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Le nouveau « boulot » des «Ex»

Il ne se passe presque pas une semaine sans que les entreprises tunisiennes cotées en bourse ne publient des communiqués où ils proposent concours, certainement sur dossiers, pour « recruter » des membres pour leurs conseils d’administration. Ceux qui y accèdent sont généralement de hauts cadres de l’administration, d’anciens DG de banques, et même d’anciens ministres. Ils le font certainement par hobbies et grâce à leur disponibilité dans un pays où l’administration n’a jamais voulu développer la méritocratie.

  • D’anciens hauts cadres renvoyés sans ménagement, que le privé récupère

Le secteur privé vient donc y puiser, mais pas pour des clopinettes, car ils sont assez bien rémunérés, parfois en plus d’un poste à la fois, et parfois même passant de DG à membre du ou des conseils, car le privé sait conserver les compétences, et que le secteur public les utilise et les jette, parfois comme les impropres ou les incompétents qu’ils n’ont jamais été.

Des renvois, toujours par des communiqués laconiques, sans aucun égard à leurs réalisations, des critères dont tient par contre compte le secteur privé pour les replacer ailleurs dans le même groupe, alors que dans le public, c’est parfois même des mises au chômage en prenant un malin plaisir à entacher leurs réputations, et celles de leurs familles, par des « fuites » de fake news à propos de prétendues soupçons de supposé « Fassed ».

Deux anciens ministres font actuellement, ainsi par  exemple, le bonheur du cabinet KPMG à Tunis. Un ancien vice-gouverneur de la BCT est dans le conseil d’administration de la BT, l’ancien excellent ministre Afif Chelbi est dans celui de la Biat, tout comme son collègue des temps anciens Tahar Sioud. L’ancien Pdg de Tunisair Nabil Chattaoui est désormais chez Monoprix, où avait été Fadhel Kraiem avant lui lorsque TT l’avait renvoyé, et après qu’il ne se retrouve ministre des Tics, malaimé par l’actuel chef de tout l’Etat.

  • Les belles « planques » des conseils d’administration

Les sociétés cotées, aussi, sont à la recherche d’anciennes compétences délaissées et parfois dénigrées par une Administration ingrate, et de connaisseurs des rouages et des occupants de cette Administration, pour en faire de valeureux conseillers, et tout au moins de véritables experts aux qualifications desquels on peut réellement se confier.

Mohamed Souilem, ancien haut cadre de la BCT où il était DG de la politique monétaire, est ainsi devenu administrateur indépendant à l’UIB. Mohamed Ali Ayed, ancien DG d’entreprises immobilières dans le secteur public et ancien haut cadre du ministère des Finances, y est aussi en représentant des petits actionnaires. On ne sait pourtant pas s’il détient des actions à l’UIB.

D’anciens ministres d’un Etat qui était alors encore attractif pour les compétences tunisiennes à l’étranger, s’étaient laissés berner par les sirènes du patriotisme, pour le regretter ensuite (au moins pour certains) et retourner dare-dare à leurs propres affaires à l’étranger.

A 27 ans, il était déjà chez Total où il était chargé de « résoudre des problématiques techniques et organisationnelles complexes dans des sites européens, américains et asiatiques ». Entre 2004 et 2006, l’ingénieur Elyes Fakhfakh commet l’erreur de faire de la politique. Il est deux fois ministres et accède même au poste de chef de gouvernement, devient même présidentiable, et se voit accusé de conflit d’intérêts, pour en être finalement lavé de tout soupçon par la justice en mai 2022.

Le fondateur du prestigieux cabinet de conseil en transformation par la Technologie, Talan, Mehdi Houas, n’a pas tenu le coup plus d’un an pour se résigner à reprendre les rênes de sa propre entreprise, après un passage aux gouvernements Mohamed Ghannouchi et BCE.

Tout comme lui, des compétences comme Mehdi Jomaa qui fait désormais profil bas, ou Nizar Yaïche qui s’en est retourné prêcher la bonne parole ailleurs, n’avaient pas pu tenir le coup dans la Tunisie Post-Révolution en mode « Suspicious Mind », et dont les actuels gouvernants font désormais un mode de gouvernance, quitte à bloquer l’administration, déjà psychorigide, par la peur de prendre toute décision, et la vider ainsi de ses compétences.

  • Azzabi, Ben Hammouda, Souilem et Ladjimi, de belles reprises pour le privé qui apprécie

Ancien du PNUD et de la commission économique pour l’Afrique, et ancien ministre des Finances en Tunisie, Hakim Ben Hammouda, ainsi que l’ancien ministre du Développement Slim Azzabi qui avait aussi travaillé à la Biat, à la Dresdner Bank et à la Banque Mondiale, se retrouvent administrateurs chez Comar où le montant brut des jetons de présence est de 200.000 DT pour 2023.

Ancien DG de la Biat et excellent analyste financier dans une société d’intermédiation boursière,

Slah Ladjimi est membre du CA de Oddo Tunisie, Comar, Assurance Hayett, Amen santé, Enda Tamweel et administrateur auprès Délice Danone & Smart. Imaginez l’apport pour ces entreprises, d’une tête aussi bien faite et bien-pensante.

Attijari Bank garde toujours dans son conseil d’administration Moncef Chaffar, un ancien de la BCT des années 90, qui était déjà à la tête du CA de l’ancienne Banque du Sud que la banque marocaine de droit tunisien avait ensuite rachetée. Devenue QNB après des dizaines d’années de TQB, la banque qatarie avait pu débaucher l’ancien DG de la STB publique, et qui fait depuis le chasseur de têtes pour ses nouveaux employeurs. Communicateur hors-pair, et ancien de l’UIB passé par la suite à la tête de la BNA où son mandat avait été fort remarqué, Habib Belhaj Gouider est aussi allé occuper quelques sièges de conseils d’administrations d’entreprises privées pour y faire étalage de ses compétences dont ne voulait plus le secteur public.

Dirigée par Khaled Fakhfakh, la Compagnie internationale arabe de tourisme (CIAT) a tout récemment enregistré l’entrée dans son capital de l’ancien ministre des Finances Ali Kooli que le chef de tout l’Etat traitait presque de voleur. Les deux anciens DG de banques, Ahmed Rjiba qui était à la BH et à l’ATB, et Mondher Lakhal qui était à la BNA, finiront par ouvrir des cabinets conseils, comme un autre DG de la BNA parti travailler à l’étranger.

Une de nos lectrices l’écrivait depuis 2018, « Tunisie : Tu la quittes, tu pleures. Tu y restes, tu regrettes ! ». Jeunes et Startupers ont appris la leçon et prennent le large, légalement comme les pros des Tics, les médecins et autres professionnels de la santé, ou illégalement comme les « Harragas » de tous bords. Le reste patauge dans une médiocratie volontairement bien entretenue et dont on ne demande que l’allégeance, ou sont des compétences bien cadrées et balisées par la peur.

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