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Jalloul Ayed : « Un budget très modeste et un gouvernement sur les traces de ses précédents…»

« Le budget de la Tunisie est très modeste; tout est modeste en Tunisie (…) quand est-ce qu’on peut passer à une étape supérieure ? », un constat et une interrogation que l’on doit à l’ancien ministre des Finances Jalloul Ayed qui s’exprimait lors d’une rencontre sur le financement public organisée, ce mercredi, à l’initiative du parti Afek Tounes.

Il a souligné que l’Etat se trouve actuellement dans une situation aberrante au niveau des dépenses et que le nombre des projets créés, durant les trois dernières années, demeure négligeable.

En matière d’investissement, Jalloul Ayed a affirmé que l’Etat dispose d’un tout petit budget et il n’arrive pas même à le réaliser alors que l’investissement est considéré comme l’épine dorsale de l’économie nationale : « C’est avec l’investissement que l’on peut soigner la chaîne de production, et créer de la valeur et de la richesse », a indiqué Ayed, faisant remarquer que la Tunisie n’a jamais pris l’initiative de mettre en place une stratégie nationale de promotion des PME, alors même que 80% du tissu national est formé de PME et TPE procurant plus de 60% des emplois en Tunisie. « J’avais souhaité intégrer la micro-finance dans le système financier tunisien », a-t-il dit, citant le cas du Maroc qui l’a déjà fait récemment.

« 250 mille familles nécessiteuses en Tunisie »

Selon lui, des études ont montré que la classe moyenne représente 80% de la population en Tunisie et qu’il existe 250 mille familles nécessiteuses, appelant à ce propos à changer de mentalité et exhortant les politiciens à faire montre d’audace, sinon, a-t-il averti, on va se retrouver dans une situation encore plus grave.

Jalloul Ayed a appelé à attacher beaucoup plus d’importance aux jeunes entrepreneurs qui devraient être considérés comme une source importante de croissance pour le pays, expliquant, toutefois, que le problème de ces jeunes entrepreneurs n’est pas uniquement l’endettement mais aussi le capital et les fonds propres, d’où la nécessité de créer de nouveaux mécanismes de gestion de risques, selon ses dires.

Toujours dans le même ordre d’idées, Jalloul Ayed a fait remarquer que la Tunisie peut changer beaucoup avec le travail et la mise en place d’une politique plus adaptée et plus efficace notamment en termes de ressources humaines, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui, selon ce qu’il a déclaré. « Le gouvernement actuel opère de la même manière que ceux qui l’ont précédé », a-t-il dit.

Il a exprimé, en outre, son inquiétude au sujet des recrutements anarchiques effectués dans la fonction publique : « Ce n’est pas avec le recrutement qu’on va résoudre les problèmes (…) on est en train d’exacerber un problème qui existe déjà », a-t-affirmé.

« Le plus grave, c’est l’évolution de la dette »

De son côté, Ali Kooli, PDG de l’ABC Bank, a qualifié d’ordinaire la dette publique de la Tunisie qui est aux alentours de 50% en comparaison avec d’autres pays, expliquant que le problème en Tunisie tient plutôt à l’évolution de la dette qui a augmenté, selon lui, de 20% durant les 4 dernières années.

Il a souligné que l’endettement n’est sain que dès lors qu’il orienté vers l’investissement et la création de l’emploi et de la richesse, précisant que ce qui est inquiétant, c’est de voir l’endettement servir à combler les trous et payer les salaires. « Ce n’est qu’alors qu’on devra tirer la sonnette d’alarme », a-t-il dit.

Evoquant le marché parallèle, il a indiqué qu’il est difficile de parler de quelque chose qu’on ne peut pas définir, appelant, cependant, à mettre en place une politique fiscale juste et équitable notamment par l’amélioration des assiettes fiscales. Le citoyen doit aussi faire preuve de civisme, a-t-il dit.

« La Tunisie a oublié de travailler… »

Quant à lui, Walid Belhadj Amor, président du Centre tunisien de veille et intelligence économique (CTVIE), a constaté que, depuis les trois dernières années, les Tunisiens ont oublié de travailler et de produire. « On n’est pas crédible au niveau de la production », a-t-il dit, expliquant que, depuis l’année 2011, la Tunisie distribue des richesses qu’elle n’a pas produites. « Il faut qu’on se remette au travail et qu’on crée de la valeur ajoutée », a-t-il déclaré.

Il a appelé, dans ce cadre, à accepter le pluralisme et à ce que l’Etat joue le rôle du régulateur tout en supprimant les distorsions dans l’économie, lutter contre le marché parallèle et maîtriser la situation de rente.

« On ne doit pas s’attendre à grand-chose même si… »

Jamel Belhaj, le directeur général de la caisse des dépôts et des consignations (CDC) a précisé, pour sa part, que la situation catastrophique dans laquelle se trouve la Tunisie remonte à plusieurs années, principalement à cause l’augmentation des dépenses suite à celle des charges de la subvention qui sont passées de 1,5 milliard de dinars en 2010 à 7,8 milliards DT actuellement.

Il a noté, cependant, que le gouvernement a la capacité de comprimer ses dépenses, mais ne peut pas s’attendre à grand-chose même s’il réduisait les salaires des fonctionnaires et supprimait les bons d’essence.

Khadija Taboubi

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