AccueilLa UNEBruits de révolte à l’Utica où le président a dépassé son mandat 

Bruits de révolte à l’Utica où le président a dépassé son mandat 

« On t’entend plus. Tu as peur ? Mais peur de qui ? C’est toi qui faisais peur avant et pas le contraire. T’étais forte, franche et efficace, tu étais notre locomotive nationale et voilà qu’on t’a muselée, bloquée, atrophiée. On t’a immobilisée parce que tu en savais trop, sur ceux qui n’auraient jamais dû te mériter. On t’a ignorée, ta fête nationale, ton grand congrès, là où tu te renouvelles et tu te ressources. On t’a immobilisée pour que certains que je ne citerai pas par dédain, se cachent derrière toi, eux et leurs histoires venues d’une autre époque », écrivait l’entrepreneur T&H Mehdi Abdelmoula dans un statut sur sa page, fb sous le titre de « Utica, mais t’es où ? ».

Et le propriétaire d’une usine de textile en maille de continuer un peu plus loin avec un « quant à toi ô grande Utica, tiens bon, tes soldats, les vrais, ne te lâcheront jamais, tu scintilleras à nouveau et tu excelleras dans le rôle qui est le tien, celui qui t’a tellement manqué, celui qu’on a voulu salir pour faire plaisir à certains qui se prenaient pour des messires. À très bientôt Utica, tu retrouveras tes forces, tes prérogatives, et tu continueras à écrire l’histoire, mais cette fois-ci, sera la juste, la belle ».

  • Que se passe-t-il chez les patrons ?

Le Post traduit, en fait, et résume le profond mal-être qui traverse l’Utica, le patronat officiel, depuis le départ de Wided Bouchammaoui, et même depuis le départ de Hédi Djilani. Un malaise né d’une situation anormale à la tête de l’unique Patronat du pays, où le mandat de l’actuel président Samir Majoul avait débuté dans une sorte de schisme entre les pour et les contre de Majoul et d’un autre candidat au même poste de président de l’Utica. Une situation où le Bureau Exécutif (BE) n’a pu tenir qu’une seule réunion depuis le dernier congrès de 2018, alors qu’il devait siéger une fois par mois, et où le Conseil national, qui devait statutairement se réunir pour mandater le BE de gérer les affaires de l’organisation, ne s’était jamais réuni depuis 2018.

Il faut aussi noter, pour comprendre ce qui se passe à l’Utica, qu’un renouvellement des structures devait avoir lieu en 2022, en prélude à un nouveau congrès national qui devait renouveler la direction de l’Utica, notamment au niveau du BE (Bureau Exécutif). Un congrès qui devait avoir lieu en janvier 2023 et qui ne s’était jamais tenu. Samir Majoul est toujours président de l’Utica, mais sans aucune décision qui rendrait cette continuation légale. Des questions se posent depuis, quant à la légalité de tout ce que dit, fait, décide et surtout signe l’actuel président de l’Utica qui a dépassé la durée de son mandat, et n’a toujours pas tenu congrès pour éventuellement se représenter.

L’Union Tunisienne de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat (Utica), centrale patronale nationale historique en Tunisie a 76 ans. Elle regroupe les structures professionnelles des différents secteurs économiques non agricoles (Industrie, Commerce, Services, Artisanat et Petits Métiers). Elle dit représenter près de 150 000 entreprises privées issues de tous secteurs d’activité, à l’exception du tourisme et des secteurs bancaire et financier. Et comme pour l’UGTT, l’Utica a le monopole de la représentativité syndicale, et compte plus de 25 000 responsables syndicaux .

Dans sa présentation, elle ne dit pas que le haut du panier des patrons tunisiens lui a toujours échappé, comme les hôteliers, les assureurs ou les banquiers qui ont préféré faire syndicat à part, ni qu’elle est de fait le patronat unique que l’Etat reconnaît comme tel, tout comme elle considère l’UGTT malgré l’existence de plusieurs autres syndicats ouvriers.

  • Une Utica désormais moins visible que sa concurrente Conect

Sur le site Internet de l’Utica, et dans la rubrique « Communiqués », on trouve 11 activités, entre 2010 et 2022 (le dernier datant de 2014). Pour le Benchmark, pour seulement 100 structures professionnelle et régionales, la Conect de Tarak Cherif affichait plus de 5000 évènements économiques, plus de 10 mille rencontres B2B à l’étranger, sans compter les avis de protestations du patronat de cette organisation parallèle à l’Utica, pourtant non reconnue représentative.

Chez le patronat reconnu, et peu connu (Qui connaît en effet le reste des 31 membres du BE, les 17 patrons de fédérations professionnelles, les 24 patrons d’UR, ou les 1700 patrons de Chambres syndicales régionales ?), ce sont surtout de « notables » régionaux qui président les structures nationales et régionales, et qui se gardent bien de protester, contre quoi que ce soit, dans un sens ou dans l’autre, pourtant dans un pays où la contestation devient le seul moyen de défendre ses droits. A plusieurs reprises, en effet, divers secteurs d’activité ont été attaqués par les médias et les politiques, et l’Utica a toujours préféré se taire.

Après quelques sorties médias, son président a presque disparu des médias et ne communique presque plus sur rien, ni pour défendre un patronat à l’image dégradée, ni pour défendre le secteur privé qui fait l’objet d’une cabale politicienne et n’a plus le pouvoir d’influer  sur les lois et les mesures, ni dans un sens, ni dans l’autre, et encore moins défendre ce que fait le secteur privé pour l’investissement et la création de l’emploi. Un secteur privé, chaque fois attaqué par le chef de tout l’Etat depuis juillet 2021 surtout.

Une organisation patronale, pas belliqueuse pour un sou, jusqu’à participer au budget de son rival l’UGTT, et très politiquement correcte dans ses réactions jusqu’à en sembler amorphe. Un patronat, dont l’envergure et l’impact socioéconomique ont beaucoup diminué depuis Hédi Djilani qui avait alors sacrifié certaines de ses bonnes affaires (comme les 35 % de Lee Cooper  International, ou Filin) pour parcourir le monde (et le mot n‘est pas fort tant les « missions économiques » à l’étranger étaient presque mensuelles et dirigées par tout un département dédié), à la recherche d’investissements étrangers, pour la Tunisie et les patrons d’une Utica qui poursuivra ensuite son ancien patron en justice, pour avoir osé laisser leurs salaires à deux employés gravement malades du cancer dans cette organisation syndicale.

Une Utica qui présidait même l’organisation patronale mondiale, et qui avait son poids dans l’ancienne Chambre des Députés, où elle parvenait chaque année à modifier grand nombre d’articles de lois de finances, et dans l’élaboration des budgets et des plans quinquennaux avec ses représentants influents dans la Chambre basse (Chambre des Conseillers) d’antan.

Un patronat qui ne réagit pas et oublie son caractère syndical, lorsqu’était piétiné le droit à la propriété par la confiscation du temps de Béji Caïed Essebssi, sans piper mot, et diabolise tous les hommes d’affaires comme le fait Kais Saïed sans que le patronat ne dénonce, ou les traite encore d’affairistes comme l’avait fait le 1er chef de gouvernement l’islamiste Hammadi Jbali, sans que l’Utica proteste.

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