AccueilInterviewHors dynamique internationale, l’Etat s’implique très peu dans l'environnement et le climat

Hors dynamique internationale, l’Etat s’implique très peu dans l’environnement et le climat

La diplomatie environnementale assure le positionnement des pays dans le contexte international et offre à tout pays concerné, notamment, celui qui est en voie de développement, un meilleur accès aux technologies, aux pratiques et aux financements tant nécessaires à la résolution des différents problèmes environnementaux auxquels il est confronté.

En Tunisie, cette diplomatie est presque inexistante, estime le consultant international en environnement et développement durable, Samir Meddeb. Ce naturaliste de formation, qui a fait carrière notamment, dans des institutions environnementales nationales (années 90), pointe de doigt dans une interview accordée à TAP, la « faible implication de l’Etat tunisien dans les différents aspects de l’environnement ». Interview.

TAP : D’abord qu’est-ce qu’en entend par une diplomatie environnementale ?

Samir Meddeb : La diplomatie environnementale est sans aucun doute le porte-drapeau à l’étranger et auprès des institutions internationales de la position officielle d’un pays donné en matière d’environnement à l’échelle internationale et régionale avec toutes les déclinaisons à caractère national.

Cette position à multiple composantes, touchant l’ensemble des domaines de l’environnement particulièrement, ceux qui concernent directement ou indirectement le pays en question, se traduit et se matérialise dans la pratique notamment, au niveau de trois axes majeurs :

Primo, la vision du pays dans les domaines de l’environnement qui lui sont prioritaires, avec des propositions concrètes de politiques et de programmes.

Secundo, les modalités de partenariat et de coopération indispensables à établir sur le plan régional et international pour concrétiser et mettre en œuvre la vision, la politique et les programmes prioritaires du pays.

Tertio, les capacités et les aptitudes du pays en question dans la gestion des affaires environnementales, tout en mettant l’accent sur ses spécificités en la matière.

Quelles opportunités pourrait offrir une diplomatie environnementale à la Tunisie ?

Une diplomatie articulée de la sorte, doit certainement dégager avec les différents partenaires bilatéraux et multilatéraux, un ensemble d’opportunités qui seront communiquées aux départements techniques concernés pour étude, investigation et examen de leur faisabilité dans le contexte national. Un va et vient s’établira ainsi, entre le corps de diplomates en charge de ces aspects et les structures techniques concernées.

La diplomatie environnementale apparait aujourd’hui, comme une démarche indispensable dans toute politique environnementale et de développement durable d’une manière générale, du fait qu’elle assure le positionnement indispensable d’un pays donné dans le contexte international, et qu’elle offre au pays concerné, surtout lorsqu’il est en voie de développement, un meilleur accès aux technologies, aux pratiques et aux financements tant nécessaires à la résolution des différents problèmes environnementaux auxquels il est confronté.

La Tunisie dispose-t-elle aujourd’hui d’une « diplomatie environnementale  » et si non pourquoi ?

Une diplomatie analogue, globale, cohérente et continue,parait actuellement en Tunisie quasiment inexistante. Nous assistons toutefois et au gré des circonstances, à des interventions ponctuelles lors de manifestations internationales ou au moment de négociations des programmes ou projets de coopération bilatéraux ou multilatéraux.De telles pratiques et malgré certaines retombées positives, demeurent isolées n’assurant pas la durabilité et la capitalisation escomptée.

La faible implication de l’Etat tunisien dans les différents aspects de l’environnement, le manque de visibilité en matière de politique dans ce domaine et l’absence de soutien aux institutions nationales et locales en charge des problèmes environnementaux constituent actuellement, les principaux obstacles entravant le développement de toute diplomatie environnementale.

La Tunisie semble encore peu visible et pas assez « agressive » sur la scène environnementale internationale. Qu’est-ce que le pays perd en ne l’étant pas ?

Effectivement, mis à part le fait qu’une grande partie des problématiques environnementales et climatiques trouvent leurs réponses dans le national et le local, il est de plus en plus courant de s’orienter vers le régional et l’international pour identifier conjointement, et dans le cadre de partenariat, des solutions partagées aux différents défis qui se présentent aujourd’hui, globalement pour un pays donné, ou individuellement à l’échelle des entreprises ou des territoires.

La dynamique internationale présente en effet l’avantage de capitaliser les expériences, les acquis et les richesses dans différents domaines de l’environnement et du climat qu’il y a lieu d’identifier, de connaitre et de maitriser, en vue de les intégrer, de se positionner dedans et de chercher continuellement à en tirer le meilleur profit.

