’une certaine somme. Elle ne sera pas couverte par les dites augmentations, sauf si ces dernières (la 1ère tranche de 2017, la seconde tranche et l’augmentation entière de 2018) étaient à deux chiffres, chose quasiment impossible vu l’état des caisses de l’Etat et les engagements pris avec les institutions financières internationales, le FMI en premier lieu. De ce fait, l’exercice mi- équilibriste mi-prestidigitateur auquel s’adonne le trio Chahed, Zribi et Rajhi (Conseiller financier de Chahed) engendrera un effet boomerang périlleux. D’une (mauvaise) pierre deux coups (terribles), on se retrouvera avec un salarié trainant le sentiment d’avoir été le dindon de la farce. Bonjour la productivité !
Ensuite, ce fonctionnaire fauché, face à l’envolée des prix des produits, primaires pour son plat, tels que piments, tomates et oignons (dits repas du pauvre !) se repliera sur lui-même, préférant réduire son train de vie, ou au mieux se tournant vers les circuits parallèles que le Gouvernement semble ignorer, ou plutôt tolérer !

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