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Le chemin de l’enfer est pavé de bonnes intentions

On a, à plusieurs reprises, entendu le ministre Samir Saïed répéter que ce n’est pas le FMI qui court derrière la Tunisie pour lui faire crédit, mais le contraire. Hier à Monastir, le président Kais Saïed a mis fin à cette légende urbaine de son homonyme et ministre, en affirmant refuser le diktat du FM qui conditionne le crédit à des réformes, dont la suppression des subventions.

  • Un « misunderstanding » qui pourrait être levé aux réunions du printemps ?

On pourrait croire, comme nous l’écrivions hier, que Saïed ne ferait que manœuvrer avec le FMI pour avoir les meilleures conditions pour le crédit de 1,9 Mds USD, qui ne devait en fait servir que de sésame pour plus d’argent en accords bilatéraux. Crédit dont les Emirats  du Golfe, comme les pays européens, avaient exigé la signature pour débourser leurs aides bilatérales.

Toute la presse étrangère, dont la spécialisée comme Bloomberg, a plutôt retenu une fin de non-recevoir de Saïed aux réformes demandées par le FMI. Des réformes sur lesquelles s’entendaient pourtant tous les experts et économistes tunisiens y compris la BCT, à l’exception de la centrale syndicale UGTT, et le plan qui en avait été concocté et présenté au FMI, l’avait été par la cheffe du gouvernement Najla Bouden. Et c’est tout cela qui fait dire que cette compréhension relève d’abord d’une mauvaise compréhension d’un chef d’Etat très mauvais communicateur, et pris au vif dans un point de presse au pied levé. Un « misunderstanding », qui devrait être vite corrigé par la délégation officielle (BCT, ministères de l’Economie et ministère des Finances) qui devrait s’envoler la semaine prochaine aux USA pour assister aux réunions de printemps FMI-BM.

  • Des bonnes intentions de Saïed, pour lui-même et le pays ?

Prenant ainsi position de refus d’un accord, au moins tel qu’on le connaît jusque-là, Kais Saïed semble prendre le total contre-pied de sa cheffe du gouvernement, de son ministre de l’Economie et du développement, et du gouverneur de la BCT, et même de sa ministre des Finances qui avait dit toute sa joie lors de l’obtention du « Staff Level Agreement » du FMI. Et on suppose que pour ruer ainsi dans les brancards, le chef de tout l’Etat ait ses raisons, et qu’il a peut-être des raisons propres de s’en prendre au FMI. Et parlant des raisons d’un tel revirement de Saïed, certains analystes spéculent sur un possible soutien financier algérien, dont Saïed aurait eu la garantie de la part du président algérien Tebboune. Au cours de sa dernière interview sur Al Jazeera, ce dernier a en effet promis un soutien sans vouloir en indiquer la nature. Un soutien, qui fait craindre à certains, trop de dépendance vis-à-vis de l’Algérie.

Or, comme lorsqu’il fustigeait l’immigration irrégulière et se faisait accuser de racisme, en pensant bien agir dans l’affaire du FMI, on peut néanmoins obtenir un effet contraire. Le premier de ces effets de papillon, c’est le plongeon des obligations tunisiennes, des obligations qui ne représenteraient en fait que 20 % de la dette extérieure. Les experts relativisent cependant cette réaction et soutiennent que c’est une réaction d’un marché (celui des obligations), généralement réputé très volatile.

Ce qui nous semble certain, c’est que les bonnes intentions y étaient de la part du chef de tout l’Etat. Celle d’abord de vouloir éviter que la suppression de subventions comme le voulait le FMI n’aboutisse à un « collapse social » comme celui de 1984. Celle ensuite d’essayer d’imposer un rythme de réforme propre à la conjoncture tunisienne.

Et on pourrait même pousser l’analyse jusqu’à dire que sa révolte contre le diktat du FMI et de l’Union Européenne d’exiger que Saïed signe lui-même l’accord avec le FMI, pourrait résulter d’une bonne intention de passer au comportement démocratique de passage par l’ARP, et non plus par décret présidentiel. Cela, même si le doute est permis qu’il veuille  peut-être, ce faisant, éviter d’endosser tout seul un possible sursaut social contre les réformes, qui pourrait lui créer des problèmes pour les prochaines élections présidentielles.

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