AccueilLa UNEBranle-bas chez les concessionnaires, heureux et inquiets à la fois

Branle-bas chez les concessionnaires, heureux et inquiets à la fois

Les professionnels de l’automobile en Tunisie ne s’y attendaient pas, mais sont certainement, à la fois heureux de cette décision et inquiets de ses suites. Abrogation, hier 13 décembre 2022,  lors d’un CIM présidé par Ahmed Hachani, de l’arrêté ministériel en date du 22 juin 2016 portant sur les autorisations accordées aux concessionnaires automobiles.

Une décision, qui soit dit en passant, n’est pas pour déplaire aux 25 concessionnaires automobiles installés en Tunisie pour 55 marques, dans un marché de plus de 50 mille immatriculations, où les marques automobiles européennes perdent de plus en plus pied, rattrapées et même dépassées par les asiatiques, où Hyundai coiffait en 2023 tout le monde au poteau (6.182 véhicules vendus à fin novembre dernier).


–    Les concessionnaires applaudissent, et les employés du montage, moins certainement

Pour la petite histoire de cette décision gouvernementale, l’hégémonie des marques européennes avait prévalu jusqu’à 2010. Les marques asiatiques n’avaient alors droit de cité dans le marché tunisien que sous forme de Pickups ou de 4×4. Après 2011, les concessionnaires font pression et arrivent à plus ou moins ouvrir le marché de l’importation des voitures VP et VU à tous ceux qui ont des concessions automobiles en règle. Et le marché enregistrait alors l’entrée de différentes marques chinoises de tout acabit.

En juin 2016, et on ne sait suite à quel conseil ni pour quelle raison l’Administration tunisienne referme le marché de l’automobile, mit fin à l’autorisation de nouveaux concessionnaires, et décida que toute nouvelle marque de véhicule automobile désireuse de présence commerciale en Tunisie doit le faire par des marques qui acceptent de faire montage par des industriels tunisiens.
Or, l’activité de montage automobile s’avère plus coûteuse, rien que par les coûts d’importation des CKD (Complete Knock Down, terme qui désigne l’ensemble des pièces détachées nécessaires pour assembler complètement un véhicule).

L’Administration tunisienne finit par s’en rendre compte, et mit fin à cette obligation, en abrogeant l’arrêté ministériel de juin 2016, objet du dernier CIM présidé mercredi par Ahmed Hachani, que le microcosme tunisien des concessionnaires applaudit des deux mains. A notre avis pourtant, cette décision risque désormais de tuer les industries de montage automobile que le public tunisien applaudissait pour la création d’emplois qui sont désormais menacés, et dont les entrepreneurs qui s’étaient alors engagés dans cette brèche, étaient fiers et mettaient en valeur en tant qu’investissements créateurs de valeur ajoutée.    


–    Une décision qui laisse attentiste et suscite dilemme

La joie de certains concessionnaires tunisiens qui avaient longtemps milité pour l’ouverture du marché (voir déclaration en Arabe de Brahim Dabbech pour AM à l’occasion des JES), risque cependant d’être de courte durée. Le CIM du 13 décembre 2023 avait en effet en outre, « décidé de charger le ministère du Commerce et du Développement des Exportations de la révision du cahier des charges, relatif à la commercialisation de matériels de transport routier fabriqués localement ou importés ».

Une décision, inattendue pour les concessionnaires dont la Chambre Syndicale qui se contente pour l’instant d’un demi-sourire en gardant le silence, et refuse jusque-là de commenter les décisions du CIM, inquiète de ce que le ministère de Kalthoum Ben Rjeb va faire et ce qu’il mettra dans le nouveau cahier des charges et qui attend la ministre de pied ferme en prochaine audience.
Le 1er risque de cette décision de Hachani, est de voir les industriels du montage de certaines marques asiatiques fermer leurs usines de fabrication en CKD où ils payaient 9% en droits de douane à l’importation en plus du DC (Droit de Consommation) à la vente qui varie de 20 à 110 % selon les marques, et se mettre à vendre en CBU (Completely Built-Unity) qui est plus rentable.
Or, en CKD, ils étaient hors-quotas et les importations étaient illimitées, contrairement aux concessionnaires traditionnels limités par le quota annuel qu’ils « se disputent » âprement chaque année. En CBU par contre, ils devront intégrer le système des quotas mis en place par la DG du commerce extérieur.

–    Que fera alors Kalthoum Ben Rjeb ?

La ministre du Commerce prendra-t-elle le risque d’octroyer aux anciens industriels devenus commerçants, les mêmes quotas au risque d’exploser l’importation des véhicules au grand dam de la BCT ? Ou ne leur accordera-t-elle qu’un petit quota complémentaire à leurs productions ?
Auquel cas, les industriels en CKD auront à vendre deux produits identiques à prix différents. A moins de diminuer leurs DD, pour les encourager à conserver leurs industries de montage et les emplois qui vont avec !
Gros dilemme pour un Etat qui traite les concessionnaires de rentiers, et qui est soucieux de l’état de la balance commerciale du pays et de sa balance de paiement, ainsi que de la préservationdes emplois dans un pays où le chômage est déjà de 15,8 % !
  

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