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Le gap hydrique se profile

Les deux rives de la Méditerranée devraient coopérer face aux défis croissants liés à l’eau, ont souligné la majorité des intervenants à l’ouverture du 5ème Forum méditerranéen sur l’eau, dont les travaux ont été abrités, cette semaine, par la Tunisie.
Le monde arabe est l’une des régions les plus exposées au problème de rareté de l’eau dont les ressources disponibles cette région ne dépassent pas les 260 milliard de m3 contre des besoins beaucoup plus élevés, a fait savoir Nasreddine Elabid, directeur général du Centre arabe pour l’étude des zones arides et des terres sèches.

« A l’horizon 2030, les pays arabes, dont les besoins en eau sont en croissance continue, feront face à un gap hydrique estimé à 127 milliards de M3 ».
D’après lui, en 2023, la part moyenne d’eau disponible par habitant dans la région arabe est aux alentours de 550 m3. Cette part évaluée à peine à 400 m3 en Tunisie, ne dépasse pas 200 m3 dans 8 pays arabes et 100 m3 dans six autres pays.

Cette pénurie, exacerbée par l’impact des conflits dans la région et des changements climatiques, selon Elabid, est devenue une véritable menace pour la sécurité de la région.
Par ailleurs, si l’eau est un bien commun et si le sixième objectif des ODD vise « un accès universel et équitable à l’eau potable, à l’hygiène et à l’assainissement d’ici 2030, en particulier pour les populations vulnérables », certaines populations sont totalement privées de ce droit. C’est le cas de la population à Gaza, dont la situation est qualifiée de « catastrophique » par le secrétaire général adjoint au secrétariat de l’Union pour la Méditerranée, Almotaz Abadi.

Le président de l’Institut méditerranéen de l’eau, Alain Meyssonnier, a souligné, pour sa part, l’impératif pour les deux rives de coopérer pour faire face aux défis liés à l’eau.
« En quelques années, nous sommes passés de l’abondance à la pénurie. La différence se rétrécit entre le nord et le sud de la Méditerranée en matière de ressources en eau, d’où l’importance de se mettre ensemble au travail pour faire face à cette pénurie »
Malgré la situation alarmante des ressources hydriques dans la méditerranée, Meyssonnier, a dressé trois constats encourageants. « Les solutions existent, sachons les prioriser ensemble pour réussir à les mettre œuvre. Une prise de conscience est de plus en plus manifeste quant à cette situation aussi bien par les entreprises que par les citoyens des différents pays. L’implication de la jeunesse dans la résolution des défis liés à l’eau est aussi un facteur très important, car c’est à la jeunesse qu’appartient la mise en œuvre des solutions et des réponses » a-t-il noté.

Halte au pillage !

Pour Loïc Fauchon, Président du Conseil mondial de l’eau « l’eau est actuellement attaquée. Et si l’eau est attaquée, c’est toute la planète qui est en souffrance ».
« Pour de nombreuses années on a départagé l’homme et la nature et on s’est adonné à un pillage prolongé des ressources. Aujourd’hui nous sommes face à trois priorités : trouver l’eau nécessaire pour la nature, l’eau nécessaire pour la santé et l’eau nécessaire pour la nourriture », a-t-il souligné.

«Pour ce faire, il va falloir accroître l’offre à travers plusieurs techniques, dont le dessalement, le recyclage des eaux usées et mieux maîtriser la demande (digitalisation des modes de gestion, évolution des comportements…) », a encore précisé la même source.

Tunisie, une conjonction de défis majeurs

La Tunisie est l’un des pays les plus touchés par cette pénurie avec une part par habitant estimée à 385 m3/an/ha contre 1 000 m3 (moyenne internationale). La ministre de l’Environnement, Leila Chikhaoui a averti que les ressources en eaux souterraines en Tunisie baisseraient de 50 % d’ici 2050 avec un risque de perte de 800 000 hectares de forêts arborées non irriguées, notamment dans le centre et le sud du pays d’ici 2030.
Le pays sera également confronté à une diminution de la superficie des cultures céréalières de 30% d’ici 2030 ainsi qu’à un risque de salinisation des eaux souterraines de 30% d’ici 2050 et un déclin de la biodiversité aussi bien terrestre que marine. Voilà pourquoi la gestion intelligente de la ressource en eau a rang de solution impérative pour s’adapter au réchauffement de la planète et pourrait à la fois contribuer à réduire les émissions de gaz à effet de serre, renforcer la résilience des populations, protéger la biodiversité et garantir la sécurité alimentaire et énergétique.

« Dans sa quête d’un développement durable inclusif et intégré et ne laissant personne pour compte, la Tunisie doit surmonter plusieurs défis, dont celui de la gestion de l’eau, et ce dans le cadre de la Stratégie nationale de transition écologique (SNTE), a-t-elle souligné.
« Certaines des mesures préconisées par la SNTE portent sur la mise en place de politiques efficaces de gestion de l’eau, notamment la mobilisation et la protection des ressources hydrauliques, le dessalement de l’eau de mer, ou encore la généralisation de la réutilisation des eaux usées traitées, et ce, en parfaite cohérence et synergie avec la Stratégie nationale Eau 2050 », a soutenu la ministre.

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