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Comment se présente l’avenir d’Ennahdha?

La crise actuelle que vit le pays et qui se rapporte à la légitimité, et aux prochaines échéances de la période transitoire, semble s’acheminer vers un dénouement. Sous l’effet d’une mobilisation qui monte chaque jour d’un cran et l’adhésion de toutes les forces vives aux propositions avancées par l’opposition , Ennahdha , complètement isolée , n’a plus d’autre issue que d’admettre ce qu’elle refusait de discuter il y a quelques jours .

Mais l’essentiel ne réside pas tant dans l’issue de cette crise que dans les orientations stratégiques futures qui garantiraient la réussite de la période transitoire.

Un des obstacles à cette réussite est l’attachement d’Ennahdha à une hégémonie politique qui ne correspond pas à son poids réel, et à des convictions qui ne concordent pas avec le crédo démocratique en cette période transitoire.

Ennahdha revendique, donc, un statut qui n’est plus le sien, du fait de l’usure du pouvoir et du double langage utilisé à tout bout de champ. Ces deux éléments ont fait perdre au parti islamiste une large frange de l’opinion publique qui a fini par comprendre qu’elle était trompée par des gens qui cultivaient l’image de militants compétents , justes et droits .

Pour réussir cette 3ème phase de la période transitoire, Il faut amener Ennahdha, non seulement à céder le pouvoir mais à revenir à son poids réel de force politique parmi d’autres, et à se préparer à évoluer comme parti d’opposition ou comme un simple partenaire d’une large coalition . Ce nouveau statut rompt avec l’esprit qui a dicté à Ennahdha la double mission de faire aboutir les objectifs de la révolution, et de donner à l’Etat et à la société un contenu civilisationnel qu’ils auraient perdu depuis l’indépendance ,selon la thèse officielle de l’islam politique .

Un tel accommodement, il faut le reconnaitre, n’est pas facile à vivre .Et on a vu les partis uniques ou hégémoniques dans le tiers-monde, ou dans les pays communistes résister à de tels revirements, même lorsqu’une partie de leurs dirigeants parviennent à reconnaître les nouvelles réalités des pays concernés. En Tunisie, le Néo-destour , le PSD et puis le RCD se sont attachés à leur statut de parti dominant jusqu’au 14 janvier 2011 . Les partis communistes des pays de l’Est après la chute du mur de Berlin, ont vécu les bouleversements qui leur ont fait perdre le pouvoir comme un drame, et les ont poussés à des révisions déchirantes . De ce fait, il faut s’attendre à ce qu’Ennahdha vive, comme un drame, cet épilogue annoncé.

Les révisions qui s’imposent, après cette crise, sont une affaire interne au parti islamiste, qui ne devrait intéresser que ses militants et cadres ; et l’aboutissement des débats internes les concerneraient eux seuls. Mais il nous est permis de dire que ces résultats ne peuvent être conformes aux attentes de la société tunisienne que si le parti islamiste vient à bout de la ligne du Cheikh Rached (l’équivalent local de la ligne de l’Imam Khomeiny au début de la révolution iranienne , ou de la ligne du Morched suprême en Egypte).

Déjà en juillet 2012, lors du 9ème congrès d’Ennahdha , les observateurs avaient remarqué que les débats internes préfiguraient une défaite de cette ligne rendue responsable de tous les méfaits et travers dont a souffert l’islam politique, durant les 4 dernières décennies . Seule une manœuvre de la part des tenants de cette ligne, suggérant le report des discussions sur les sujets litigieux à un nouveau congrès qui se tiendrait en 2014, leur a donné une nouvelle vie.

Cette manœuvre qui avait pour objectif de contourner la contestation au sein du parti islamiste, voulait passer pour un modus vivendi garantissant l’unité du mouvement pour les prochaines élections qui devraient avoir lieu avant ce rendez-vous.

Les thèses actuelles des tenants de la ligne de Rached Ghannouchi prônent, en fait, que leur parti incarne la légitimité, que leur projet est approprié à la Tunisie, et que toute critique envers ce parti ou velléité de l’écarter du pouvoir relèverait d’une conspiration internationale à travers un coup d’Etat visant à usurper la révolution tunisienne et à tourner le dos à la démocratie.

A la question : y a-t-il une place à Ennahdha, à l’avenir, sur l’échiquier politique national ? , la réponse est oui. Mais la place qui devrait être la sienne dépendra de sa capacité d’adaptation aux nouvelles réalités. De ce fait , les forces démocratiques qui œuvrent actuellement à faire admettre au parti islamiste ces nouvelles réalités , les enjeux de la révolution tunisienne , et les attentes populaires que semblent ignorer les tenants de cette ligne , doivent savoir que l’issue de la crise actuelle, est une chose importante ,mais , ce qui est encore plus important, c’est de faire aboutir la période transitoire , et y intégrer ,nécessairement , l’islam politique .

Aboussaoud Hmidi

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