AccueilLa UNEÇa pourrait bien devenir la photo de l’année 2022

Ça pourrait bien devenir la photo de l’année 2022

Elle n’est pas originale, ni l’unique du genre. Entre cette dernière image du chef de tout l’Etat tunisien recevant le patron de tout le syndicalisme tunisien le 15 janvier 202, et celle du 11 juin 2021, il y a tout de même 8 mois.

Et si l’on excepte les rencontres des deux hommes lors des condoléances présentées à Tabboubi pour le décès de son père, une vingtaine de jours avant le 25 juillet 2021, les deux leaders étaient en guerre froide. Le brandon de cette guerre était alors la crise politique et constitutionnelle. L’économie était alors le dernier souci des deux hommes, l’un pensant à son projet politique, et l’autre était soucieux de son avenir chez l’omnipotent syndicat ouvrier en Tunisie.

–          Une relation à la « je t’aime moi non plus » !

Tout au long de 2021, on ne trouvera trace sur la page fb de la présidence que de trois rencontres entre Kais Saïed et Noureddine Tabboubi (21 juin et 7 juillet), exception faite de leur vague rencontre à l’occasion de la commémoration officielle de la mort du leader syndicaliste tunisien Farhat Hached.

Il faut dire que la relation entre le syndicaliste et le chef de tout l’Etat a toujours été en dents de scie. La distance politique a toujours en effet était visible, depuis que Kais Saïed, alors seulement président de la République, avait refusé le nouveau variant du Dialogue national pour trouver une solution à la crise Saïed-Mechichi.

Les relations ont ensuite évolué au gré des développements de la crise, politique et constitutionnelle au centre de laquelle se trouve le parti islamiste tunisien Ennahdha, et au gré des positions de l’un et de l’autre des différentes composantes de cette crise. Des relations, aussi, rythmées par les déclarations des uns et des autres, Tabboubi sur le journal de l’UGTT ou lors de ses pèlerinages syndicaux à travers le pays, et Saïed par les vidéos postées sur la page fb de la présidence de la République. Saïed croyait s’être adjugé un inconditionnel soutien de la part de Tabboubi, lorsqu’il le recevait en février 2020 pour louer « les vrais patriotes, sincères et indéfectibles, qui ne changent pas de position au gré des équilibres et des alliances », comme lui. Il déchantera par la suite, et Tabboubi dira plusieurs fois non au Président.

Depuis, les seuls contacts de l’UGTT de Tabboubi avec l’Exécutif tunisien, l’étaient avec la cheffe du gouvernement Nejla Bouden, et le sujet en a toujours été, officiellement, syndical et plus précisément les négociations salariales.

–          Convergence entre politique et économie

Il semble pourtant que les positions aient commencé à bouger depuis novembre 2021. En silence, Bouden et certaines rencontres de médiation, organisées en marge de quelques évènements en Tunisie, ne seraient pas étrangères à ce changement.

Certains observateurs de la scène politique en Tunisie évoquent aussi le nom de Malek Ezzahi, actuel ministre des Affaires sociales et personnalité très proche du chef de tout l’Etat, comme étant l’une des principales clés de déverrouillage des malentendus entre Saïed et Tabboubi. Et bizarrement, ce sont l’économie et les finances, qui amèneront les deux hommes à composition.

Un premier travail, de convergence entre le politique et l’économique, aurait d’abord été fait auprès des deux hommes. Une approche, qui aurait finalement fait comprendre la gravité et l’urgence de la crise financière, pour tout le pays. Une acuité, qui rend indispensable, sinon inévitable, le recours au plus grand des bailleurs de fonds qu’est le FMI.

Rappelons, à ce propos, qu’au nom de la souveraineté nationale dans un pays plus qu’endetté, les deux hommes avaient toujours refusé, et au moins fortement critiqué le recours au FMI. Rappelons aussi que ce dernier a toujours exigé un plan de réformes économiques, qui bénéficie de l’accord de toutes les parties. Dès le 4 janvier 2022, Noureddine Tabboubi évoquait comme un constat indiscutable le fait que « l’Etat est en mal d’honorer ses engagements concernant les accords signés avec l’UGTT ».

–          Après la « paix des braves », la trêve ?

Manifestement, l’UGTT enterrait ainsi la hache de guerre politicienne avec l’Exécutif, et se rangeait définitivement du côté de l’économie. De son côté, Kais Saïed recevait 11 jours plus tard Noureddine Tabboubi « après une longue absence » comme il le lui fait remarquer. Suivra une longue tirade de 11 minutes, en flirt avec le syndicalisme et l’UGTT, et reparlait de nouveau de dialogue. « Nous acceptons la discussion avec toutes les parties, sauf les voleurs d’entre elles, qui sont prêtes à la négociation pour la construction d’une nouvelle Histoire pour la Tunisie », disait Saïed à Tabboubi qu’il appelait « frère secrétaire général » en signant une courbette de la tête en guise de respect.

Au même moment, la caméra zoomait sur le visage d’un Tabboubi, qui baissait les yeux sous son masque, en guise de remerciement qui pourrait signifier une trêve politique sous le poids des pressions économiques. Des observateurs de ces derniers développements évoquent désormais une forte probabilité que les deux parties focalisent désormais sur la sortie de la crise financière et budgétaire, et n’excluent pas un accord UGTT-Gouvernement sur une trêve sociale, qui faciliterait l’accès à l’aide du FMI et aux marchés internationaux que l’aide bilatérale n’a pas réussi à remplacer.

C’est à cette aune que la photo de la rencontre Saïed-Tabboubi, après presque 8 mois de guerre froide, pourrait être la photo de l’année 2022 !

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