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Il s’arrête au détail de « ويل للمصلين ». Petite leçon de rating à Ali Kooli

Fitch Ratings a révisé les perspectives de la Tunisie à Négatives par rapport à Stables et a confirmé la note par défaut émetteur en devises à long terme (IDR) à « B ». En mai 2020, la même agence de notation avait dégradé la note de B+ avec perspectives stables à B avec perspectives négatives en février 2020. La dégradation a ainsi été visible et successive, de février à novembre de la même année.

Et pourtant, le super-ministre de l’Economie (Finances et développement de l’investissement), essayait de minimiser cette notation comme s’il la dénigrait, et affirmait devant la commission des finances de l’ARP que « les plus grandes agences de notation n’ont pas dégradé le rating de la Tunisie ». Savait-il, avant de dire cela, que Standard & Poor’s ne note plus la Tunisie, et que la notation de Moody’s et Fitch sont exactement les mêmes, dans le sens où en octobre dernier déjà Moody’s, l’autre grande agence qui note la Tunisie, avait changé les perspectives en négatives avec un grade B2 qui équivaut au B de Fitch.

  • Moody’s en octobre et Fitch en novembre, les deux ont dégradé les perspectives

Notons, tout d’abord, que le « rating » est l’attribution d’une note qui évalue le risque de crédit des pays demandeurs de dette sous forme d’émissions d’obligations. Les 3 plus grandes agences de notation financière expriment leur rating sous forme de lettres, de chiffres et de symboles.

Rappelons, ensuite, que le rating des agences de notation financière a un impact direct sur le taux d’intérêt payé par les émetteurs d’obligations. Plus la note décernée est élevée, plus le taux d’intérêt est faible. L’émetteur est considéré comme peu risqué. Plus la note est basse, plus le taux d’intérêt est élevé. L’émetteur est considéré comme risqué. Il doit augmenter ses taux d’intérêt pour attirer des investisseurs. La dégradation d’une note d’un émetteur a pour effet d’augmenter le taux d’intérêt de ses obligations.

Pour l’exemple, le Spread (correspond en langage financier à la différence entre le prix de l’offre et le prix de la demande) pour la Tunisie, avait augmenté de 200 points pendant la seule semaine de la polémique sur l’intervention de la BCT dans le financement du budget complémentaire de 2020. Le spread, pour le remboursement en dette de l’échéance de 2024, était passé de 906 à 1.126 points entre mardi et vendredi, s’élargissant ainsi de 220 points. De tout cela, le super-ministre de toute l’économie de la Tunisie ne semblait pas être conscient, et voulait tout au moins en diminuer l’effet devant les députés.

  • A quelques encablures du C, tout au moins du « B- »

Deux agences de notation ont donc dégradé les perspectives de la Tunisie de stables à négatives. Or, une perspective négative laisse entrevoir une dégradation du rating. Le « B », est déjà un grade spéculatif. Cette catégorie suppose déjà des risques sérieux d’incidents de paiement.

Avec la perspective négative, il est ainsi signalé l’existence d’une possibilité de passage à un grade CCC+, sinon tout simplement C, ce qui signifie un passage au grade spéculatif, si ce n’est à l’ultra-spéculatif, et même « en défaut, avec quelques espoirs de recouvrement ». Et il n’y aurait, selon des sources très au fait de la chose financière, que c’est le bon niveau des réserves en devises (21,5 milliards DT équivalant à 148 jours d’importation), qui aurait retenu les agences de notation à dégrader encore plus la notation tunisienne.

« Les perspectives négatives reflètent une aggravation des risques de liquidité budgétaire en raison d’une forte détérioration des finances publiques et de l’environnement macroéconomique général provoqué par le choc de la pandémie de coronavirus », précisait l’agence de notation dans son dernier communiqué de presse.

Et cette dernière de signaler, s’agissant  de  l’impact de cette notation, l’existence de « risque sur les réformes budgétaires cruciales, qui pourrait compliquer les efforts visant à obtenir de nouveaux financements du FMI et des bailleurs de fonds commerciaux ». Un ancien banquier international et super-ministre de l’Economie de surcroît,  qui présente un budget à crédit et qui prévoit un recours à la dette extérieur à hauteur de plus de 16 Milliards DT, devrait normalement comprendre ce genre de Warning, et être aussi au courant qu’une sortie sur les marchés extérieurs ne se ferait pas à un Pricing au-dessous de 9 %.

  • Le non-dit, c’est soit la faillite, soit un traitement chimio pour une économie métastasée

Un banquier de la place expert en rating, va plus loin, pour affirmer que le changement de perspectives est déjà un changement de notation en soi. « Fitch était déjà docile avec nous avec cette notation. Elle aurait pu passer à un cran inférieur en rating. Passer au C, cela équivaudra à la déchéance de crédits bilatéraux. On pourrait alors imaginer des banques tunisiennes qui ont un encours de financement auprès d’institutions comme la BEI (Banque européenne d’investissement), la BIRD ou la BAD, des contrats qui prévoient des clauses de déchéance. Le non-dit, c’est qu’une dégradation vers le C équivaudra à la faillite de l’Etat ».

Et notre banquier, qui requiert l’anonymat, d’ajouter que « l’accumulation d’arriérés publics, jusque-là non divulgués, sur lesquels Fitch a mis l’accent dans sa note, veut dire une perte de confiance par rapport à l’agence de notation ». Et le banquier de lancer un appel au gouvernement de « cesser cette fuite en avant » et d’affirmer que « l’expansion du budget reste tributaire d’un accord avec le FMI, un accord qui ne pourra pas se faire en 2021, à moins d’avoir deux trimestres successifs de croissance, tout en ayant de quoi subsister entre les deux trimestres, et à moins d’être capable de reproduire la garantie américaine par le biais de la diplomatie tunisienne ». Et le FMI, pour cette fois, équivaudra à un traitement chimio, agressif, pour une économie métastasée !

Et encore une fois, cette question qui taraude, Ali Kooli ne savait-il pas tout cela, ou était-il dans une logique de fuite en avant ?

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