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L’homme qui pointe les défaillances

Il se passe rarement une semaine sans que l’Administration tunisienne ne soit prise à partie par le chef de tout l’Etat tunisien, l’accusant presque de tous les maux du pays. Officiellement, la numérisation est présentée comme le remède magique à tous ces maux, et il y a même tout un ministère qui devrait y veiller. Mais le 28ème rapport du Haut Comité de Contrôle Administratif et Financier (HCCAF), donne des raisons d’en douter.

Questionné par Africanmanager, à l’occasion de son dernier rapport sur les plus grosses défaillances relevées, le président de la HCCAF Imed Hazgui, a indiqué que « la plus grosse est dans la faiblesse, sinon parfois l’inexistence des systèmes d’information au niveau des structures publiques, et surtout, la non-intégration des systèmes d’information, surtout dans les structure de FrontOffice, ensuite l’absence d’interactivité de tous ses systèmes d’information ».

  • Des ministères et des institutions, déconnectées les unes des autres

Imed Hazgui cite ainsi l’exemple « au ministère des Finances, entre les DG du contrôle fiscal et la DG du contrôle public, et la DG de la Douane, toutes dépendant du même ministère, ne sont pas interconnectées, et le restent, malgré l’existence d’un arsenal juridique, comme celui, depuis 2020, le décret concernant l’échange électronique des informations, la plateforme nationale d’interconnexion des structures publiques qui n’a jamais fonctionné ». Et selon les constatations des limiers du HCCAF, « jusqu’à présent, les administrations et les structures publiques préfèrent recourir à des accords bilatéraux pour déterminer ce qui peut être échangé ».

Et c’est la même chose entre les différentes structures de sécurité sociale, CNSS, CNRPS et CNAM. C’est  le plus grand handicap, et fait perdre énormément d’argent à l’Etat et l’empêche aussi de gagner de l’argent.

« Plus grave encore, la perte des compétences informatiques nécessaires par le secteur public, où même ceux qui ont été formés fuient le secteur public, qui peine désormais à trouver un simple technicien informatique ou à en débaucher un », souligne Hazgui. Et on se demande comment alors développer l’inter-connectivité entre les différentes structures de l’Administration publique et développer les systèmes d’information, alors qu’on n’arrive plus à attirer les compétences nécessaires.

  • Des textes qui ne sont jamais entrés en exécution

Le président du HCCAF rappelle que pour lutter contre l’économie informelle, on avait mis place en 2020 le statut de l’autoentrepreneur qui devait attirer une grande majorité de ceux qui y travaillent par refus d’intégrer l’actuel système fiscal, ou qui ne peuvent tenir comptabilité, d’intégrer l’économie officielle à travers une plateforme d’inscription pour les autoentrepreneur, et on avait évoqué la constitution d’un registre des autoentrepreneurs.

« Or, ce texte n’a jamais été mis en exécution, et cette plateforme n’a pas encore été mise en place, et le RNE ne dispose toujours pas d’un tel registre » affirme Imed Hazgui, en expliquant que « tout cela est dû à la lenteur de la réactivité des structures publiques et la mise en place des réformes réelles. Pour moi, le plus grand handicap au développement des services publics et l’allègement des procédures, reste le chantier de l’informatisation massive, la numérisation et la mise en ligne des services publics ».

Et le président du HCCAF d’enfoncer le clou, en faisant remarquer qu’en matière d’outils organisationnels utilisés par toutes les structures publiques comme les organigrammes, les manuels de procédure, les fiches-fonctions au niveau des entreprises publiques qui permettent de délimiter les responsabilités et déterminent qui fait quoi, sont à 95 %, soit dépassés, soit inexistants. « C’est aussi le cas, malheureusement, des structures d’audit et de contrôle interne, qui sont soit inexistants soit très mal outillés, ou manquant des compétences nécessaires au niveau des entreprises publiques notamment. Ce sont là, à mon sens, des choses qui font mal et sur lesquels il est grand temps de se pencher ».

Le diagnostic établi par les équipes du HCCAF pointe aussi le système de la gestion des RH à revoir, et dénonce le fait que 90 % des entreprises publiques n’ont pas d’états financiers approuvés et publiés dans les délais légaux, et accusent parfois des retards de publication de 4 à 5 ans. « Et tout cela empêche d’avoir une idée réelle et actualisée sur la situation des entreprises publiques », en citant l’exemple de « la Radio depuis 2013, et depuis 2015 pour la TV nationale sans états financiers, ce qui est une aberration »

  • Sama Dubaï et Ellouhoum

Lors de l’entretien avec le président du HCCAF, Imed Hazgui a aussi évoqué d’autres dossiers passés au contrôle, et qu’il considère  comme « un énorme gâchis », le cas du projet du Lac Sud de Tunis, détourné d’entre les mains de la « Septs » une entreprise à participation publique tunisienne vers la société émiratie « Sama Dubaï » par les Trabelsi dans un marché sur 900 hectares au Dinar symbolique, sans appel d’offres et y avaient pris leurs commissions. « Le projet aux arrêts et dans l’impasse, alors que l’entreprise tunisienne qui devait initialement le prendre, est maintenue en vie par l’Etat qui y injecte toujours de l’argent ». Un dossier à propos duquel le HCCAF a fait plusieurs rappels, et qui reste irrésolu, bloquant l’utilisation par l’Etat de tous les terrains environnants. Et aussi, les 12 MDT de pertes dont ne se relève toujours pas la société Ellouhoum dans l’affaire de l’importation de la viande de mouton de Roumanie et tous les dépassements qui l’avaient accompagnée depuis 12 ans en justice.

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1 COMMENTAIRE

  1. C’est pour la première fois que je lis un texte valable et réel écrit et développé par monsieur Boumiza, Tout ce qui a été dit est vrai, il fallait suivre ces défaillances énumérées et corriger. C’est pratiquement l’affaire du Chef du gouvernement qui devrait avoir plus de synergie pour mettre en place les mécanismes de contrôle et de réalisation application par application, on se demande aussi pourquoi le ministre des TIC est absent, il devrait proposer les solutions numériques adéquates pour relever le défi de l’administration publique et contrôler leur programme et la mise en application. Le suivi de toutes ces actions est nécessaire. L’exemple du journaliste Boumiza est à suivre, c’est cet exemple qu’on veut voir dans l’analyse économique et sociale du pays.

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