AccueilLa UNECommerce de détail : Bataille rangée entre petits et grands

Commerce de détail : Bataille rangée entre petits et grands

Est-ce que l’orientation des autorités d’arrêter l’octroi d’autorisations pour l’implantation de nouvelles grandes surfaces de distribution commerciale, ou la pulsion d’investir dans la plus vieille activité économique humaine, qui est à l’origine du regain connu par les petits commerces de détail ou épiceries en Tunisie ?

Une étude récente réalisée par le ministère du Commerce et du développement des exportations concernant l’actualisation de la carte des Grandes Surfaces de distribution couvrant plus de 1500 mètres carrés, a abouti à la conclusion que le marché tunisien ne peut plus supporter l’installation de nouveaux projets du genre jusqu’à 2030, en raison de la raréfaction des endroits susceptibles de les accueillir, notamment dans le Grand Tunis et les alentours.

Dans la nouvelle carte prévue pour l’après 2030, l’octroi des autorisations ciblerait l’implantation dans les régions intérieures à fort potentiel de consommation.

Entretemps, certains projets sont prévus, dont 4 en cours de réalisation et les autres attendent d’accomplir les formalités nécessaires. Les régions d’implantation sont les gouvernorats de Nabeul, Sfax, la zone de Gammarth, dans la banlieue nord de la capitale Tunis dans le cadre du projet « la Cigale », parallèlement à un autre projet à Kélibia.

La part de la grande distribution dans le commerce de détail en Tunisie qui n’était que 5% en 1999 est passée aujourd’hui à 21% et devra grimper à 25% en 2030.

Actuellement, la grande distribution compte quelques 900 points de vente, répartis sur l’ensemble du territoire tunisien (Monoprix, Magasin général, Carrefour, Géant, Aziza et autres enseignes), contre quelques 293 mille petits commerces ou épiceries.

Cette expansion fulgurante des Grandes Surfaces de distribution en commerce de détais a profondément marqué aussi bien les habitudes des consommateurs tunisiens que le paysage commercial national dans son ensemble, notamment au niveau des petits commerçants et épiciers.

Pratiquement noyés par ce déferlement inattendu de la grande distribution, les petits commerçants et épiciers, pourchassés jusqu’à leur dernier carré de résistance, la proximité et la clientèle des quartiers, ont commencé à relever la tête, gagnant même des points.

Amorcée sous divers aspects, la percée a été favorisée par la pandémie de coronavirus et les mesures de confinement qui l’avaient accompagnée en 2020 et 2021.

Pertes de 50 millions dinars

Selon les données fournies, dernièrement, par la Chambre nationale des grandes surfaces de distribution à des médias tunisiens (journal Assabah du mercredi 8 mars, entre autres), les hypermarchés et supermarchés en Tunisie auraient enregistré, durant cette période de pandémie, des pertes de l’ordre de 50 millions dinars.

Les petits commerçants et épiciers, situés à proximité plus directe des consommateurs, n’ont pas été autant touchés.

Des chiffres du ministère du Commerce et du développement des exportations signalent autant un accroissement du nombre des épiciers que celui de leurs clients.

Estimés à 242 mille en 2015, le nombre des petits commerçants est passé en ce moment à environ 293 mille.

L’accroissement de leur clientèle est regardé comme un signe du recouvrement de la confiance des consommateurs qui les avaient un temps boudés en faveur des offres plus séduisantes des Grandes Surfaces de distribution.

Au même moment, ces petits établissements ont cherché à changer de look, et à se moderniser sous l’aspect attractif de « superettes ». Un adage tunisien recommande de faire comme son voisin ou de fermer la porte de sa maison.

Impact sur le consommateur

Cette bataille en coulisse entre grands et petits de la distribution commerciale en Tunisie devrait servir, en principe, les intérêts du consommateur, s’agissant d’une concurrence que les grands partisans du libéralisme regardent comme étant le meilleur outil pour réguler le ravitaillement du marché en divers produits à des prix obéissant à la règle de l’offre et de la demande.

Or, selon la majorité des commentateurs, il n’en est rien. Des citoyens se plaignent de certains petits commerçants qui, en ces derniers temps de pénuries et de ravitaillement parcimonieux des points de vente,  privilégient leurs clients les plus fidèles pour leur vendre les produits manquants.

Ils n’utilisent pas de caisses enregistreuses et ne délivrent pas de factures, ce qui est un grand défaut de transparence, menant à toutes les dérives.

Les prix qu’ils pratiquent ne diffèrent pas, non plus, des prix appliqués par les Grandes Surfaces de distribution, devenues de véritables leaders en matière de fixation des prix libres notamment, c’est-à-dire que tous les points de vente, y compris les marchands de légumes et fruits, alignent leurs prix sur ceux pratiqués par les Grandes Surfaces de distribution.

Aussi, les Organisations de défense du consommateur en Tunisie se plaignent de l’inexistence d’une véritable concurrence commerciale dans le marché tunisien qualifié de marché faussé, à tous les niveaux.

L’Organisation tunisienne pour orienter le consommateur (OTIC) n’a pas cessé de revendiquer la révision, à la baisse, des marges bénéficiaires des Grandes Surfaces de distribution dont les actions de promotion commerciale comme les cartes de fidélité et autres techniques de marketing sont depuis longtemps dénoncées, comme étant du vent et de simples arnaques en Tunisie, et partout ailleurs, en Europe entre autres.

S.B.H 

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