AccueilLa UNEL’alternative du gaz de schiste est-elle devenue incontournable ?

L’alternative du gaz de schiste est-elle devenue incontournable ?

Faut-il bousculer toutes les considérations et appliquer la règle du « ventre affamé n’a point  d’oreilles » à l’exploitation des réserves considérables en gaz de schiste dont la nature a doté la Tunisie, face à l’épuisement de ses modestes ressources d’hydrocarbures conventionnels.

Comme l’ont noté plusieurs commentateurs et analystes indépendants, l’alternative est d’autant plus justifiée que les motifs d’ordre environnemental invoqués par les détracteurs sont aujourd’hui la chose la moins crédible au monde, tandis que les meneurs des mouvements de protestation à Al Kamour, contre les activités pétrolières à Tataouine, se sont avérés être des personnes interlopes et douteuses.

Des informations publiées sur divers supports dont l’Internet et qui restent à vérifier laissent supposer, en effet, que l’Etat tunisien serait décidé d’aller de l’avant dans l’exploitation des réserves nationales de gaz et pétrole de schiste.

En 2012/2013, à l’apogée de l’effervescence révolutionnaire régionale partie de Tunisie, la Compagnie pétrolière multinationale Shell avait obtenu une concession pour exploiter les gisements de gaz de schiste en Tunisie, s’engageant alors à réaliser 750 forages productifs durant les 30 ans de sa concession. L’accord stipule une interruption inconditionnelle des opérations en cas d’enregistrement d’effets négatifs sur l’environnement naturel et humain.

Mais, le projet a vite échoué, à cause des agendas de déstabilisation dirigés, alors, sans répit contre la Tunisie, d’une part, et du délabrement de l’appareil de l’Etat, d’autre part, avec l’émergence de lobbies et de groupes d’influence à qui l’intérêt national était le dernier de leurs soucis. 

 En effet, selon des rapports incontestables et les études les plus prouvées, dont les études de l’Administration américaine de l’information sur l’énergie , « Energy Information Administration » (EIA) en 2016, la Tunisie possède deux grandes formations de schiste dans le bassin de Ghadamès (ou Berkine), dont on estime qu’elles contiennent 23 trillions de pieds cubes de ressources de gaz de schiste techniquement récupérables et 1,5 milliard de barils de pétrole de schiste techniquement récupérable.

Leur valeur dépasserait 100 milliards dollar.

Code des hydrocarbures

Outre ces réserves du Sud tunisien avérées à 100%, le bassin de Kairouan, au centre de la Tunisie recèle également des perspectives d’exploitation également très prometteuses du gaz de schiste.

Les rapports mentionnés confirment qu’avec l’exploitation judicieuse de ces gisements de gaz et de pétrole de schiste, la Tunisie peut résorber son déficit énergétique, mais aussi devenir un exportateur et garantir pour longtemps son indépendance énergétique.  

Le gaz et le pétrole de schiste sont des hydrocarbures fossiles dits « hydrocarbures non conventionnels » pour les distinguer du pétrole et du gaz des gisements ordinaires, également des hydrocarbures fossiles, dits « hydrocarbures conventionnels ». La classification, purement descriptive, comporte, néanmoins, sans le moindre fondement objectif, un certain jugement de valeur défavorable aux gaz et pétrole de schiste.

Or, la production tunisienne d’hydrocarbures conventionnels a diminué, le pétrole et les autres liquides tombant régulièrement d’un pic de 120 mille par jour (bbl/j) au milieu des années 1980 à 41 mille barils/j en 2016, et à environ 37 mille barils/j actuellement, alors que les subventions des carburants supportées par le budget de l’Etat en 2023 sont la principale cause de son déficit, autant que de l’érosion des réserves en devises du pays.

Certains aiment toujours signaler, à cet égard,  que les Etats Unis d’Amérique ou encore le Canada, pays pionniers en matière de protection de l’environnement et d’écologie, ont  encouragé, à l’extrême, l’exploitation du gaz et pétrole de schiste. La Chine également, hautement disciplinée pour faire n’importe quoi, a développé ce type d’extraction.

Dans ce contexte, la seule et unique considération qui pourrait être prise en compte a trait à la consommation d’eau que l’extraction du gaz et du pétrole de schiste exige.

