La Tunisie est aux prises avec une crise de l’eau qui s’aggrave, la demande dépassant l’offre disponible. Les réserves des barrages tunisiens ont atteint leurs niveaux les plus bas dans différentes régions.
Le pays est en proie à la sécheresse depuis cinq ans. Des études semblent confirmer la persistance de la sécheresse et une réduction sensible de la pluviométrie. Cette aridité prolongée a bien sûr une incidence sur les disponibilités hydriques aussi bien pour l’eau potable que l’eau destinée à l’irrigation.
Le gouvernement estime ainsi que l’une des priorités de la prochaine étape est de « rationaliser la consommation de l’eau et de faire pression sur la demande dans tous les secteurs, en plus de l’utilisation de ressource non traditionnelles », y compris le dessalement de l’eau de mer et la réutilisation des eaux usées traitées.
Selon le dernier rapport de l’Observatoire national de l’agriculture (Onagri), les dernières précipitations n’ont pas fondamentalement changé la donne. Le taux de remplissage des barrages monte péniblement à 37,7%.
La même source a expliqué que les réserves d’eau dans les barrages sont en net repli, -131,189 millions de m3 (-13,07%) en comparaison avec la moyenne des 3 dernières années. Elles s’établissent présentement à 872,16 millions de m3 contre 1003,34 millions de m3 les années précédentes.
D’après un autre rapport de l’Onagri, daté du 3 juillet 2024, le taux de remplissage des barrages est à peine de 29,3%.
Les réserves d’eau dans les barrages tunisiens sont en baisse de -241,332 millions de m3 par rapport à la moyenne des trois dernières années. Elles se situent à 688,904 millions de m3 contre 930,236 millions de m3 la moyenne des trois années.
Le taux de remplissage de la majorité des barrages les plus importants est en dessous de 50%. Ceux de Bouhertma, Sidi Salem et de Sidi Barrak ont enregistré respectivement un taux de remplissage de 42%, 29% et 41%.
Dans ce contexte le directeur général des ressources hydriques au ministère de l’Agriculture, Aissa laimi s’est exprimé ce mercredi 3 juillet 2024 sur les ondes de Mosaïqué fm, pour donner plus de précisions sur cette situation, tout en appelant les citoyens à rationaliser leur consommation d’eau.
« Je ne le cache pas, la situation hydrique de la Tunisie est très compliquée…
Cette situation n’est pas confortable même en la comparant à l’année dernière », a-t-il dit en précisant que le taux de remplissage des barrages est passé sous la barre des 30%, exactement 29,5%, soit des réserves d’eau dans les barrages tunisiens de l’ordre de 692 millions m3 » selon ses dires.
Et d’ajouter que les réserves sont négativement impactés non seulement pas l’exploitation mais aussi par les facteurs climatiques (chaleur et évaporation d’eau qui cause une perte comprise entre 600.000 et 700.000 m3 par jour lors des pics de températures).
Le responsable a appelé les citoyens tunisiens à rationaliser au maximum l’usage de l’eau, surtout que cet usage augmente l’été.
Il a indiqué que le ministère œuvre pour qu’il y ait moins de coupures d’eau, en affirmant que les coupures nocturnes de l’année dernière avaient permis de faire des gains en eau.
Il a encore expliqué que ces coupures ont permis tenir le coup pour passer la période difficile de l’été et même au-delà, la saison des pluies ayant tardivement commencé.
Malgré cette situation délicate, Hlaimi a affirmé que la Sonede n’a pas l’intention de revenir au rationnement de l’eau via les coupures nocturnes quotidiennes.
Hlaimi a rappelé que la Société nationale d’exploitation et de distribution des eaux (Sonede) est une société nationale, un acquis et son rôle est de fournir l’eau potable à tout citoyen tunisien, où qu’il se trouve.
Il a souligné que la question de la disponibilité de l’eau en Tunisie est une affaire récurrente qui est de plus en plus abordée ces dernières années à cause d’une réalité climatique.
Une batterie de mesures urgentes pour échapper à la sécheresse
Face à cette situation alarmante, le ministère de l’Agriculture, des ressources hydrauliques et de la pêche a pris, pour la première fois, au cours du mois de mars 2023, des mesures concernant la distribution échelonnée de l’eau potable et a commencé à couper l’eau de nuit dans de nombreuses zones, dans le cadre d’un système conçu pour programmer la distribution de l’eau et assurer sa consommation dans diverses parties du pays, ainsi que pour « empêcher son utilisation dans l’agriculture et l’irrigation ».S’y ajoutent les espaces verts, le nettoyage des rues et le lavage des voitures, en raison de la grave vague de sécheresse, qui a laissé les barrages presque vides(…).