AccueilLa UNEChicanier, pourtant, Saïed marque des points contre Mechichi

Chicanier, pourtant, Saïed marque des points contre Mechichi

C’est une image ubuesque d’un autre âge, presque salafiste, que donnait lundi dernier le chef de l’Etat tunisien. A l’ère du numérique, de la 5G, des mails cryptés et des routes intelligentes, c’est sur un parchemin (en fait, une feuille d’en-tête presque grossièrement déchirée), écrite en calligraphie Koufie (Une des plus ancienne du monde arabe) difficile à déchiffrer à moins de recourir (paradoxalement) à un ordinateur, que Kais Saïed réitérait à Hichem Mechichi son refus d’approuver son dernier remaniement. Un peu plus tard, et dans une scène surréaliste qui rappelle Soliman le magnifique dit aussi Soliman le législateur (سليمان القانوني), filmée et mise en ligne sur la page de la Présidence sur les réseaux sociaux, apparaissait un chef de l’Etat donnant un parchemin enrôlé d’un ruban rouge au factotum de Carthage et lui ordonnant, dans un langage tout aussi Koufi, d’aller le livrer à qui de droit et de ne revenir qu’avec le récépissé de bonne réception. Et finalement, un président sur lequel la Tunisie peut compter pour entrer dans l’ère numérique, pourrait-on dire sans risque de se tromper !

  • « Tu connaissais les noms et les faits reprochés », dit Saïed qui marque des points

Sinon, et en nettement moins rigolo et ridicule (Ndlr : aux dernières nouvelles tunisiennes, il ne tue plus), dans cette guerre troyenne des trois présidences, le chef de l’Etat a marqué des points  contre  Hichem Mechichi.

Ce dernier a toujours dit ne pas être au courant des noms des trois ministres récusés par le chef de l’Etat, ni des accusations dont ils feraient l’objet. Dans sa lettre, le « Soliman le législateur » tunisien accuserait presque son chef de gouvernement de mensonge et de cachoterie, voire même  de complicité. « Quant aux noms d’un certain nombre de ministres proposés, vous n’ignorez certainement pas leurs identités, et je vous en ai informé directement sur la base des rapports de l’Instance nationale de lutte contre la corruption. Quant aux faits qui leur sont reprochés et à ceux qui se cachent derrière eux, vous ne pouvez pas non plus les ignorer, et vous avez aussi, à ce propos, le détail des détails. Et quiconque veut l’ignorer alors qu’il le sait ou cherche à le minimiser, ses objectifs sont connus, et ses intentions devenues publiques ». Et vlan ! Mechichi connaissait donc tout et en avait eu les preuves, alors que ses proches disent n’avoir jamais reçu de rapport de la part de l’INLUCC à leur propos. Cachoterie simplette, ou cachoterie de complice ? « L’histoire est ridicule et il n’y a rien de bon en elle si elle se répète, car cela indique qu’elle n’a pas su apprendre aux gens de se réformer », disait encore Kais Saïed en moralisateur !

  • « Ce n’est pas moi qui empêche le bon fonctionnement de l’Etat ; c’est toi »

En réponse à l’allégation selon laquelle ne pas nommer de nouveaux membres au gouvernement et ne pas fixer de date pour prêter le serment, perturbant ainsi le fonctionnement normal du service public, « cet argument est contre-productif, parce que les institutions de l’État fonctionnent. Et si certaines d’entre elles trébuchent, c’est plutôt le résultat de tentatives désespérées et continues pour les instrumentaliser au profit de certaines parties. Ceci, en plus de l’insistance à suivre les mêmes politiques qui ont conduit à l’explosion révolutionnaire sans précédent en Tunisie fin décembre 2010 ». Et dans son accusation indirecte au chef du gouvernement d’être à l’origine du mauvais fonctionnement du service public, le chef de l’Etat lui cite l’exemple de différents ministres qu’il avait empêchés de nommer leurs chefs de cabinet. Et on connaît tous l’importance de ce poste dans les ministères.

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