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Les dés sont jetés pour 5 ans, et qui ouvrent la boîte de Pandore des Islamistes

C’est enfin fini. Quoique désenchantée lors des législatives, mais placée devant un choix cornélien, une importante partie de l’électorat tunisien (Plus de 50 %) a quand même voté. Tous semblaient avoir accepté l’élection de Saïed comme un destin du choix entre le pire et le moins pire. Même les observateurs, y compris ceux des deux candidats, étaient en grande partie absents des bureaux de vote, comme s’ils n’attendaient guère de grande surprise.

La Tunisie a élu, aujourd’hui dimanche 13 octobre 2019, son 8ème président depuis l’Indépendance, et le 6ème chef d’Etat de l’après Ben Ali, en tenant compte du président pour un seul et unique jour, Mohamed Ghannouchi, du président pour 2 mois Foued Mbazaa, et du président pour 3 mois Mohamed Ennaceur.

La Tunisie, dont Kais Saïed aura été le second président démocratiquement élu au suffrage universel après Béji Caïed Essebssi, n’a pas eu finalement le chef de l’Etat qu’il lui fallait, mais le président qu’elle méritait.

  • Une défaite annoncée, depuis vendredi à la Wataniya

Depuis vendredi, elle savait déjà que son tamis électoral n’avait laissé qu’un homme avec des idées qu’il ne savait pas expliquer, et un homme qui n’avait qu’une idée en tête et qu’il savait qu’il ne pourra pas la réaliser. Un refus de donner des promesses ou de faire des propositions, qui poserait presque la question de savoir «que vient-il faire» dans cette élection.

Nabil Karoui avait en fait perdu son pari depuis vendredi, dès la fin du grand débat. Sans doute était-il encore marqué par sa détention, mais il semblait déjà avoir perdu tout son éclat et sa superbe d’homme de télévision devant les caméras et même en face de son concurrent (Voir dans cette vidéo les postures des deux hommes).

Il avait aussi manqué de punch face à son concurrent et avait raté beaucoup d’occasions de le prendre à la gorge, tant ce concurrent avait prêté, de lui-même, le flanc à beaucoup de critiques qui auraient pu lui faire médiatiquement du mal.

Kais Saied était égal à lui-même, toujours aussi impénétrable et incompréhensible que le 1er jour, à essayer de dessiner, pour le peuple, un projet que ne percevaient que quelques jeunes emportés. Insondable, ésotérique jusqu’à devenir glauque avec la perspective, confirmée par Rached Ghannouchi lui-même, de devoir, bien malgré lui et à cause de son incapacité à réaliser son projet, de remettre le pouvoir entre les mains du parti islamiste Ennahdha.

Les Tunisiens viennent en effet d’élire un chef de l’Etat qui ne dispose pas de ceinture politique. Il en aura certes une, celle d’Ennahdha et de ses galaxies extrémistes, mais une ceinture pour le propre projet d’Ennahdha et non pour celui du chef de l’État. Ce dernier aura, au moins besoin pour y arriver, de revoir la grande majorité de la Constitution. Ennahdha ne le laissera pas faire et Rached Ghannouchi l’a déjà clairement annoncé.

Le leader islamiste tunisien aura, en emportant les législatives et en appuyant le concurrent de Nabil Karoui, tué le projet de Kais Saïed dans l’œuf. Il en fera ainsi un chef d’Etat qui ne pourra pas concrétiser son projet, presqu’un président pour rien. Beaucoup assurent que Saïed ne sera pas le «Tartour» qu’a été Moncef Marzouki. Certains comptent aussi sur Saïed, esprit cartésien du droit, pour veiller à la stricte application des lois, dans un pays où même l’Etat n’a plus d’autorité. Il y arrivera, peut-être, s’il parvient à s’entendre avec le chef du gouvernement qui sera Nahdhaoui, et si l’ARP le laissait faire, même si ayant au perchoir Rached Ghannouchi, car l’opposition sera grande et forte.

  • Le 13 octobre, une date à marquer d’une pierre blanche. «Ennahdha is back» !

Le 13 octobre de chaque année, le monde célébrait la journée internationale de la réduction des risques de catastrophe. Espérons que les Tunisiens auront su le faire à l’issue de cette élection, la 3ème en quelques mois. Ce qui est sûr, c’est que le seul «bénéficiaire» de ce scrutin, aura été le candidat recalé, Youssef Chahed. Comme Abir Moussi, qui avait tout misé sur le «tous contre Ennahdha», la campagne de Nabil Karoui avait été construite autour du «tous contre Youssef Chahed». L’un et l’autre auront, avec cette présidentielle anticipée, reçu une douloureuse claque, politique et personnelle.

Mais plus qu’eux deux, il y a toute la famille politique des «modernistes» et des «centristes». Plusieurs mois à se tirer allègrement dans les pattes, l’un l’autre, divisés, nombrilistes et dispersés, tous ont permis l’émergence des antisystèmes et d’un courant électoral fait de dégagisme. Seul à résister, «la foi des Islamistes» en leur projet de changer la Tunisie, et qui ont suivi la consigne de Rached Ghannouchi de voter en faveur de Saïed.

Les Islamistes avaient été obligés de quitter le pouvoir en mars 2013. Ils reprennent désormais le pouvoir, presque complet [Une ARP à la colombienne, et la Kasbah où il y aura un chef de gouvernement d’Ennahdha, comme l’a certifié Ghannouchi], avec un chef de l’Etat qu’ils pourront aisément cantonner à Carthage, en privant Kais Saïed de l’outil principal de son projet qu’est la révision de la Constitution, et pouvoir ainsi aisément mettre en œuvre son programme islamiste en Tunisie !

Avec les résultats des législatives, la très probable alliance d’Ennahdha avec El Karama notamment et l’élection d’un faucon à la tête d’Ennahdha après l’accès de Ghannouchi au perchoir, le résultat des présidentielles ouvre complètement la boîte de Pandore. Une boîte qui sera maintenue grande ouverte avec l’absence d’une cour constitutionnelle ! Et il est très peu probable qu’Ennahdha laisse Saïed en terminer la mise en place

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