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La croissance économique tourne aux montagnes russes

Après une contraction prévue de 9,2 en 2020, la croissance de l’économie tunisienne devrait   temporairement s’accélérer pour atteindre 5,9 % à mesure que le les effets de la pandémie du coronavirus sur les exportations commencent à s’atténuer et que la  demande intérieure entame son  redressement commence à se redresser, C’est ce que prévoit la Banque mondiale dans son rapport de suivi économique (World Bank Economic Monitor), publié mardi.

Tout en notant que cette hausse n’est cependant pas assez importante pour que la production revienne aux niveaux pré-pandémiques de 2019, la BM  s’attend à ce qu’aux lendemains de cette hausse à court terme, la croissance s’inscrive dans  une trajectoire plus modérée, s’étendant d’environ 2 pour cent, reflétant des faiblesses structurelles préexistantes et une reprise mondiale progressive de la pandémie.

En tout cas, relève la Banque mondiale, alors que l’année 2020 touche à sa fin, l’ampleur des répercussions de la pandémie sur l’économie tunisienne se fait de plus en plus ressentir. La Tunisie doit faire face à une baisse de croissance plus marquée que celle des autres pays homologues de la région, la crise se rajoute à une situation de croissance lente et d’endettement en hausse.

S’ajoute à cela la perte des gains réalisés en matière de création d’emploi et de réduction de la pauvreté, de par la plus forte exacerbation du chômage et de la paupérisation des segments vulnérables de la population. Le secteur des exportations a considérablement contribué au ralentissement. En septembre 2020, il a enregistré une baisse de 15% en glissement annuel, en raison du fléchissement de la demande mondiale et de l’affaiblissement des secteurs industriel et touristique. En dépit de cela, on s’attend à ce que le déficit du compte courant tombe à 7% du PIB en 2020 contre 8,8% du PIB en 2019, grâce à la plus grande contribution des envois de fonds et parce que les importations ont chuté plus rapidement que les exportations.

La baisse du déficit du compte courant a permis à la position extérieure de faire preuve de plus de résilience aux chocs. Au 31 octobre, les réserves de change de la Tunisie se sont élevées à 7,8 milliards de dollars, c’est-à-dire à près de 147 jours d’importation (contre 103 jours une année auparavant), contribuant ainsi au renforcement des réserves extérieures, très utiles en ces temps de crise.

Dans ce contexte pour le moins critique, estime l’institution internationale, la réponse politique a été globalement adéquate. Le déclin de l’inflation a créé les conditions favorables à une réduction des taux d’intérêt et au soutien à la croissance (modérée) du crédit à l’économie. La politique budgétaire a également été conciliante.

Les autorités ont réagi à la pandémie en proposant un paquet de mesures budgétaires en appui aux entreprises et aux ménages. Ces mesures, ajoutées aux pertes de revenus engendrées par le ralentissement économique, ont été en grande partie responsables de l’augmentation du déficit budgétaire à 10,5% du PIB (il était à près de 3% du PIB dans le budget de 2020). Sans surprise, l’augmentation des besoins de financement a exacerbé la vulnérabilité liée à la dette.

On estime que la dette publique augmenterait à 89% du PIB en 2020, comparativement à 72% du PIB en 2019.

Perspectives difficiles et incertaines

Le constat de l’impact de la pandémie sur l’économie tunisienne a été sévère et les coûts d’atténuation ont davantage nui aux finances publiques du pays, déjà particulièrement dégradées. Aussi, les perspectives s’annoncent difficiles et incertaines. Les risques à la baisse qui pèsent sur ces perspectives sont importants, au vu de l’ampleur de la deuxième vague de pandémie qui continue de sévir et de son impact sur les principaux partenaires commerciaux de la Tunisie. Dans le même ordre d’idées, on s’attend à ce que le déficit du compte courant commence à s’améliorer avec la reprise des exportations, quoiqu’à un rythme lent et incertain. Les perspectives budgétaires misent sur un cadre budgétaire serré et une marge de relance budgétaire limitée, l’impact de la pandémie devant s’étendre jusqu’en 2021. Les risques budgétaires liés à la croissance incessante de la masse salariale, aux subventions, aux retraites et à la faible performance des entreprises publiques commencent à se faire concrètement sentir et, à défaut d’être gérés de manière proactive, risquent de compromettre les efforts de relèvement engagés.

Réhabiliter la crédibilité du cadre macroéconomique

Face à  cette conjoncture difficile, la prochaine mesure importante que la Tunisie se doit d’entreprendre pour passer avec succès au travers de cette crise consiste à élaborer un programme cohérent de relance de l’économie et de réhabilitation de la crédibilité du cadre macroéconomique.

La première priorité consiste, bien sûr, à sauver des vies, à travers le contrôle de la pandémie et la mise à disposition, de la population, de vaccins contre le virus Covid-19. Les autorités ont réussi à bien gérer la première vague de la pandémie et à endiguer la contagion, grâce aux mesures de confinement décrétées aussitôt que la pandémie a frappé et à leur stricte application. Mais la deuxième vague dépasse de loin la première et de nouvelles mesures de confinement sont instaurées, quoique moins strictes que les premières. Beaucoup d’efforts sont également entrepris pour préparer le déploiement de vaccins, la Tunisie étant membre de l’initiative de la Banque Mondiale pour le financement de l’achat et de la distribution de vaccins, de tests et de traitements.

C’est également en réhabilitant la crédibilité du cadre macroéconomique qu’on arrive à jeter bases nécessaires à une reprise plus durable de la croissance. Plus particulièrement, il s’agit de mettre l’accent sur le financement durable de la relance, de manière qui permet de gérer les niveaux d’endettement. Cela exige de restructurer les finances publiques en endiguant la masse salariale, en faisant passer l’aide sociale des subventions aux transferts ciblés et en maîtrisant les risques budgétaires induits par les entreprises publiques, le tout dans l’objectif de dégager plus de ressources en faveur de l’investissement public et de la relance.Au vu de l’espace budgétaire limité et de la position extérieure fragile du pays, le pivot du plan de relance réside dans l’engagement de réformes structurelles visant à stimuler les performances du secteur privé. La relance se trouverait freinée en l’absence de programme ambitieux qui ravive la croissance des entreprises.

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