AccueilLa UNELa tourmente économique, plus qu’un péril imminent pour les Tunisiens

La tourmente économique, plus qu’un péril imminent pour les Tunisiens

Après avoir enjambé avec plus ou moins de réussite l’épreuve du référendum qui lui a permis de s’offrir une Constitution à sa mesure, à sa démesure, diraient ses contempteurs, Kais Saied devra désormais pouvoir et avoir la ressource de s’attaquer à ce  qui importe le plus aux yeux des Tunisiens,  la situation économique de plus en plus insupportable  qu’ils endurent  Et c’est plus imminent qu’il semble avoir tendance à le penser.

La tourmente économique qui, au fil de dures années, a miné les partis politiques qui se partageaient le pouvoir par le biais de marchandages et de conciliabules  à tout le moins suspects, est désormais la seule chose que Saied doit résoudre dans un pays qui est de moins en moins  en état  de  supporter. Alors qu’il s’apprête à accentuer son emprise sur la Tunisie par le biais d’une  nouvelle loi  électorale et d’une législature largement édentée, Saied n’a guère d’autre choix que d’aborder les décisions désagréables qui ont assailli ses prédécesseurs.

L’économie tunisienne est malade depuis 2011, avec une croissance faible, un chômage en hausse, des services publics en déclin et des déficits et une dette croissants. L’instabilité politique, les attaques terroristes  puis le Covid-19 ont porté des coups  répétés, les uns plus forts que les autres,  à une économie déjà faible, déchiquetant les recettes du tourisme, notamment.

Les gouvernements successifs ont dû faire preuve d’une grande prudence, en limitant les dépenses publiques pour obtenir une aide financière étrangère sans pour autant déclencher une explosion sociale en rendant la vie encore plus difficile à une population appauvrie. Mais comme il n’y a plus d’autre bloc de pouvoir à blâmer, les problèmes économiques persistants pourraient être imputés à Saied seul.

« Après avoir démantelé tous les obstacles et pris tous les pouvoirs, il doit répondre à nos demandes urgentes. Nous voulons des emplois pour nos enfants… Nous voulons des services de santé et de transport… nous ne pouvons pas attendre longtemps », a déclaré  un fonctionnaire à Tunis, cité par la plateforme de médias internationaux Devdiscourse .

Le succès de son référendum pourrait permettre à Saied de franchir plus facilement la première étape vers la stabilisation de l’économie, à savoir l’obtention d’un plan de sauvetage du FMI attendu de longue date. Contrairement au passé, il n’est pas nécessaire de négocier au sein d’une coalition au pouvoir, et le référendum met fin aux arrangements temporaires en place depuis l’été dernier. Il pourrait également renforcer la position de  Kais Saied auprès du puissant syndicat UGTT, qui s’oppose à de nombreuses réformes.

Saied n’est pas porté sur la chose économique

« L’adoption de la nouvelle constitution peut augmenter les chances de parvenir à un accord », a déclaré un économiste tunisien, cité par la même source. Toutefois, son approche politique unilatérale pourrait également compliquer les efforts visant à débloquer une aide supplémentaire.

Même s’il parvient à obtenir l’aide du FMI et d’autres organismes étrangers, il  a montré peu d’intérêt pour l’économie tunisienne et n’a pas annoncé de stratégie pour rétablir la croissance et créer des emplois. « Cela ne résoudra pas la crise économique profonde qui nécessite des réformes immédiates », a-t-il dit  à propos de l’obtention d’un prêt du FMI.

Les démocraties occidentales ont été les plus importants donateurs de la Tunisie depuis la révolution de 2011. Elles ont peu parlé de ses démarches et certaines pourraient être moins enclines à soutenir la Tunisie qu’auparavant. D’autres, qui supporteraient le poids d’une éventuelle crise migratoire si l’économie tunisienne s’effondrait, pourraient penser qu’il est nécessaire de le soutenir quelles que soient les ramifications pour la démocratie.

Les échecs économiques ont conduit à la désillusion de la démocratie et à la rage contre les partis au parlement, se déployant chaque hiver avec les manifestations qui ont frappé les villes tunisiennes. « La plus grande vulnérabilité qu’il a est la protestation sociale. Étant donné qu’il a tout centralisé entre ses mains, il ne peut plus blâmer les autres », a déclaré Nadim Houry, directeur exécutif de l’Arab Reform Initiative.

Une telle opposition pourrait mettre à l’épreuve la promesse de Saied de faire respecter les droits et libertés acquis après 2011 – et tester la loyauté des services de sécurité. En attendant, malgré la colère des partis d’opposition, ceux-ci disposent toujours de structures nationales organisées capables de mobiliser les gens à travers le pays – et presque tous rejettent la légitimité des démarches de Saied.

La principale coalition d’opposition a mis en doute le chiffre officiel de 28 % de participation. D’autres personnalités de l’opposition ont déclaré que même ce faible taux de participation était insuffisant pour consacrer un nouvel ordre politique permanent. Mais tant qu’ils restent divisés, et s’il peut éviter l’effondrement économique, cela pourrait ne pas poser un gros problème à Saied.

« Il n’est pas le leader massivement populaire que tous les Tunisiens soutiennent, mais il est plus populaire que n’importe quel autre », a déclaré Youssef Cherif, responsable des Colombia Global Centers à Tunis.

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1 COMMENTAIRE

  1. Personne nomme la corruption la gangrène du pays. La raison du non-developpement. C’est vraiment bizarre, et poutant elle existe partout encore dans le publique comme dans le privée. Il faut nettoyer partout et surtout il faut statuer des exemples en justice (apres que la justice soit nettoyée aussi).

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