La Tunisie se prépare à franchir une nouvelle étape dans sa transformation numérique avec une stratégie renforcée, intégrant pleinement l’intelligence artificielle (IA) pour soutenir son développement économique et social.
Elle cultive l’ambition de devenir un modèle de transformation numérique en Afrique. En misant sur des technologies avancées comme l’IA, le pays compte jouer un rôle de précurseur pour inspirer d’autres États africains à accélérer leur propre transition digitale. La réussite de cette stratégie pourrait non seulement transformer l’économie tunisienne, mais aussi démontrer la capacité de l’Afrique à intégrer les technologies de demain pour un développement inclusif et durable.
13 universités inscrites dans une stratégie d’intégration de l’IA
Treize universités tunisiennes, ainsi que divers acteurs académiques, institutionnels et industriels ont pris part à un workshop organisé par l’Université Virtuelle de Tunis (UVT) sur le thème « l’IA, Moteur de Transformation de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique : Vers une Stratégie d’Intégration et d’Innovation ».
Cet événement, qui s’est tenu au Centre international de formation des formateurs et d’innovation pédagogique (CIFFIP), a été l’occasion d’explorer les opportunités offertes par l’intelligence artificielle (IA) dans ces domaines.
Selon le président de l’UVT, Slim Ben Saïd, cette initiative vise à élaborer une stratégie quinquennale pour intégrer l’IA dans l’enseignement supérieur et la recherche scientifique. Une feuille de route sera soumise au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recheche scientifique après validation des résultats issus du workshop.
Il a souligné que la stratégie, dont les travaux ont commencé il y a plusieurs mois, comporte plusieurs axes principaux portant sur les modes d’intégration de l’intelligence artificielle dans l’enseignement supérieur.
Sameh Bokri, professeure de l’enseignement supérieur à l’UVT, a souligné l’engagement des participants à soutenir cette démarche. Elle a précisé que les travaux se concentrent sur plusieurs axes clés, notamment le renforcement des compétences en IA, la promotion de la recherche scientifique fondamentale et appliquée, ainsi que le développement d’un enseignement de qualité adapté aux besoins spécifiques des apprenants grâce aux outils d’IA. Elle ambitionne également d’accélérer la transformation digitale des établissements universitaires tout en favorisant une innovation responsable à fort impact socio-économique.
Ce workshop s’inscrit dans une dynamique collaborative visant à positionner la Tunisie comme un acteur majeur dans l’adoption de l’IA pour moderniser son système éducatif et stimuler son économie du savoir.
IA : La Tunisie recule de 11 places à l’indice mondial
Le dernier classement de la Tunisie, selon l’indice mondial de préparation à l’intelligence artificielle (IA) de l’année 2024 d’Oxford Insights, la place à la 92ème position sur les 188 pays couverts par l’indice, en recul de 11 places par rapport à son rang au classement de 2023.
La Tunisie est en baisse continue depuis l’année 2019 et affiche un retard qui ne cesse de se creuser. En 2019, elle n’était devancée en Afrique que par un seul pays, le Kenya. Elle se trouve reléguée à la 6ème place au classement de 2024 loin derrière l’Égypte, Maurice, l’Afrique du Sud, le Rwanda et le Sénégal.
Le retard concerne aussi le score qui lui est attribué : 43,7 sur 100 points après 46,1 points en 2023. C’est même le score le plus faible depuis l’année 2019.
Dans la région Afrique du Nord, seule l’Égypte arrive à obtenir un score supérieur à la moyenne : 55,6. Ce faible niveau de préparation cache en réalité une gouvernance qui ne semble pas avoir pris la mesure des défis que pose l’émergence de l’IA. En effet, la Tunisie obtient son plus mauvais score en matière de gouvernance (28,6 sur 100 points).
C’est aussi selon ce critère qu’elle accuse en 2024 son recul le plus notoire : 48,3 points dans le rapport 2023. Hormis les problèmes de gouvernance, le pays apparaît relativement bien doté en infrastructures numériques (le score obtenu est de 61,4 points en nette amélioration par rapport à l’an passé et est même le plus avancé en Afrique du Nord).