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Le vrai du faux de la «non-déclaration» sur un nouvel accord avec le FMI

Le 8 janvier, trois hommes se réunissaient dans le bureau de Hichem Mechichi au ministère de l’Intérieur, pour une visio-conférence avec une équipe du FMI. Autour de l’écran, il y avait le chef du gouvernement, le super-ministre de l’Economie qui reprenait son travail après  une convalescence parisienne du Covid, et Abdessalem Abbassi, un universitaire de la faculté des sciences économiques de Nabeul et professeur associé dans le département de l’agroalimentaire au Québec, présent au titre de conseiller du chef du gouvernement.

–          Accord dans le cadre de l’article 4 qui n’est pas fait pour ?

De cette réunion virtuelle, l’équipe de communication de La Kasbah a sorti un communiqué de quatre petits paragraphes. Le dernier résumait tout, en laissant croire que le gouvernement tunisien et le FMI avaient « convenu, lors de cette réunion, de définir un programme de réforme économique bien précis, et qui soit conforme à la vision et aux priorités du gouvernement et à la mesure de ses capacités financières actuelles ».

On comprendrait donc que le gouvernement tunisien serait revenu dans les bonnes grâces du FMI, après avoir rompu au printemps 2020 avec le 1er de ses bailleurs de fonds. En octobre dernier déjà, Jérôme Vacher du FMI déclarait chez RTCI, que « on avait un programme de facilité élargie de crédit, mis en place en 2016 pour une période de quatre ans (…). Un programme auquel il a été mis fin au printemps dernier ».

On pourrait aussi comprendre que le gouvernement Mechichi aurait décidé de relancer le projet d’un nouvel accord avec le FMI. Celui d’Elyes Fakhfakh avait tenté de le faire avant de sortir par la petite porte de la Primature, sans y arriver et avait, à la fin, décidé d’y renoncer pour avoir d’urgence le crédit Covid, toujours du FMI.

–          Le FMI-Tunis n’a rien communiqué à ce propos !

Dans les deux cas, et à moins de jeux de mots de la part de ceux qui ont rédigé le communiqué à la Kasbah, rien de cela n’a été fait. « Si cela avait été fait, nous en aurions fait nous-mêmes communiqué », assure à Africanmanager une source sûre auprès de la délégation du FMI à Tunis. Et on ne retrouve rien à ce propos, sur le site de la représentation du FMI à Tunis.

Ancien négociateur pour le gouvernement de Youssef Chahed, l’ancien ministre Taoufik Rajhi, pense que c’est « une non-déclaration », ou plutôt une « déclaration politique » sans plus. Plus exactement, une déclaration d’intention, qui n’impactera en rien la future mobilisation des moyens nécessaires aubudget de 2021 et la nécessaire loi de finance complémentaire, promise pour février, mais tardera certainement au-delà du 1er trimestre 2021.

Ce que ne disait pas le communiqué, c’est que le gouvernement Mechichi et le FMI « travaillent en ce moment, dans le cadre d’une mission de « l’Article IV », dite aussi de consultation régulière avec tous les 190 membres du FMI, et qui n’est pas une mission de programme, mais de surveillance bilatérale, rien de plus », dit encore pour la précision, notre source.

–          Une entente sur quoi, sans MPEF validé par le FMI ?

Ce qu’on doit comprendre du dernier communiqué de la Primature, c’est que ce dernier n’était qu’une maladresse de communication, peut-être bâtie sur une incompréhension des outils de discussions avec le FMI. Un programme de soutien financier suppose l’élaboration d’une nouvelle feuille de route, dite MPEF (Mémorandum de Politique Economique et Financière) validé par le conseil d’administration du FMI. Le dernier du genre, avait été fait par l’ancien ministre Nizar Yaiche. Depuis, la conjoncture économique a beaucoup changé et s’est beaucoup détériorée, et la conjoncture politique nationale est sur le point de changer de nouveau, vers un nouveau palier d’instabilité (l’emploi qui aurait son propre ministère, et le développement qui se détacherait des finances).

Au mieux, on devrait comprendre que le chef du gouvernement qui est dans la tourmente ne voulait qu’envoyer un message à la population et la ceinture politique qui devra voter la confiance de son prochain remaniement, qu’il reprend la main, et qu’il s’occupe enfin de trouver l’argent pour sa politique.

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