L’environnement dans le sens le plus large, s’internationalise aujourd’hui, il n’obéit pas aux frontières classiquement établies, il est souvent géré suivant des démarches collectives dans lesquelles chaque partie est amenée à apporter sa propre contribution.

Il est impensable aujourd’hui, qu’une partie donnée, à l’échelle d’un pays, du territoire ou de l’entreprise, s’engage dans la résolution d’une problématique environnementale ou climatique sans qu’elle ne cherche à prendre place, au-delà de ses limites, dans une dynamique globale, internationale, lui permettant de se positionner dans les mécanismes les plus novateurs et les plus prometteurs techniquement et financièrement.

Se placer aujourd’hui à l’écart et en dehors des mécanismes internationaux dans les domaines de la transition environnementale et climatique prive la partie concernée des connaissances, des pratiques et des financements tant nécessaires à la résolution des différentes problématiques auxquelles elle est exposée. Globalement, la Tunisie apparait aujourd’hui, en dehors de la dynamique internationale dans le domaine de l’environnement et du climat.

Qu’est-ce que vous recommandez en tant que consultant international au pays pour qu’il prenne en compte l’environnement comme facteur de développement ?

Les défis environnementaux ainsi que les impératifs climatiques, auxquels la Tunisie est confrontée, conditionnent de plus en plus le développement du pays dans toutes ses composantes socioéconomiques et territoriales.

La non prise en compte des différents enjeux auxquels nous sommes de plus en plus exposés, particulièrement, en matière de préservation de notre capital naturel et d’adaptation aux nouvelles conditions climatiques, entraverait sérieusement et durablement nos potentialités de développement.

Nos activités humaines, particulièrement celles qui se pratiquent dans le cadre d’une forte interaction avec le capital naturel, à l’instar de l’agriculture, du tourisme, de l’habitat, de l’industrie et de la pêche doivent s’opérer dorénavant, depuis la planification jusqu’à la mise en œuvre dans la plus grande harmonie avec les impératifs de l’environnement et des limites écologiques.

L’intégration de l’environnement et du climat dans les processus de développement doit occuper une place de choix dans les politiques de l’Etat. Stratégiquement et institutionnellement, le développement durable doit constituer l’élément moteur de toute nouvelle démarche de planification. Nos ressources naturelles continentales et marines, (eaux, sols, forêts, ressources halieutiques), ainsi que nos différents écosystèmes, de l’intérieur du pays jusqu’à la mer en passant par le littoral, qui sont actuellement quasiment tous surexploités, doivent être dorénavant gérés de la manière la plus raisonnable, en vue de garantir leur pérennité et par conséquent la durabilité des activités économiques qui les exploitent.

L’économie verte sur le continent et celle qualifiée de bleue sur le littoral et en mer doivent être les fondements de notre développement. Elles doivent être abordées non seulement, comme une obligation, mais surtout comme une opportunité.

Une stratégie claire, concertée et approuvée par l’ensemble des acteurs du développement dans le domaine de la transition environnementale sous ses trois composantes naturelle, climatique et territoriale doit voir le jour très rapidement en Tunisie. Celle-ci sera déclinée de manière visible et pratique au niveau de l’ensemble des secteurs de développement socioéconomique; ainsi qu’au niveau des différentes régions du pays sur la base des spécificités relatives.

Une révision institutionnelle sera obligatoire pour assurer cette intégration environnementale tant souhaitée. Il s’agit d’une révision auprès des organismes en charge de l’environnement qui souffrent actuellement, d’une grande inefficacité et aussi auprès des institutions de développement et d’aménagement du territoire qui doivent être amenées dans l’avenir à se rapprocher dans le cadre des dynamiques communes qui les sortiraient des approches sectorielles et les orienteraient progressivement, vers des approches systémiques, plus intégrées.

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1 COMMENTAIRE

  1. depuis pas mal de temps, le Tunisien fait bon ménage avec la pourriture ambiante. capitale, grandes villes ,villages et campagnes sont de véritables dépotoirs à ciel ouvert. quant aux plages, je vous laisse le soin d’admirer le civisme dont font preuve les familles estivantes! notre Onas n’est pas en reste puisqu’il a sonné le glas de la quasi majorité des plages ( je vous invite à visiter la plage de dar chaabane el fehri pour voir de visu l’étendue des dégâts ). tout ceci pour vous dire que l’état n’a que faire de ces urgences environnementales tant que le Tunisien ne s’en soucie guère. bon pour faire plus sérieux, disons que le jour où la propreté gagnera ses lettres de noblesse ,les choses iraient mieux ! peut être qu’on n’ aura plus affaire aux sachets en plastique, qu’on sera verbalisé pour un jet de mégot etc …. mais pendant ce temps là on continuera à servir de poubelle contre quelques poignées d’euros !

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