AccueilLa UNEChronique d’une saison de grèves…Où va l’UGTT ?

Chronique d’une saison de grèves…Où va l’UGTT ?

Grèves battantes, l’UGTT entame dans ses propres coulisses les préparatifs à son prochain congrès où les plus durs pourront certainement rempiler. La centrale syndicale n’en finit ainsi pas de laisser se fomenter grèves et sit-in, participant ainsi à empêcher l’économie tunisienne de se remettre sur pieds.
Jeudi dernier, le quotidien « Achourouk » faisait état du 3ème jour de sit-in dans la Société régionale de transport Nabeul. Et alors qu’elle rapportait aussi la grève de la faim de nombre d’enseignants dont le chômage durait depuis plus de 10 ans, les grévistes de Nabeul, demandaient  plus de salaires et d’avantages matériels. Le même journal rapportait la fermeture de l’usine de ciment de Gabès offrant 500  emplois, une fermeture sur fond de chantage à la grève,  après que les propriétaires espagnols ont pourtant  accepté, dans un premier temps, d’y accéder.Excédés par les grèves à répétition et les sit-in empêchant les employés de travailler, arrêtant les deux fours et empêchant les livraisons, l’entreprise espagnole a fini par fermer, mardi 29 mars 2011, l’entreprise.  Une fermeture pendant 12 jours occasionnant un manque à gagner de quelque 700 mille DT par jour. Le même quotidien en langue arabe signalait un sit-in des ouvriers de Promogros à Sfax. Les employés de cette entreprise profitaient de la Révolution pour demander la réintégration d’employés renvoyés et, bien sûr, des augmentations.

Et alors que tous les secteurs économiques dépendant de la téléphonie et de l’Internet attendent avec la peur au ventre la grève annoncée des agents de Tunisie Télécom pour les 13 et 14 avril de cette année, les employés de Dar Ismaïl de l’homme d’affaires Youssef Mimouni, font encore sit-in après que le propriétaire a fermé l’hôtel à Tabarka, et il était accompagné par Valtour dans la même ville, menaçant de grève de  la faim, selon Achourouk. Cela au moment même où la Tunisie venait juste de perdre 4500 emplois des suites de la fermeture de JAL sur fond des violences dont avait fait l’objet l’investisseur étranger.

Devant tout cela, la centrale syndicale ouvrière semble dépassée par ses troupes et  baisser les bras face à une base devenue incontrôlable. Ancien secrétaire général adjoint de l’UGTT, Abdennour Maddahi, confirme dans une chronique publiée par le quotidien Achourouk ce sentiment. «Il est désormais clair que le fossé entre la direction et la base s’est creusé », dit Maddahi qui accuse l’actuelle direction de l’UGTT d’avoir été «à la solde de l’ancien régime (…) qui l’a créée pour justifier ses positions  (…) et pour être son instrument à exclure et à emprisonner ceux parmi les syndicalistes » qui avaient des avis contraires.
L’ancien SG adjoint  ajoute  que «la base syndicale est loin des calculs de la direction qui ne reconnait plus les causes de son existence, sa conjoncture et ses composantes et poursuit des buts politiques ». Et l’ancien SG  adjoint de préciser, en connaisseur des arcanes de la centrale syndicale, que la direction a «oublié ce qu’endure la base des travailleurs en difficultés, en fermetures d’entreprises, en licenciements, en marché noir, en augmentations de prix et en blocage des horizons devant les chômeurs et en démissions à l’intérieur [de l’UGTT] ». Il rappelle ainsi à la centrale syndicale son environnement économique dont elle semble ainsi oublier les urgences.

Ce sentiment d’une dérive politique de l’UGTT se confirmerait presque par les informations rapportées par Soufiene Lassoued, journaliste à Achourouk, spécialiste des questions syndicales,  dimanche, dans sa rubrique, «les secrets de la place Mohamed Ali », siège de l’UGTT. Le journaliste évoque ainsi  «le renvoi de 4 syndicalistes à Bizerte» ou encore cette information relative à «certaines figures syndicales dans certains secteurs et unions régionales qui ont annoncé leurs appartenance à certains partis constitués après le 14 janvier ». Une autre figure syndicale, par ailleurs actuellement SG adjoint de l’UGTT, préparerait la constitution d’un parti ouvrier.

La dérive politique semble donc réelle, alimentée par les prises de position et les déclarations d’un proche d’Abdessalem Jrad, SG de l’UGTT et par  certains communiqués de la Commission administrative de la centrale syndicale apostrophant à plusieurs reprises le gouvernement et le mettant en demeure de prendre son avis sur plus d’une décision, normalement à caractère politique. Une dérive qui a éloigné la base de sa direction, plus préoccupée par le politique que par l’économique, ne prenant jamais position contre les grèves et les mouvements sociaux de la base de peur de la trouver en face d’elle, lors du prochain congrès de l’UGTT, prévu dans un mois.

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