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Chronique d’une année de braise en Tunisie : Les nouveaux «Maccarthistes» en action !

Petit rappel historique : 

«Le maccarthysme ou maccarthisme (McCarthyism en anglais) est un épisode de l’histoire américaine, connu également sous le nom de « Peur Rouge » (Red Scare) et qualifié fréquemment de chasse aux sorcières (witch hunts). Il s’étend de 1950, avec l’apparition du Sénateur Joseph McCarthy sur le devant de la scène politique américaine, à 1954. Pendant deux ans (1953-1954), la commission présidée par McCarthy traqua d’éventuels agents, militants ou sympathisants communistes aux États-Unis dans une ambiance anticommuniste. Dans un sens plus large, l’expression désigne l’ensemble des investigations et de la répression menées par des commissions parlementaires américaines à propos des communistes, leurs sympathisants ou supposés tels, englobant ainsi celles menées par la HUAC (House Committee on Un-American Activities) à partir de 1946» écrit Wikipedia. 

Rappel factuel tunisien : 

Sitôt la Révolution tunisienne terminée et en guise de fête, des voix s’élèvent contre tous ceux qui étaient dans l’ancien parti au pouvoir en Tunisie, l’ex-RCD, demandant leur bannissement de toute activité politique. Mohamed Ghannouchi, premier Premier ministre tunisien de l’après 14 janvier 2011, finira par accéder à la demande de la rue, dissout le RCD et interdit à ses membres de se présenter aux élections de la Constituante. La Tunisie avait évité le lynchage de justesse, mais ne semblait pas vouloir s’arrêter à ce stade.

Une haute instance de protection des objectifs de la Révolution se constitue et se ramifie dans les régions de la Tunisie, s’imposant en Parlement, votant les lois transformées en décrets-lois que signait le Président par intérim, alors que des voix s’élèvent remettant en cause toute cette panoplie de lois édictées par une instance consultative et qui n’a pas encore la légitimité des urnes.

Presque toute la famille des Trabelsi (gendres de l’ancien chef d’Etat tunisien) sont mis au frais dans des bâtiments militaires à El Aouina (Faubourg de Tunis), des tribunaux s’organisent à la hâte pour les «juger». On ne leur trouve, jusqu’à présent, que des contraventions douanières et des affaires de drogue. Le premier cercle de pouvoir autour de l’ancien président tunisien est aussi mis aux arrêts sans jugement depuis presque 8 mois. Une Commission d’investigation dans les affaires de corruption, est érigée en HUAC, auditionne à tout-va d’anciens ministres et des hommes d’affaires et remet des dossiers, de plus en plus contestés, à la justice qui ne les passe jusqu’à présent pas tous. Une Commission de confiscation est créée qui met la main sur tout patrimoine appartenant aux membres des deux familles de l’ancien président (Trabelsi & Ben Ali) et s’empresse de nommer des administrateurs judiciaires et des mandataires de justice pour administrer plus de 300 entreprises confisquées. Deux anciens ministres sont auditionnés par le juge d’instruction. Dès qu’ils sont mis en liberté, le tout Tunis, surtout des avocats, se remet en ébullition et la machine de la justice révolutionnaire se remet en route. Oubliant toujours en détention les hommes du premier cercle de Ben Ali, un homme d’affaires est derrière les barreaux sans être encore jugé malgré la pression de ses employés. Un autre est accusé alors que des audits de son ancienne organisation le disculpent. Des PDG et d’anciens banquiers se retrouvent devant les juges pour avoir accordé des crédits à des taux avantageux et d’avoir consenti   des abandons de dettes à des clients devenus complètement insolvables. D’anciens ministres et responsables sont auditionnés ou écroués pour avoir accordé des biens ou des services sur décisions écrites de l’ancien président à ses proches. Des dossiers d’usage d’autorité sont montés pour des gens ordinaires pour avoir été des proches ou parents d’anciens ministres. Si tout cela ne ressemble pas à du maccarthisme, c’est à s’y tromper !

Indéniablement, les nouveaux maccarthystes tunisiens sont à l’œuvre et refusent encore la réconciliation qui permettra au pays et à l’économie de se remettre en marche. Ces maccarthistes veulent voir tomber des têtes. A défaut de Ben Ali en fuite, seul responsable politique et économique de tous les dérapages (mauvaises privatisations, octrois d’avantages, cessions de terrains etc.), la justice révolutionnaire cherche à rééditer la méthode américaine avec Al Capone (ce dernier est tombé et écroué en prison grâce à une toute petite fraude fiscale multipliée).

Des questions se posent. Que gagnerait la Tunisie et sa justice de la Révolution à faire écrouler le tissu économique comme un château de cartes, en mettant en prison ses chefs d’entreprises ? Signataire de l’accord de libre-échange et de multiples autres accords internationaux, la Tunisie pourra-t-elle vraiment se permettre de remettre la nationalisation au goût du jour ? Combien gagnerait cette Tunisie qui a de plus en plus besoin d’argent et risque de s’embourber dans la dette, à adopter une justice transactionnelle avec tous ceux qui auraient eu des biens mal-acquis ? 

La sanction financière pourrait être le début de la réconciliation nationale !

K. Boumiza.

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