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Au marché des ingénieurs tunisiens

 Un véritable marché des ingénieurs tunisiens à destination des pays européens, notamment la France, s’est constitué, ces derniers temps, à Tunis, à en croire un rapport de presse publié, il y a quelques jours (le 10 octobre), par la radio publique française RFI (Radio France International). Et comme témoin, on ne trouverait pas mieux puisque les acheteurs, dans ce cas, ou recruteurs comme les appelle le rapport, sont des Français agissant pour le compte d’entreprises françaises.

On y lit en substance : «  Le rituel est désormais bien rodé. Un samedi sur deux, dans ce centre de conférences de Tunis, des recruteurs français défilent devant plusieurs dizaines d’ingénieurs tunisiens. Ce jour-là, le recruteur Y.W est venu proposer une vingtaine de postes pour le compte de grands établissements bancaires français : « Il y a eu beaucoup de freins de la part des clients au départ, en se disant : « on a des besoins, mais est-ce qu’on va aller jusqu’à recruter des ingénieurs étrangers ? » On avait une crainte au départ au niveau des formations, mais en fait, on retrouve une équivalence. Ce sont des gens qui ne vont pas être enfermés dans leurs postes, ce sont des gens qui vont être force de proposition et qui vont vouloir justement avancer ».

Face à la pénurie d’ingénieurs en France, conjuguée à un accroissement des besoins de son économie, estimés à 50 mille ingénieurs par an, les entreprises françaises se tournent vers la Tunisie et autres pays francophones similaires pour s’approvisionner en cette matière grise. On y trouve des ingénieurs francophones, bien formés et en grand nombre. Une aubaine ! D’autant que les ingénieurs tunisiens n’en demandent pas mieux et ils l’ont dit franchement à la correspondante de RFI à Tunis, auteure du rapport.

 « La Tunisie ne fait que reculer, le pays n’avance plus. Là, il se trouve qu’il y a des opportunités en France, mais j’irai n’importe où. Tout, sauf la Tunisie en fait », a déclaré un des ingénieurs tunisiens à la journaliste qui dit l’avoir rencontré, avec un autre groupe de ses collègues, aux abords d’un buffet garni, offert à l’occasion. « Partir, c’est désormais une culture générale en Tunisie. Même nos employeurs, ici, en ont conscience, et ça les arrange parce qu’ils savent qu’ils ne peuvent pas nous payer à la hauteur d e ce que l’on veut. »

Sociétés de liaison

Des structures de liaison dont quelques unes en ligne ont été créées par des opérateurs tunisiens et d’autres nationalités pour faciliter la mise en relation entre les ingénieurs tunisiens et les recruteurs français, et européens en général.

Un site web a été lancé en juin dernier par une équipe tuniso-française en vue d’offrir du télétravail aux ingénieurs tunisiens à partir de la Tunisie pour le compte d’employeurs européens.

Le rapport de RFI parle d’un opérateur tunisien qui a dit avoir placé plus d’un millier d’ingénieurs tunisiens dans une cinquantaine d’entreprises partenaires.

D’après son témoignage, les clients français et européens qui s’adressent à sa société font des demandes de dix ingénieurs et plus. Il y aurait un client qui lui aurait demandé un millier d’ingénieurs tunisiens. Les spécialités informatiques sont particulièrement sollicitées.

Les études et les rapports de presse tunisiens concernant cet exode des cerveaux tunisiens particulièrement les ingénieurs et les médecins ne se comptent pas

Selon des déclarations récentes attribuées au président du Conseil de l’ordre des ingénieurs, Kamel Sahnoun, sur les 8500 ingénieurs formés annuellement en Tunisie, par les diverses Ecoles d’ingénieurs, 6500 quittent le pays.

L’Observatoire national de l’émigration a même réalisé une étude sur « la migration des tunisiens hautement qualifiés ».

La formation d’un ingénieur tunisien (le baccalauréat + cinq ans d’études d’ingénieur supérieures) coûte plus de 100 mille dinars à l’Etat tunisien.

Le problème et les enjeux qui l’entourent sont, donc, très bien connus en Tunisie autant par  les autorités que par l’opinion publique.

Aspects positifs

Au vu de la conjoncture que vit la Tunisie, beaucoup estiment que cette migration des Tunisiens hautement qualifiées revêt des aspects positifs. Les ingénieurs et autres compétences trouvent ainsi des emplois satisfaisants, à divers niveaux. La Tunisie dispose depuis très longtemps d’une agence technique officielle qui envoie des coopérants tunisiens à l’étranger de sorte que ce recrutement privé des ingénieurs et autres compétences  tunisiens n’est pas une innovation à craindre.

Puis, une part des ingénieurs et autres compétences retournent au pays, après cette expérience européenne enrichissante, tandis qu’un bon nombre de spécialistes, comme les scientifiques et les professeurs universitaires, tout en résidant à l’étranger, profitent de leur position pour œuvrer au développement de la coopération scientifique entre la partie tunisienne et les parties européennes.

S.B.H

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