Or, selon les mêmes analystes, le climat en Tunisie est un climat semi aride de sorte que la sécheresse y est, de tout temps, intermittente. Cependant, cet aléa météorologique est compensé par une immense nappe phréatique, mal gérée et pillée par des milliers de forages d’eau anarchiques.

Les compagnies pétrolières intéressées peuvent être autorisées à forer des puits artésiens d’eau pour leur propre compte en vue de couvrir leurs besoins en eaux. 

Les experts ont aussi mis l’accent sur la nécessité de procéder à une révision ciblée du Code tunisien des hydrocarbures de manière à encourager les investissements dans ce domaine.

Les lois actuelles ne régissent pas les hydrocarbures non conventionnels, car le Code des hydrocarbures est lacunaire sur ce point, mais le vide peut vite être comblé.

S.B.H

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1 COMMENTAIRE

  1. Madame ou Monsieur qui se cache derrière les initiales SBH : Dire que « les motifs d’ordre environnemental invoqués par les détracteurs sont aujourd’hui la chose la moins crédible au monde » est absolument faux. Bien au contraire!. Aux Etats-Unis, des études scientifiques récentes de toxicologie et d’épidémiologie font état de la recrudescence de cas de pollution des puits et d’empoisonnements des habitants, des animaux domestiques et d’élevage aux alentours des gisements d’huile et gaz de schiste. Les taux de cancer dans les états producteurs d’huile et gaz de schiste sont très au dessus de la moyenne nationale. Il suffit de rentrer dans les bases de données des publications scientifiques pour accéder à ces informations. D’ailleurs, l’agence américaine de protection de l’environnement (US EPA) a clairement dit dans son rapport de 2016 que les gisements de gaz de schiste polluaient l’eau. Cette même agence continue de rapporter des atteintes environnementales liés à cette industrie en termes de gestion des déchets (notamment radioactifs), de pollution de l’air, de l’eau etc. Par ailleurs, l’observatoire américain de surveillance géologique (USGS) relie l’existence de tremblements de terre au fracking (technique qui consiste à faire exploser les roches en profondeur pour libérer le gaz qui y est emprisonné en y envoyant d’énormes quantités d’eau douce sous très forte pression).
    Quant à la Chine qui serait disciplinée sur le plan environnemental, c’est le pays qui a le plus d’émissions de gaz à effet de serre (et qui n’entend rien faire pour changer les choses), qui souffre d’une grande pollution de ses fleuves et qui utilise tellement de pesticides que des agriculteurs sont obligés de polliniser eux mêmes les arbres puisque les abeilles sont mortes.
    Et puis de quel droit vous permettez-vous d’écrire que les personnes qui sont contre l’exploitation du gaz de schiste en Tunisie ne se soucient pas de l’intérêt national?. C’est bien parce que nous nous soucions non seulement de l’intérêt national mais aussi des générations futures que nous faisons entendre notre voix. Vous pensez qu’avoir du gaz est plus important qu’avoir de l’eau? (puisque c’est le seul risque environnemental que vous semblez reconnaître). Vous semblez proposer qu’il suffit de puiser dans l' »immense nappe phréatique » du sud du pays. Cette nappe contient des eaux fossiles qui ne se renouvèlent pas. Si on la surexploite, il ne restera plus d’eau pour les générations à venir. La bonne gouvernance, c’est aussi penser à long terme et non pas voir l’intérêt à court terme.
    Le gaz que nous consommons actuellement, vient en partie (49%) de notre sous-sol (permis Hasdrubal et Miskar attribués à British Gaz) mais l’Etat tunisien est obligé de payer pour son propre gaz (en devise et au prix du marché). De plus, la cour des comptes, couvrant la période 2007-2010, a a mis en évidence de nombreux disfonctionnements comme le non-respect des programmes établis, l’absence d’activités contractuelles, le manque de transparence, le manque flagrant de contrôle et la gestion désastreuse à tous les niveaux qui privent l’Etat de rentes substantielles. Et ça, ça ne grève pas le budget de l’état? Vous n’en parlez pas dans votre « article ». Ne vous faites aucune illusion, si l’exploitation du gaz de schiste (qui représente une faible réserve comparé à celle du sous-sol algérien) venait à voir le jour, ce n’est pas le peuple tunisien qui en profitera et probablement pas l’Etat non plus s’il accepte des contrats du style de celui accordé à British Gaz. Si c’était vrai, les régions du sud seraient riches depuis le temps qu’on y exploite le pétrole.

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