AccueilLa UNELes États-Unis auraient-ils pu sauver la démocratie en Tunisie ?

Les États-Unis auraient-ils pu sauver la démocratie en Tunisie ?

Le président de la République, Kais Saied, qui a accédé au pouvoir en 2019 sur une vague de mépris populiste pour le gouvernement post-révolution, a pratiquement pulvérisé les institutions démocratiques du pays en seulement trois ans au pouvoir.  Alors pourquoi la révolution est-elle au point mort ? Et, ce qui est le plus important pour les décideurs américains, Washington aurait-il pu aider à la mener à bon port ?  Des interrogations  soulevées dans une analyse livrée par l’influent think tank américain « Responsible Statecraft ».

C’est  singulièrement l’une des questions les plus importantes auxquelles est confrontée la politique étrangère américaine aujourd’hui – ou du moins, elle devrait l’être, ajoute le groupe de réflexion, qui rappelle que, depuis son entrée en fonction l’année dernière, le président Joe Biden affirme que son principal objectif à l’étranger est de repousser une vague croissante d’autoritarisme.

Quelle est donc la principale leçon à tirer de la transition tunisienne ? Bien qu’il n’y ait pas de réponses faciles, beaucoup affirment que les problèmes de la politique américaine se résument à une erreur simple mais lourde de conséquences : Washington a mal évalué les moteurs fondamentaux de la révolution.

« Nous n’avons pas tiré beaucoup de leçons des transitions précédentes, qui montrent que vous avez vraiment besoin d’un grand soutien international », a soutenu Sarah Yerkes, chargée de recherche au Carnegie Endowment qui a travaillé sur la Tunisie au Département d’État au milieu des années 2010. « Je pense qu’une grosse erreur a été de ne pas reconnaître que la révolution était motivée par une frustration économique, et non par des revendications politiques. »

L’économie, une demande centrale

Contrairement à ses voisins, la Tunisie disposait de maints atouts dont notamment une armée faible et relativement indépendante, qui choisissait donc de ne pas attaquer les manifestants, et de  puissants groupes de la société civile capables de mobiliser de larges pans du pays. Mais rien n’a permis de répondre à la demande centrale de la révolution : améliorer la situation économique des Tunisiens moyens. Et, alors que la pandémie et d’autres crises internationales ont ravagé le pays, la situation économique n’a fait qu’empirer dans les années qui ont suivi.

Les États-Unis ont répondu aux problèmes de la Tunisie en augmentant l’aide économique (et sécuritaire) et en encourageant Tunis à demander des prêts au Fonds monétaire international. Les prêts et les promesses d’aide étaient assortis d’une série de conditions visant à transformer l’économie tunisienne en un système libéral, de marché libre, avec un petit secteur public – plus ou moins à l’opposé du système du pays avant 2011.

Il est vrai que Washington a eu peu de temps pour se concentrer sur la Tunisie avant que d’autres révolutions arabes, la montée d’ISIS et une série de guerres régionales n’arrachent des ressources et une attention importantes à ce pays relativement stable. De plus, comme l’a noté  Yerkes, les révoltes arabes ont eu lieu après la crise financière de 2008, qui a mis les donateurs internationaux dans l’embarras tandis qu’Obama devait répondre aux faucons budgétaires du Tea Party.

Néanmoins, il  est difficile d’ignorer le fait que l’aide américaine à la Tunisie était faible par rapport à ce que d’autres États ont obtenu des États-Unis ces dernières années. Au total, les États-Unis ont accordé à la Tunisie une aide de 1,4 milliard de dollars au cours de la dernière décennie. Cela correspond à ce que les États-Unis donnent à l’Égypte et à la Jordanie chaque année, et cela ne représente qu’environ 2 % de ce que Washington a fourni à l’Ukraine depuis février pour soutenir les efforts de Kiev pour défendre sa propre démocratie.

Du pain sur la planche !

Et la majeure partie de l’aide accordée par les États-Unis à la Tunisie était destinée à l’armée et aux services de sécurité du pays, comme l’a expliqué à Responsible Statecraft Fadil Aliriza, fondateur du média tunisien Meshkal et chercheur non résident au Middle East Institute. Si une série d’attaques au début des années 2010 a rendu une certaine aide nécessaire, Fadil Aliriza estime qu’elle n’aurait pas dû se faire au détriment d’autres formes d’assistance. » Les États-Unis ont vraiment donné la priorité à la relation de sécurité par rapport à d’autres choses « , a-t-il déclaré, ajoutant qu’aucune de ces priorités ne s’est traduite par des réformes sérieuses pour le secteur. Au lieu de cela, Aliriza affirme que les forces de sécurité du pays ont accru leur pouvoir.

Pour Washington,  les options sur la table se sont considérablement réduites depuis les premiers jours de la révolution. Depuis son entrée en fonction, Biden a adopté une approche douce face aux attaques de Saied contre le système politique tunisien. Notamment, Washington et ses alliés occidentaux ont choisi de ne pas accuser Saied de coup d’État lorsqu’il a fermé le parlement du pays et commencé à gouverner par décret.

Suite aux réactions des militants, l’équipe de Biden a commencé à adopter un ton public un peu plus ferme. Lorsque Saied a fait adopter une nouvelle constitution avec un soutien public décevant, le porte-parole du département d’État, Ned Price, a fait état de « préoccupations généralisées » en Tunisie à propos de cette initiative et a laissé entendre que le document permettrait des violations des droits de l’homme.

Les experts et les activistes sont maintenant divisés sur la façon dont Washington devrait traiter avec Saied. Les principales questions tournent autour de la poursuite de l’aide au gouvernement et du soutien à un nouvel accord provisoire du FMI, qui enverrait 1,9 milliard de dollars à Tunis afin d’aider à stabiliser la situation économique et à poursuivre les réformes.

En fait, les  États-Unis n’ont plus que de mauvais choix. L’option la moins douloureuse serait de conditionner l’aide à la sécurité au fait que les militaires ne se mêlent pas de la politique, mais même cela entraînerait sûrement des coûts pour la présence militaire américaine dans la région.Ainsi, onze ans seulement après avoir chassé leur dernier dictateur, les Tunisiens ont une fois de plus du pain sur la planche, conclut Responsible Statecraft.

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1 COMMENTAIRE

  1. Cette putin de yerkes veut nous faire croire que le coup d’état de 2010 était une révolution yerkes veux nous faire croire que enahda le parti terroristes était des démocrate lollll vive kaïs saïd est vive le coup de force

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