AccueilMondeLa CNUCED alerte sur les terribles effets des guerres commerciales

La CNUCED alerte sur les terribles effets des guerres commerciales

« Dix ans après la crise financière de 2008, l’économie mondiale reste chancelante », avertit la CNUCED lors de la publication ce mercredi de son Rapport sur le commerce et le développement 2018 intitulé « Pouvoir, plateformes et l’illusion du libre-échange ».

Pour cet organe onusien basé à Genève, même si l’économie mondiale s’est ressaisie depuis le début de 2017, la croissance reste tout de même spasmodique, alors que le niveau d’activité économique dans de nombreux pays reste inférieur à son potentiel. « Il est peu probable qu’un changement de braquet ait lieu cette année », met en garde la CNUCED.

Selon le rapport, les grands pays émergents ont de meilleurs résultats cette année et les exportateurs de produits de base peuvent s’attendre à une amélioration, les prix restant fermes. À l’exception de la Fédération de Russie, la croissance est fortement tributaire de la demande intérieure dans les quatre autres pays du groupe des BRICS − le Brésil, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud.

Toutefois, cela n’est pas le cas pour de nombreux autres pays émergents.

Les auteurs du rapport voient le ciel économique s’assombrir car les risques de dégradation s’aggravent et les failles financières se creusent dans plusieurs pays. Le stock de la dette, qui atteint aujourd’hui 250.000 milliards de dollars − soit 50 % de plus que lors de la crise − représente trois fois la taille de l’économie mondiale.

« L’aggravation de l’endettement observé dans le monde est intimement liée à la montée des inégalités », selon le principal auteur du rapport, Richard Kozul-Wright. « Le lien entre ces deux éléments est le poids croissant et l’influence grandissante des marchés financiers, qui est une caractéristique inhérente à l’hypermondialisation. »

Une guerre commerciale tarifaire pourrait avoir davantage de conséquences préjudiciables à moyen terme

Par ailleurs, la CNUCED s’est préoccupé des conséquences de cette « guerre » sur les droits de douane entre les deux premières puissances économiques mondiales. « Qu’ils donnent lieu ou non à une guerre commerciale, les épisodes récents de hausse des droits de douane ne manqueront pas de perturber un système commercial de plus en plus organisé autour des chaînes de valeur même si, en 2018, la croissance du commerce devrait être comparable à celle affichée en 2017 », avertit la CNUCED.

Si « l’économie mondiale est de nouveau sous tension », la CNUCED trouve que « les guerres commerciales » sont « le symptôme d’un malaise plus profond ». « À court terme, ce sont la hausse des droits de douane et l’instabilité des flux financiers qui inquiètent, mais derrière ces menaces à la stabilité mondiale, il y a plus largement l’impuissance − depuis 2008 − à corriger les inégalités et les déséquilibres créés par l’hypermondialisation », a déclaré le Secrétaire général de la CNUCED, Mukhisa Kituyi

En attendant, il reste que toute grave escalade, se traduisant par une plus grande incertitude et une réduction de l’investissement, pourrait avoir davantage de conséquences préjudiciables à moyen terme, selon le rapport. Ces conséquences pourraient être particulièrement lourdes pour les pays déjà en proie à des difficultés financières. « Il serait tragique de tomber dans l’autre extrême − à savoir une guerre commerciale tarifaire − au lieu d’envisager ce que les gouvernements pourraient faire, en coordonnant leurs politiques au niveau mondial, pour éviter la poursuite de la détérioration de la répartition des revenus et de l’emploi qui est à l’origine des crises économiques les plus récentes ».

La CNUCED propose de revenir à la Charte de La Havane de 1948

Dans tous les cas, la CNUCED soutient que dans le monde réel, les guerres commerciales sont le symptôme d’une dégradation du système économique et de l’architecture multilatérale, c’est-à-dire d’une maladie qui prend la forme d’un cercle vicieux liant les entreprises et la sphère politique et accroissant les inégalités, dans lequel l’argent sert à acquérir du pouvoir politique et le pouvoir politique sert à faire de l’argent.

« D’anciennes et de nouvelles tensions pèsent sur le multilatéralisme », selon Mukhisa Kituyi. « Dans notre monde interdépendant, les solutions de repli sur soi ne permettent pas d’aller de l’avant ; l’enjeu consiste à trouver des moyens de rendre le multilatéralisme opérationnel. »

Afin de ne pas répéter les erreurs des années 1930, la CNUCED propose de revenir à la Charte de La Havane, qui était la première tentative d’établir un système commercial multilatéral réglementé. À cette fin, une véritable coopération internationale sera indispensable pour surmonter les nombreux nouveaux obstacles − que ne connaissaient pas les signataires de la Charte en 1948.

Selon la CNUCED, il faudrait, au minimum, instaurer trois priorités : lier les discussions commerciales à un engagement en faveur du plein emploi et de la hausse des salaires, réglementer les pratiques abusives des entreprises et garantir une marge d’action suffisante pour s’assurer que les pays peuvent gérer leur intégration conformément aux objectifs de développement durable.

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