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La Bourse de Tunis perd ce qu’elle a gagné et le secteur du tourisme est le plus menacé !

L’économie tunisienne peine à redémarrer. Tous les indices économiques clignotent au rouge. Un taux de chômage de 17,2%, un déficit budgétaire de 6,6%, un taux d’endettement de 47% et un taux d’inflation de 6% à fin janvier 2013. Des chiffres qui ne sont pas trop surprenants dans un contexte en proie à la crise politique et reléguant au second plan les soucis majeur du Tunisien, à savoir, chômage, pauvreté et disparités régionales.

Mercredi 8 février 2013, jour de l’assassinat du dirigeant politique, Chokri Belaid, la Bourse de Tunis a chuté de plus de 3%, enregistrant ainsi une baisse au niveau du tunindex à un niveau moindre que celui enregistré à la fin de 2012.

« La bourse a perdu ce qu’a gagné en un mois et une semaine »

Fadhel Abdelkéfi, président de la Bourse de Tunisie a indiqué à Africanmanager, que la bourse de Tunis a perdu tout ce qu’elle a gagné depuis le début de l’année en cours, suite à l’assassinat de Chokri Belaid, enregistrant ainsi une baisse de 3% après avoir signé une hausse de 4% au début de l’année. « On a perdu tout ce qu’on a gagné en un mois et une semaine », a précisé Fadhel Abdelkéfi, en faisant savoir, que l’année 2013 a été pourtant, considérée comme une année des introductions, et que 6 nouvelles entreprises sont en attente de leur visa pour entrer en bourse.

Fadhel Abdelkéfi a souligné, par contre, que la bourse de Tunis n’est pas beaucoup connectée à l’économie du pays mais plutôt à la psychologie.

A indiquer dans ce cadre que, durant la semaine du 28 janvier au 1er février, tunindex a enregistré une hausse de 0,86% contre une baisse de 0,17% pour clôturer à 4777,62 points. Depuis le début de l’année, ses gains ont atteint 4,32% contre une baisse de 0,27% sur la même période de l’année 2012. Dans le même sillage, le volume des transactions sur la cote de la bourse a progressé pour atteindre 17 millions de dinars contre 15 MD, la semaine précédente. La balance des variations des cours des sociétés cotées a fait ressortir 29 valeurs en hausse.

« On est en train de perdre des points »

Walid Behaj Amor, Président du Centre tunisien de veille et intelligence économique, nous a précisé, de son côté, que le meurtre de Chokri Belaid est un développement significatif et que le milieu des affaires a tiré la sonnette d’alarme sur l’absence d’un contexte favorable à l’investissement extérieur et intérieur. Selon lui, le meurtre de Chokri Belaid a fait le titre de tous les journaux et tout le monde en parle, ce qui a augmenté l’incertitude chez l’investisseur étranger et local.

Il a estimé que de tels actes freinent le développement des entreprises, la croissance, la création de richesse et l’emploi. « Ce crime est le premier du genre en Tunisie. On n’est pas habitué à ce genre de crime ».

Il a ajouté que la Tunisie est en train de perdre des points en termes de croissance, car, selon lui, la période d’attentisme va se prolonger suite à l’absence d’une feuille de route claire sur le plan économique, social et politique du pays. « On est en train de perdre du temps. La communauté économique va encore attendre la stabilité du contexte politique, sociale et économique du pays », a-t-il dit.

« Des pressions inflationnistes »

Mohsen Hassan, expert économique et financier, nous a indiqué, quant à lui, que l’économie tunisienne a pu, en 2012, sortir de l’étranglement économique et enregistrer une amélioration par rapport à 2011 qui n’est pas loin de celle de l’année 2010, considérée comme une année de référence en termes d’activité économique. Le taux de croissance a dépassé plus que 3%, en 2012, permettant la création de plus de 100 mille emplois, malgré certaines difficultés rencontrées au niveau de la balance commerciale et le déficit budgétaire.

Toutefois, il a précisé que la continuité de la relance économique a été perturbée suite à l’attaque de l’ambassade américaine à Tunis et plus récemment l’assassinat de Chokri Belaid. Ces deux événements ont provoqué, selon lui, une nouvelle vague de problèmes économiques dans le pays entraînant une baisse au niveau de l’offre et de la demande qui sera à l’origine de plusieurs pressions inflationnistes surtout avec le renchérissement des importations suite à la dépréciation du dinar tunisien.

Le tourisme est le secteur le plus menacé !

Concernant les secteurs économiques en Tunisie, Mohsen Hassan a indiqué que le secteur touristique est le secteur le plus menacé, participant au PIB du pays à hauteur de 8% et fournissant plus de 400 mille emplois directs. Plus précisément, le secteur sera affecté par l’annulation des réserves sans compter les problèmes structurels tels que l’endettement.

Il a indiqué, en outre, que la bourse a perdu, en une semaine, plus de 3%, soit l’équivalent des gains réalisés, au début de l’année en cours. Et d’ajouter que si la situation d’instabilité et d’insécurité continue en Tunisie, les sociétés qui ont programmé leur introduction en bourse vont trouver des difficultés pour lever les fonds nécessaires sur le marché financier.

« Les problèmes vont s’aggraver»

Pour le secteur bancaire, il a expliqué que les problèmes vont s’aggraver avec l’augmentation des risques sur l’économie tunisienne, ce qui va augmenter le risque sur les banques tunisiennes et le commerce extérieur.

Mohsen Hassan a estimé encore que les derniers événements vont engendrer une révision à la baisse du rating de la Tunisie, ce qui pourra se traduire automatiquement par la hausse du taux de l’endettement sur le marché financier international et, par la suite, des difficultés pour l’Etat en matière de réalisation des programmes inscrits dans la loi des finances de l’année 2013.

« Clarifier l’agenda politique »

Toutefois, en dépit de ce contexte économique défavorable, Mohsen Hassan a indiqué qu’il ne faut pas être trop pessimiste eu égard au fait que la Tunisie est capable de surmonter ces difficultés.

Par conséquent, il a appelé à former ce gouvernement de technocrates quelle que soit la forme, puisque notre économie ne peut pas supporter d’autres problèmes. C’est ainsi qu’il a préconisé la fixation d’une date claire pour les prochaines élections, d’accélérer les travaux au sein de l’ANC, de clarifier l’agenda politique et de présenter un plan de développement économique pour 2013.

Il faut également, selon lui, former un comité d’experts avec la participation de tout le monde, à savoir, société civile, partis politiques et experts économiques dans l’objectif de mettre en place un modèle de développement pour la Tunisie orienté principalement vers l’export.

Khadija Taboubi

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