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Ce qu’attend la Tunisie du FMI, et ce qu’elle propose pour y arriver

Le gouvernement tunisien a donc finalement sollicité le FMI pour un nouveau programme à l’appui de son programme de réformes, et la DG Kristalina Georgieva y a répondu quatre jours plus tard, pour marquer son « intérêt » envers cette demande.

Pour la DG du FMI, l’objectif de cette assistance, lorsqu’elle viendra sera double. D’abord stabiliser l’économie, et ensuite atteindre une croissance durable.  

Cette concordance de vues manifeste entre le chef du gouvernement tunisien et la DG du FMI, est de bon augure  pour l’issue de la demande d’appui financier de la Tunisie. Et Kristalina Georgieva le confirme en dépêchant déjà une équipe à l’effet d’entamer des entretiens techniques avec la Tunisie, et certifie que le « FMI est, et restera un partenaire fiable de la Tunisie ». Des thèmes que nous retrouvons dans le draft du programme que présentera l’équipe de négociation devant le FMI. Une équipe, qui se prépare à aller négocier un propre programme tunisien à Washington, et qui sera très probablement rejointe  dès le 3 mai 2021 par le chef du gouvernement Hichem Mechichi à Washington aussi.

  • « Un programme de réformes à financer plus qu’un crédit à décaisser »

Officiellement, le gouvernement tunisien voudrait discuter avec le FMI d’un programme de réformes à financier davantage que du montant d’un crédit à octroyer. Pour l’instant, nous dit un conseiller du chef du gouvernement, l’objectif primordial est plus un accord du FMI qui faciliterait l’accès de la Tunisie aux marchés financiers internationaux et diminuerait le coût des prochaines sorties pour des crédits que de ramener directement le chèque du FMI. Ce dernier, du moins le 1er versement de cette aide financière demandée par la Tunisie du FMI, et dont on ne connaît pas encore le montant exact, ne devrait pas avoir lieu avant juillet prochain. Avant, il faudra attendre la réunion du conseil d’administration du FMI en juin prochain, et ensuite les réunions techniques conjointes dont parlait la DG d FMI dans sa lettre à Mechichi. On comprendra alors que le gouvernement fera, entretemps, et si les choses se passent bien à Washington, une prochaine sortie sur les marchés financiers internationaux.

Le tout dépendra de l’acceptation ou non du programme des réformes que présentera le gouvernement et son chef. Un programme que nous avions commencé à décrypter avec Abdessalem Abbassi, conseiller du chef du gouvernement. Ce dernier nous parlait du nouveau système de compensation des prix que compte mettre en place le gouvernement Mechichi. Un système qui a vocation compenser les revenus, via une plateforme où tout inscrit aura, dans un premier temps, droit à la compensation de manière automatique. Le vrai ciblage des personnes les plus vulnérables, véritables ayants droit de la compensation, se fera dans une seconde étape, « sur la base d’un seuil de revenus à déterminer, et sur présentation obligatoire de la déclaration des revenus », précise Abbassi à Africanmanager.

  • Des packages à proposer aux fonctionnaires

Le 4ème axe du programme tunisien à présenter fin du mois au FMI, devrait être celui de la « remobilisation et optimisation du rôle de la fonction publique ». On le remarque, comme pour les précédents axes de réformes, le gouvernement Mechichi évite toujours de dire les choses de manière frontale. « Nous parlons là de réforme de la fonction publique », non de la réduction de la masse salariale publique, précise notre interlocuteur. Et lorsque nous lui rappelons que le ratio nombre de fonctionnaires par population en Tunisie est généralement jugé très élevé, il répond qu’il est encore plus élevé dans d’autres économies comparables. On comprend alors que réformer ne voudra pas dire, pour le gouvernement Mechichi, dégraisser la fonction publique, mais plutôt encourager le fonctionnaire à faire le saut vers l’auto-entrepreneuriat et le passage au secteur privé. « On pourrait ainsi assurer au fonctionnaire qui voudrait monter sa propre affaire une part de son salaire et ses cotisations sociales », précise Abdessalem Abbassi, qui évoque un certain nombre de packages qui seront présentés, comme « une réduction du temps de travail du fonctionnaire, pour s’adonner à ses loisirs, genre travailler volontairement 4 jours par semaine, contre une réduction de 20 % de son salaire ».

  • 15 mille des fonctionnaires du MF, ne seront plus supportés par le Budget

Le 5ème axe du programme des réformes de Hichem Mechichi, pour amadouer le FMI et l’amener à de meilleurs sentiments à l’égard de la Tunisie, sera celui des entreprises publiques. « Nous avons déjà, pour cela, annoncé notre volonté d’activer le FREP (Fonds de restructuration des entreprises publiques), et que nous allons créer l’APE (Agence des participations de l’Etat) qui traitera la question de la gouvernance des entreprises publiques ». Le conseiller de Mechichi a encore rappelé, pour Africanmanager, la volonté de vendre les participations minoritaires de l’Etat « telles  que la BTE, la TSB ou la BTK » lance-t-il, en prenant soin de préciser que l’Etat gardera les entreprises stratégiques. Et ce seront les revenus de ces futures cessions qui financeront le FREP.

Interrogé par Africanmanager sur la question de la masse salariale de la fonction publique, plusieurs fois jugée énorme par le FMI, Abdessalem Abbassi indique que « on peut réduire ce ratio, en créant plus de richesses et une plus importante croissance économique ». Le gouvernement compte aussi sur la création de l’ARI (Agence de recouvrement de l’impôt), pour déclasser, par reconversion, au moins 15 mille de ses futurs agents, à récupérer chez plusieurs directions fiscales, de la fonction publique et dont les salaires ne seront plus supportés directement par le budget de l’Etat, mais par une partie des recettes additionnelles de l’ARI. Le Conseiller évalue ainsi l’impact de cette solution par une baisse de 2 à 3 % du ratio de la masse salaire qui ne serait plus que de 14,5 % du PIB.

Le dernier autre axe des réformes que l’équipe de négociation tunisienne qui se déplacera fin de ce mois à Washington, essaiera de vendre au FMI pour les financer, sera la « stimulation de l’investissement et la relance économique ».

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