AccueilLa UNEL’homme qui voulait dresser les potences. Mohamed Abbou la balance !

L’homme qui voulait dresser les potences. Mohamed Abbou la balance !

Avocat comme la plupart des candidats, c’est à notre avis le plus rationnel, au moins lorsqu’il parle des «fous» du CPR qui sont plus anarchistes que réformateurs. L’homme n’a pas sa langue dans sa poche, même si elle était nettement plus polie et politiquement correcte que celle de sa femme, qui fera, volontairement ou involontairement, sa renommée et celle des deux Abbou. Son débit de parole reste structuré malgré sa rapidité et cohérent dans sa démesure anarchiste. L’homme en impose, sans réussir à s’imposer comme un opposant avec un programme qui remette le pays et son économie en marche, et non un programme d’épuration au sens karcher, de tout ce qu’il considère «Fassed» dans le sens large du terme. L’homme s’est quelque part «assagi» depuis son bref passage au gouvernement de Hammadi Jbali. Il enfourche toujours, aussi déterminé, la bicyclette [Ndlr : Logo de son parti Attayar] de la lutte contre la corruption.

  • L’homme à la bicyclette de la lutte contre la corruption

«Tout le monde dit vouloir lutter contre la corruption», dit-il évoquant le programme similaire de son concurrent à la Présidentielle anticipée, Youssef Chahed. «Lorsqu’en 2017 il avait mis aux arrêts un des hommes d’affaires qui était protégé par les politiciens, nous avions dit que nous doutions. Il était l’unique à prendre ce genre de décision et nous nous étions dit que s’il le fait réellement, il devrait être un leader. Un jeune qui a osé faire ce que d’autres n’ont pas fait. On se devait cependant de «suivre le voleur jusqu’au pas de la porte». Nos doutes s’étaient cependant vérifiées après quelques mois, sinon nous l’aurions soutenu. Il n’était pas sérieux dans sa lutte contre la corruption et beaucoup de soupçons pèsent sur beaucoup de ses conseillers», avait-il dit, comme pour justifier qu’il enfourche toujours la même bicyclette.

L’ancien CPR qu’il était qui demandait les ministères de la Justice et de l’Intérieur, et surtout l’instance de lutte contre la corruption pour pouvoir dresser les potences sur la voie publique, comme il en avait menacé en 2013, se présentait vendredi 30 août 2019 au micro d’Elyes Gharbi, comme le réformiste qu’il aurait été après 2011, et comme celui qui avait toujours appelé à appliquer la loi pour tous, surtout les plus dangereux d’entre eux, contre les djihadistes. Et de balancer ensuite la Troïka qui l’avait fait ministre, en affirmant que «le gouvernement de 2011 a été plus laxiste avec les djihadistes que le gouvernement de la Troïka, jusqu’au coup de l’ambassade américaine, car ils avaient peur et ont changé». Et d’enfoncer la Troïka, en affirmant que «il y a des personnes, au sein de la Troïka, qui ont des intérêts avec la corruption».

Mohamed Abbou balance certes, mais pas jusqu’à nommer un chat un chat. «Beaucoup me reprochent de ne pas nommer mes adversaires, alors que je tenais à préserver la dignité de leurs enfants. Dans d’autres circonstances, s’il y avait une justice, indépendante, qui se respecte et fait son devoir, je n’aurais pas été obligé de parler de la corruption, car ce n’est pas mon rôle en tant qu’homme politique», dit-il en guise d’explication. Il est vrai que Mohamed dispose d’une Samia qui le fait, à cor et à cri et sans se sentir obligée de ne pas les nommer, documents, parfois dépassés, à l’appui.

  • Créer une agence d’espionnage et la placer sous la houlette du chef de l’Etat

Abbou avait été ministre pour quelques semaines dans le gouvernement Jbali, pour déficit de prérogatives à lui refusées, pour nettoyer l’Administration, comme avec un «karcher». Celui dont le parti porte le slogan de la lutte contre la corruption comme le Christ porterait la croix, avoue pourtant, avec le sourire enjoué de celui qui se croit plus intelligent que les autres, que «la lutte contre la corruption est du ressort du chef du gouvernement, non du chef de l’Etat, sauf dans les cas où il constate que le gouvernement est corrompu ou entretient des relations avec les corrompu et en tire bénéfices, ou qui empêcherait le bon déroulement de la justice». Le président gardien du temple de la démocratie et de la constitution.

Concernant ses «QuickWins», Abbou propose de créer une agence de renseignement qui soit placée directement sous l’autorité du président de la République. Bonjour les dégâts, pour un homme qui voulait dresser les potences. Il connaîtra ainsi donc, tout de tout le monde et pourra réaliser son vœu de dresser le gibet. Il se dit certes, contre la peine de mort, quel que soit le crime. En guise de première mesure, il propose de conquérir la confiance de l’équipe du président. Il ne dit pas comment, et peut-être voudrait-il dire s’entourer de ses propres hommes de confiance.

Mettre en place la Cour constitutionnelle, annoncer un mémorandum d’entente avec le chef du gouvernement, sur l’ensemble des questions concernant le chef de l’Etat dans ses trois prérogatives et un document de gouvernement, concernant leur coopération sur les cinq années de leurs mandats. En quelque sorte tracer le carré de pouvoir de chacun. Et aussi, déterminer et rendre publiques les politiques générales dans les trois sujets objets des prérogatives du chef de l’Etat. Pour la diplomatie, Abbou prône la voie de la neutralité, mais sans mettre de côté les intérêts économiques, avec notamment les pays du Golfe.

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