AccueilLa UNEEnnahdha veut-elle neutraliser la classe moyenne ?

Ennahdha veut-elle neutraliser la classe moyenne ?

On est en train d’assister à de grandes manœuvres, qui engageraient l’avenir du pays. Un des enjeux majeurs concerne la place des forces du centre dans l’échiquier politique, à l’issue de cette période transitoire.

La Révolution Tunisienne, dont les ressorts ont été façonnés par les aspirations de l’élite à la démocratie, des régions déshéritées au développement, et de la jeunesse à la dignité et au vivre- mieux , exige , pour réussir, une harmonie entre un modèle de développement efficient et généreux , une société moderniste et égalitaire ,et des institutions démocratiques qui inspirent confiance et large adhésion .

Si l’harmonie entre l’économique, le social et le politique semble assurée par les dividendes que peut en tirer –à titre d’exemple- le développement régional en efficacité à travers la démocratie locale et participative, le problème des forces politiques qui s’adaptent le mieux à ces modèles socioéconomiques et politiques, mérite une attention particulière .

Les progrès de la Tunisie dans les domaines démographique, social économique et éducationnel, malgré leurs lacunes et insuffisances, ont rendu possible l’émergence d’une classe moyenne active, exigeante et ouverte sur l’avenir. Cette classe moyenne, qui est l’émanation d’un peuple qui aime le travail et adore la vie, s’est élargie au fil des décennies, et est devenue le symbole de cette spécificité tunisienne qui sait conjuguer ouverture, efficacité et confiance en soi .

L’émergence d’une opinion publique nationale , le combat pour les libertés publiques et individuelles , l’affirmation du statut du syndicat national (l’UGTT) dans la vie sociale et politique , le contenu progressiste des expressions artistiques dans le pays (arts plastiques , théâtre , cinéma, etc…), l’efficacité de l’entreprise économique et du service social , tout cela on le doit à cette classe moyenne . La Révolution du 14 janvier a pu se faire grâce au militantisme et au dévouement de cette classe moyenne.

Or, cette classe moyenne a fait tous ces sacrifices pour autrui, pour les laissés-pour-compte, les marginalisés et les démunis .Elle n’a jamais mis en avant ses revendications propres. Elle a peut-être fait ce choix par idéologie, ou par altruisme.

Nous croyons que le temps est venu pour réfléchir sur le statut de cette catégorie et son positionnement dans l’échiquier politique, en cette fin de période transitoire, et surtout, au cours de la période à venir.

Si on met à part les mouvements politiques qui se réclament du marxisme ouvriériste, toutes les forces politiques revendiquent leur assise dans la classe moyenne tant convoitée et mal reconnue .Les formations politiques islamistes, Ennahdha en tête, puisent le gros de leurs adhérents dans cette base sociale ,de même que les partis de centre-gauche, El-Joumhouri ,El-Massar , El-Kotb , le parti du Travail , ainsi que les partis dits destouriens (Nidaa Tounès , El –Moubadara , El-Watan , El-Moustakbal …)

Quitte à ne pas suivre en détail chaque parti individuellement, on va jauger leur représentativité de cette classe moyenne au regard de deux paramètres pertinents : le poids de chaque formation, et le programme politique et social qui devrait répondre à la vocation de cette classe moyenne et ses aspirations réelles .

Sous cet angle, et si on tient compte des sondages politiques concordants, les deux premières forces politiques sont Ennahdha d’une part et Nidaa Tounès, et les partis apparentés d’autre part. Les autres formations trouveraient leur place soit dans ce camp soit dans l’autre.

Les projets politiques étant opposés, il est légitime d’analyser la concordance entre le contenu de chacun d’eux avec les aspirations réelles de cette base sociale attachée au mieux-être et à la réalisation de soi .

De par son contenu exogène , son mode de réalisation qui intègre et justifie la violence , et son référentiel fondamentalement sectaire , le projet islamiste ne s’inscrit pas dans l’évolution historique de la classe moyenne tunisienne , qui est, par définition, rivée à son identité et à son apport spécifique , non violent et altruiste .

Malgré ces faits saillants, les vicissitudes de la situation postrévolutionnaire ont poussé les formations islamistes et Ennahdha en particulier au-devant de la scène, et leur ont donné une majorité courte, mais déterminante. Ils sont non seulement capables de faire et défaire les coalitions au présent, mais de poser les jalons de l’avenir politique du pays.

A cet égard , l’acharnement d’Ennahdha à diviser les forces centristes , en miroitant les avantages pour les uns , et en brandissant la loi de l’immunisation de la révolution pour les autres , vise un seul but : neutraliser le patrimoine bénéfique de la classe moyenne qui a été toujours génératrice de créativité , de valeur ajoutée et de prospérité dans la Tunisie nouvelle .

Aboussaoud Hmidi

- Publicité-

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Réseaux Sociaux

108,654FansJ'aime
480,852SuiveursSuivre
5,135SuiveursSuivre
624AbonnésS'abonner
- Publicité -