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Fakhfakh et Chaouachi racketteraient-ils les entreprises ? Yaïche tente de corriger le tir

Quelques faits d’abord. Il y a quelques jours encore, acculé par un manque flagrant de ressources, le chef du gouvernement tunisien, en colère de voir le début de son mandat chahuté par le fléau inattendu du Coronavirus, franchissait le Rubicon et passait carrément aux menaces, à peine voilées. « Je m’adresse plus particulièrement aux entreprises qui ont de grands moyens, pour qu’elles soient au rendez-vous, et j’espère qu’elles ne nous pousseront pas et n’obligeront pas l’Etat à prendre des mesures unilatérales plus dures ». Des menaces, aussi crues et des mots de racket qu’un chef de gouvernement ne pouvait, ne devait théoriquement pas proférer.

Elyes Fakhfakh qui venait de perdre le soutien du FMI et la possibilité d’améliorer la notation souveraine du pays qui lui ouvrirait les portes des bailleurs de fonds, a besoin d’argent. Pris de panique, il a manifestement perdu son calme et se mord la queue. On aurait pu croire que ce n’était qu’un excès de colère, pour lequel il s’excuserait. Or dès le lendemain, c’est son ministre des Affaires foncières qui enfonce le clou.

  • Chaouachi se trompe et tire sur l’ambulance

« Les hommes d’affaires ont accumulé des fortunes. Certains d’entre eux ont fait des dons. Mais c’est insuffisant. Nous voulons que l’élan de solidarité soit spontané. Mais l’Etat peut agir et les obliger à payer », avait dit Ghazi Chaouachi chez Mariem Belkadhi à « Tounes El Yawm ». On se croirait presque chez Ma Baker lorsqu’elle disait « The Money or your life ».

La couleuvre était tellement grosse que le patron des patrons Samir Majoul avait eu du mal à avaler. « Que veut-il ? Nous jeter en prison ? Il peut y aller. D’ailleurs, il y a aussi le ministre du Commerce qui a fait une autre déclaration dans ce sens sur antenne. J’appelle la BCT à publier tous les comptes et tous les états financiers en toute transparence afin qu’on arrête de criminaliser le secteur privé et pour que tout le monde puisse voir sa contribution dans l’économie nationale », avait-il ainsi dit sur un plateau TV.

On ne l’avait pourtant pas entendu prendre la défense de ces finances publiques, lorsque, sous Youssef Chahed, les professions libérales, dont notamment les avocats s’étaient rebellés contre le paiement de la TVA et avaient refusé différents moyens, tout aussi légaux, pour que le Fisc puisse contrôler leurs déclarations. Avocat de profession, Chaouachi a-t-il bien soupesé le sens de ses déclarations qui ressemblaient plus à des menaces et à une tentative de racket qu’à un appel citoyen de contribution volontaire ? Serait-il devenu criminel de faire fortune pour ceux qui n’avaient pas pu le faire à force de travail et de risque d’investissement ? Pourquoi donc cette cabale d’une certaine gauche tunisienne, dont une partie n’a pourtant rien à envier à ceux qu’elle vilipende et essaie de racketter pour un Etat, auquel beaucoup des siens n’ont rien donné sauf, peut-être, un certain militantisme ?

  • Les explications peu convaincantes du ministre des Finances

En disant cela et à notre avis, il ne faisait pourtant que confirmer que les déclarations d’Elyes Fakhfakh n’étaient pas le fait de la colère, mais l’indicateur d’une nouvelle politique de traitement du secteur privé, et surtout de comportement avec           les entreprises « qui ont les moyens ». Des moyens qui leur permettent, toutefois, de financer des projets, de créer de l’emploi, payer des salaires, et enfin s’acquitter des impôts dus à l’Etat en temps et en heure.

Des moyens financiers, que certains politiciens tiennent à considérer comme de simples richesses personnelles, les accusant d’avoir profité en cela de théoriques largesses de l’Etat. L’idée est certes fausse- tous les gouvernements le savent- mais que véhiculent les syndicats et reprennent les politiciens populistes, pour mettre la pression sur le monde des affaires lorsqu’il s’agit de demander des augmentations de salaires et autres avantages.

Jeudi 26 mars 2020 sur les ondes de RTCI (Radio publique tunisienne en langue française), le ministre des Fnances, Nizar Yaïchi, tentera de tempérer les propos de Fakhfakh. « Il ne s’adressait qu’à une petite partie, précise et particulière, de certaines entreprises qui peuvent, à notre sens, faire plus pour leur pays, en ces temps très durs », avait dit le ministre des Finances, essayant de corriger le tir du chef du gouvernement et appelant à dépasser le clivage gauche-droite. Yaïche bottera cependant en touche, lorsque le journaliste de RTCI Anis Morai lui demande que devraient donc faire les entreprises !

Or, dans cette même logique de trouver de l’argent par tous les moyens, même coercitifs, le même Ghazi Chaouachi avait essayé de relancer, dès ses premiers jours au ministère des Domaines de l’Etat, la confiscation et de l’étendre même à ceux, nombreux, auxquels la justice avait donné raison. On croit même savoir (que le chef du gouvernement et son ministre démentent officiellement si possible), que Elyes et Ghazi aurait présenté au chef de l’Etat une nouvelle liste de 13 personnes à confisquer, et Kais Saïed l’aurait refusée, recommandant de déférer ces dossiers à la justice.

  • L’argent que les politiciens ne veulent pas aller chercher

Parlant de confiscation, Ghazi Chaouachi et son patron n’ont-ils jamais entendu parler de « la Tunisie profonde », son économie propre, ses moyens colossaux, même et surtout en devises ? Certains élus le savent, pourtant, l’ont vu et y auraient même puisé. Ignorent-ils que certains trafiquants organisés en familles, cachent leurs milliards dans des piscines au Sud tunisien ? Ne connaissent-ils pas les grandes familles, du Sud tunisien aussi, qui font trafic de devises au vu et au su des autorités locales ?

Pourquoi alors ne pas aller exercer la confiscation chez ces personnes ? Et si ignorance il y a, que se cache-t-il derrière et de quoi ont-ils peur. C’est de l’argent, frais et immédiat qu’ils trouveront, et devront prendre comme l’exige la loi dont ils tirent force pour menacer les entreprises, pierre angulaire de l’investissement légal, de la création d’entreprises et d’emploi de manière formelle, tout en payant le Fisc à l’Etat ?

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