La fermeté tranquille dont le gouvernement Bouden a fait montre dans sa gestion de la grève générale du 16 juin semble lui valoir un certain satisfécit d’un grand secours alors que la pays est en proie à une crise financière et économique virulente, exacerbée par les divergences et les conflits politiques entre le pouvoir exécutif, d’une part, et les partis et organisations nationales, de l’autre.
C’est un signal majeur en ces temps critiques où la Tunisie s’échine à trouver un accord avec le Fonds monétaire international aux fins de l’obtention du plus gros prêt de son histoire, 4 milliards de dollars, assez pour stabiliser la situation financière qui est la sienne. D’autant que le FMI insiste sur l’importance d’adopter un programme de réforme qui ait l’onction de tous les partenaires, et d’abord du puissant syndicat UGTT, lequel a décrété une grève générale qui a paralysé, jeudi dernier, la presque totalité du service public du pays.
Certes , l’UGTT demande l’abrogation de la circulaire n°20, qui enjoint aux responsables de ne pas engager des pourparlers sans le feu vert de la présidence du Gouvernement, mais , de surcroît, elle demande l’ouverture des négociations sociales pour des augmentations salariales pour cause de hausse fulgurante des prix et détérioration du pouvoir d’achet des citoyens.
La grève a-t-elle tenu son pari ?
Comme lors des lendemains de chaque grève, plus est générale, l’attention se focalise sur son impact, surtout économique. Dans le cas de l’espèce, il est plutôt particulièrement question de ses répercussions sur les discussions avec le FMI. AfricanManager. Ar a sollicité la réaction de l’expert économique Abdeljalil Bedoui, qui a confirmé qu’elle occasionne une perte importante à l’économie nationale en raison de la baisse des taux de croissance et des recettes fiscales, en plus de la perturbation de la performance des entreprises privées et la baisse des recettes de l’État qui en résulte.
Ila estimé que la position du gouvernement vis-à-vis de la grève et sa résistance aux revendications du syndicat, représentent un message rassurant pour le Fonds monétaire international qui se traduit par le fait que l’État est résolu à mettre en œuvre ses politiques et à adopter les réformes nécessaires, y compris l’adoption d’une politique d’austérité.
En réponse à une question concernant l’exigence du FMI que le syndicat accepte le paquet de réformes requis, Bedoui affirmé que cette condition n’a aucun fondement et que le FMI n’a jamais demandé le quitus des syndicats aux politiques d’austérité que l’autorité exécutive va adopter. Ce qui est illogique et inacceptable, selon ses dires.
Il a souligné que l’approbation du syndicat n’est pas nécessaire, mais elle renforcerait plutôt la position tunisienne.
La Tunisie obtiendra le prêt requis
D’après les affirmations de l’expert, la Tunisie obtiendra, en fin de compte, le prêt demandé, en dépit de toutes ces difficultés hérissant le processus y menant.
« Malgré la longueur de la période de consultations et des discussions techniques, Le FMI lancera bientôt des négociations officielles et accordera à la Tunisie les fonds nécessaires », a-t-il affirmé.
Et d’ajouter que : « Le fonds n’abandonnera pas l’expérience tunisienne car la transition démocratique a préservé les grands choix néolibéraux auxquels il adhère ».
Il a, également, souligné que la longueur des discussions et la fixation de conditions précises visaient à atteindre le plus grand nombre possible de garanties et que la Tunisie serait en mesure de rembourser ses dettes à l’avenir, soulignant que cette institution financière sera stricte dans le décaissement des échéances du prêt.
Parmi les autres raisons qui permettront à la Tunisie de parvenir à un accord avec le Fonds, il y a le fait que de nombreux pays lui ont apporté leur soutien, à l’instar de l’Italie et la France, et ce afin d’éviter les répercussions d’une nouvelle aggravation des conditions économiques dans le pays.
A cet égard, Bedoui a estimé que la visite prévue d’une délégation du Fonds monétaire international, cette semaine est une indication positive de l’avancement des pourparlers.
Par ailleurs, le Fonds monétaire international a déjà annoncé, qu’il saluait la publication du programme de réformes économiques du 9 juin 2022, qui a été proposé par les autorités tunisiennes.
Son porte-parole, Jerry Rice, a qualifié les négociations en cours avec la Tunisie d’avancées, dans un message publié sur son compte Twitter sur la toile.
« Nous espérons que nous commencerons bientôt les discussions sur un nouveau programme avec les autorités tunisiennes », a-t-il ajouté, sans avoir précisé une date pour les négociations officielles.
Rice a, également, indiqué que le Fonds monétaire international avait reçu une demande de la part des autorités tunisiennes pour un programme de soutien, soulignant la volonté du donateur international d’être un «partenaire actif pour la Tunisie ».