Nul ne pourrait mettre en doute le fait que le ministre du Tourisme se démène «comme un beau diable », pour faire la promotion du tourisme tunisien. Le jeune ministre lui consacre même plus de temps que le commerce, qui est pourtant la seconde importante composante de son département.
Le ministre, qui se révèle être bon communicateur en langue arabe comme en langue française, est de tous les plateaux TV, à l’intérieur [sauf la TV nationale] comme à l’extérieur où on a beaucoup apprécié sa dernière prestation au Télé-matin de France2.
Sa dernière tentative était d’essayer de convaincre les pays européens qui n’ont pas encore levé totalement les restrictions de voyage de leurs citoyens sur toutes les régions touristiques de la Tunisie de le faire. Il a pour cela invité quelque 37 ambassadeurs et représentants diplomatiques en Tunisie, accompagnés de médias étrangers et locaux, à un « thé au Sahara » (fim de Bertolucci), pour leur démontrer le retour complet du calme dans la Tunisie de la Révolution. Pendant deux jours à Tozeur, démonstration a ainsi été faite que la sécurité règne même dans le désert, du fin fond de «Ong-Jmel » jusque dans les dunes lointaines de Douz. Mehdi Houas a eu raison, jusqu’à Souk Lahad où une mauvaise gestion sécuritaire a presque fait tomber dans l’eau une belle et charmeuse campagne de communication qui aura coûté plus que 150 mille DT. Il se consolera des impressions, à vif, de ces diplomates dont le désormais fameux Boris le français, sans voir les rapports confidentiels qu’ils enverront à leurs départements respectifs. On attendra, pour notre part, les probables annonces de levée de restriction de voyage sur les Sud tunisien pour juger de la réussite de cette belle et louable initiative du ministre Houas.
Dynamique, faisant feu de tout bois, Houas s’énerve pourtant et reste dans le flou !
Mehdi Houas n’a pourtant pas que ce défi-là à relever. Le ministre du Tourisme (…et du Commerce), avait pris l’engagement devant le Premier ministre et devant témoins, à l’occasion de la première conférence de presse de Caïed Essebssi, de finir l’année 2011 avec 7 millions de touristes et d’assurer ainsi le sauvetage d’une saison touristique tunisienne qu’il qualifiera par la suite, à la manière de Cassandre peut-être, de «catastrophique». Au 20 mars de cette année, la baisse en entrées touristiques était de 50 %, selon le secrétaire d’Etat en charge du tourisme. Plus optimiste, le ministre n’en avouera, au cours d’une conférence de presse au pied-levé le 27 mars à Tozeur, que «une quarantaine » en pourcentage. Il dira quand même que le manque en réservations est de 70 % !
Son ministère dispose désormais d’un budget de communication de 60 MDT qui pourrait même doubler, le ministre des Finances étant d’accord, si besoin est. Mais cela ne semble pourtant pas être l’urgence, même si la communication est toujours utile quand bien même ses fruits viendraient par la suite, mais jamais en retard. En l’état actuel des choses, le tourisme tunisien a trois problèmes.
D’abord la Libye et ses réfugiés presqu’au Sahara tunisien. Ceci créé par l’amalgame dans l’esprit du touriste moyen venu passer des vacances en famille, entre tous les pays de la région. Par simple réflexe, il ira donc ailleurs. Il y a ensuite le problème du transport. Les réservations, en la matière par les TO, sont généralement faites en novembre et simplement confirmées en avril pour le paiement. Les TO, qui annoncent déjà de grosses pertes sur les destinations Tunisie et Egypte, seraient ainsi dans une démarche de réduction des risques par réduction des réservations. Résultat, un problème de transport de touristes, quand bien même ils seraient partants pour un voyage sur la Tunisie. Il faudra donc aider les transporteurs locaux. Ces derniers le demandent. Questionné à ce propos par nos soins à l’occasion de la conférence de presse, le ministre préfère rester dans le flou. « On y travaille et on présentera des solutions », dira-t-il un peu énervé même par nos questions. Même impression, lorsque nous lui posions la question sur le détail par marché de dépense des 60 MDT. «Je ne veux pas être polémique », se limitera-t-il à nous dire. Tout aussi flou, lorsqu’il répondra à un journaliste algérien présent qui voulait connaître le détail des actions de promotions spécifiques destinées à l’Algérie qui seraient annoncées dans les 2 prochaines semaines.
Il y a enfin le problème du temps avec en prime aucune prise sur les évènements. Cela, franchement [et c’est là un commentaire de notre part], le ministre donne l’impression avec son optimisme qui refuse de souffrir d’aucun autre avis contraire, de ne pas en être conscient, maintenant mordicus son engagement de 7 millions de touristes en fin 2011. Cela était visible, lorsqu’il s’énerve et nous apostrophe à la sortie de la conférence de presse par un «vous voulez quoi ? Tout détruire ?». Cette réaction, presque d’un optimiste béat, nous y avons eu droit, lorsque nous lui avions rappelé qu’il était déjà venu en séance de travail à Tozeur pour, avait-il alors dit, «identifier les leviers d’action rapide pour sauver la saison touristique au Sahara», et qu’aucune incitation au tourisme local n’avait été annoncée pour contrebalancer l’absence de touristes étrangers. Au retour du ministre à Tozeur, nous avec lui en témoins, les hôtels de la région n’enregistraient pas même un honorable taux de remplissage !