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Le donneur de leçons de la 25ème heure (بعد ما اتخذ شرا مكحلة)

Interrogé sur l’action de son successeur pour la composition du nouveau gouvernement, le démissionnaire Elyes Fakhfakh en profite pour faire encore parler de lui et jouer les donneurs de leçons. « Le processus est politique par excellence, et la réforme économique et sociale nécessite l’assainissement  du climat politique et sa moralisation », mettant en garde dans ce contexte contre « le mépris continu des intérêts suprêmes de l’État, dans un climat qui se caractérise par les rumeurs, les fausses informations et les accusations de traîtrise de la part de ceux qui sont aux aguets et en embuscade sur le chemin de la démocratie et de la construction ».

On croirait à peine entendre un ancien chef de gouvernement qui n’avait rien fait pour épurer le climat politique, lorsqu’il le pouvait, notamment avec son principal partenaire qui sera celui qui le mettra dehors. On croirait aussi qu’on était en présence d’un chef de gouvernement qui avait su faire la part des choses entre ses propres affaires et celles de l’Etat, et qui avait su être un homme d’Etat et non un homme d’affaires. Il est vrai, cependant, qu’on ne trouverait pas mieux que lui pour parler de traîtrise, après ce que lui a fait endurer Ennahdha, partenaire de son pouvoir.

« Il y a actuellement un parlement fait de partis politiques. L’opération [Ndlr : la composition du nouveau gouvernement] doit  faire l’objet d’un consensus. Cela, je l’ai dit à Si Hichem [Ndlr : Mechichi] et lui ai conseillé de trouver pour cela la solution. Un gouvernement de technocrates, pourquoi pas, mais qui doit faire l’objet de consensus. Comment, je ne sais pas », disait l’ancien Ettakattol, qui oubliait qu’il n’y avait pas réussi lui-même avec Ennahdha, et peut-être réussi avec Ettayar et le MP, mais juste sur le fait de relancer une confiscation qui n’avait rien rapporté, et de relancer la cabale contre les hommes d’affaires.

« Aujourd’hui, je vois beaucoup d’aventuriers [Ndlr : A qui s’adressait-il donc ? A Mechichi ou à Saïed ?]. Qu’ils le fassent, mais pas avec le pays », a poursuivi Elyes Fakhfakh, qui avait pourtant accepté le poste de chef de gouvernement, en vrai aventurier, sachant pertinemment que la scène politique était fondamentalement divisée, et ne fera pas de concession sur l’objet de leur entrée en politique, qui a été de partager le pouvoir avec lui. Force est ainsi de constater que ce que nous apprenons des leçons données par l’ancien chef de gouvernement, est qu’il n’a pas lui-même tiré les leçons de celui qui lui en avait donné à son départ de La Kasbah, celle que la politique du consensus n’avait servi qu’Ennahdha. Béji Caïed Essebssi l’avait appris à son corps défendant.

A la sortie du bureau du président du parlement tunisien, la semaine dernière, Fakhfakh s’était aussi adressé à tous les acteurs politiques, les exhortant  à « lancer un dialogue sérieux sur des questions brûlantes telles que la Cour constitutionnelle et l’amendement de la loi électorale ». Peut-être pris de court par le Covid-19 qui a infecté ses affaires et celles de tout l’Etat, il n’avait cependant rien fait de ce qu’il prêche, désormais hors du pouvoir.

La Cour Constitutionnelle reste toujours un rêve car devenue cauchemar, la réforme de la loi électorale une chimère, et la réforme de la Constitution un vœu pieux. Et quand bien même aurait-il voulu y toucher, son cher partenaire islamiste au pouvoir ne le lui aurait pas permis. Il le savait déjà, et Ennahdha parlait déjà de son départ après quelques mois du vote de confiance pour son gouvernement.
Il n’avait pas, non plus, fait grand-chose contre le pouvoir des gangs contre lesquels il met désormais en garde son successeur. Mais sans préciser quels genres de gangs, politiques, financiers, ou ceux qui font désormais la guerre aux agents de la Douane et même à l’armée, à armes égales.

On ne se rappelle pourtant pas qu’il ait un jour pris une quelconque mesure contre eux, ni lorsqu’il était ministre des Finances de Hammadi Jbali, ni lorsqu’il légiférait par décrets-lois au nom du Covid. Quant aux fausses informations, Elyes Fakhfakh devrait passer en revue tout ce qu’il a dit et tout ce qui avait été dit sur ce qu’on appelle depuis, le « Fakhfakh-Gate » !

Un dicton disait que « si les donneurs de leçons pouvaient commencer à se les appliquer à eux-mêmes, on les entendrait moins », les leçons.

Ensuite, manifestement réveillé de son petit somme de chargé des affaires courantes bercé par le climatiseur de La Kasbah, Fakhfakh se rappelle qu’il avait encore quelques lois à passer avant de s’en aller. Or, il ne parlait pas du budget de l’Etat 2021, ni de la loi de finance complémentaire 2020, ni même de la loi d’urgence économique mort-née. Demandant au président du perchoir d’organiser une session parlementaire extraordinaire, il avait évoqué un projet de loi pour l’intégration du marché parallèle, la lutte contre la contrebande, et un nouveau crédit de la BAD. Se croirait-il encore chef de gouvernement, ou tenterait-il enfin de laisser une quelconque trace de son passage au pouvoir autre que celle  de conflit d’intérêts, l’affaire des masques, celle des sacs de ciment de son ministre de l’Industrie, et celle de la Q5 de son ministre du Transport et qui ne serait pas la dernière ?
Un autre dicton, non moins célèbre, disait que « les donneurs de leçons pullulent, les montreurs d’exemples sont rares »

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1 COMMENTAIRE

  1. Le « consensus », un mot répété par les politicards depuis 2014 est devenu synonyme de cauchemar.
    Le consensus, selon leur définition veut dire: « donne-moi tel ministère ou tel poste, je te cède tel ministère ou tel poste »
    Il s’est avéré par la suite que tous les gouvernements pléthoriques formés, suite à un « consensus » n’ont pu entamer aucune réforme, ni réalisé aucun projet, car chaque ministre travaille sur l’agenda de son parti, et non sur l’intérêt général du pays.
    Ainsi on s’est trouvé avec des ministères qui ne collaborent pas entre eux, mais se contredisent souvent, au dépend des intérêts supérieurs du pays

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