AccueilLa UNELe « I can't breathe » à la tunisienne

Le « I can’t breathe » à la tunisienne

Ce n’est pas la même conjoncture du cri américain, où une personne rendait l’âme  en criant « I can’t breathe » asphyxié sous le poids du genou d’un policier, mais mort il y a eu aussi en Tunisie. Et si ce n’est pas au cours des énormes bousculades pendant les « Open Days vaccin », dont Hichem Mechichi a dégagé hier sa responsabilité et tout mis sur le dos de son ministre, la déferlante des contaminations ne saurait passer sans une nouvelle cohorte de décès du Covid-19 en Tunisie aussi.

En plein pic de la pandémie du Covid-19, et au 2ème jour de l’Aïd El Kébir et 129ème jour de campagne de vaccination (937.098 personnes ayant terminé tout le schéma de vaccination), le chef du gouvernement tunisien démet, une seconde fois, son ministre de la Santé. Dès le lendemain, 21 juillet 2021, le chef de l’Etat criait, lui aussi au crime et au complot sur la chaîne Al Arabiya, se demandant qui a rassemblé tous ces jeunes, à la même heure, et dans quel objectif ?

–          La Tunisie respire mal

Principal motif du renvoi de Faouzi Mehdi, à en croire les explications hier du chef du gouvernement qui sont une première du genre, le manque d’oxygène. Afin de comprendre le  pourquoi de cette crise d’oxygène, il faut savoir que la Tunisie compte deux industriels pour la fabrication de l’oxygène, et ce pour une consommation journalière hors Covid de 100 000 litres. Or, la consommation actuelle journalière, au 18 juillet 2021 par exemple, aurait été de l’ordre de 240 000 litres par jour, ce qui donne un déficit  de 140 000 litres par jour.

Pour pallier ce déficit, il y a deux moyens, soit des concentrateurs industriels dans les hôpitaux, cliniques et centres de soins, soit des concentrateurs d’oxygène individuels, à domicile ou en hôpital.

Il existe en Tunisie 15 entreprises qui mettent en location des concentrateurs d’oxygène, à un prix pondéré de 75 DT TTC par jour. On note cependant une rupture de l’offre de location ces derniers jours. Toutefois, sur le web on peut toujours acheter ou louer des concentrateurs neufs ou usagés.

Il y a même un marché noir qui fleurit en la matière. Plusieurs concentrateurs sont importés illégalement de pays voisins, et écoulés sur le marché noir et certains ne sont pas aux normes. Il faudra savoir qu’un concentrateur d’oxygène certifié, a un taux de productivité d’oxygène qui dépasse les 95 %, alors que pour certains appareils importés illégalement, ce taux baisse autour de 50 %, ce qui expose la vie du malade au danger de saturation.

Il faudra en plus noter deux points. Le premier est que les personnes qui louent ces appareils, ne veulent plus les rendre, et prolongent de ce fait la location même en cas de non utilisation, et ce pour parer à une maladie d’un membre de la famille, ce qui montre l’égoïsme de plusieurs Tunisiens.

Le second, c’est que les entreprises qui font la vente ou la location des appareils, ne veulent pas se lancer dans de grandes opérations d’achat en équipements, estimant qu’il s’agit d’une crise passagère, et donc d’une rentabilité à moyen et long terme qui n’est pas acquise.

–          Crise d’oxygène pour Mechichi aussi, et il « breathe» mal !

La crise de l’oxygène sera-t-elle pour autant finie avec le départ de Faouzi Mehdi ? Manifestement pas, puisque les réseaux sociaux bruissent toujours en Tunisie de « cris » d’alarme, dans  tel ou tel hôpital, sans compter les cliniques privées, car leurs fournisseurs locaux ont tout mis à la disposition du secteur public, et ce dernier mettra toutes ses réserves, y compris toute l’aide internationale en matière d’oxygène, sous le contrôle des militaires, eux-mêmes sous tutelle directe du chef de l’Etat !

Ce dernier n’a pas encore réagi à la démission du militaire Faouzi Mehdi, ni au nouveau poste de ministre par intérim que le chef du gouvernement Hichem Mechichi a encore créé, dans un gouvernement dont la composition finale n’a toujours pas l’aval de Kais Saïed.

Sous Covid-19, le gouvernement respire mal, et son oxygène restait toujours en juillet, entre les mains d’un chef d’Etat qui n’a pas encore dit son dernier mot !

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