AccueilLa UNEL’optimisme béat et simplet de Kooli face aux chiffres têtus d’El Abassi

L’optimisme béat et simplet de Kooli face aux chiffres têtus d’El Abassi

Sombre était ce matin du jeudi 5 novembre devant les députés, le tableau économique brossé par un Gouverneur de la BCT, manifestement pas démonté par les propos du super-ministre de l’Economie Ali Kooli sur deux radios à son propos, dans une dernière tentative de corriger la trajectoire de la politique économique du gouvernement de Hichem Mechichi.

L’idée de ce sombre tableau d’une économie qui n’arrive pas à se relever depuis dix ans, saignée à blanc par les dépenses sociales sans contrepartie de production et de productivité, et qui n’arrive pas non plus et depuis 10 ans, à engager les réformes nécessaires qui la remettraient sur le chemin de la croissance, était, nous semble-t-il, simple. Il s’agissait en effet pour le gouverneur de la BCT de prendre les députés qui s’apprêtent à voter le 1er budget Mechichi pour témoins de ce que pourrait occasionner un budget à crédit. Impact d’abord sur une économie déjà très malmenée, et dont les perspectives ne sont guère meilleures que le présent. Impact, aussi, sur le pouvoir d’achat du citoyen, avec une inflation qui grignotera très vite son salaire.

  • L’Halloween économique de la Tunisie

Comme une continuité d’Halloween sur terre tunisienne, les chiffres donnés par le gouverneur de la BCT sonnaient le glas d’un danger, économique et financier, rampant et devenu encore plus proche. « Une croissance du PIB, négative de 7,3 % pour l’exercice 2020. Un taux de chômage de 18 % au 2ème trimestre 2020. Une inflation, maîtrisée à 5,8 %. Un déficit de la balance commerciale de 5,3 % à fin août 2020. Une baisse de 58,9 % pour les recettes touristiques. Un solde budgétaire négatif du budget de 13,4 % sans le remboursement de la dette. Une dette qui représentera 90 % de tout le PIB. Un recul attendu de 21,8 % des exportations, de 30,9 % pour la demande interne, de 3,9 % pour la consommation, et de 2,1 % pour toute la consommation publique. Une récolte céréalière de 19 millions de quintaux, et une forte chute de la récolte oléicole à 140 millions de tonnes contre 350 millions en 2019. Baisse drastique des ressources nationales en carburants et en phosphate, à cause des mouvements sociaux et la baisse des cours du pétrole. Difficultés importantes à mobiliser des fonds étrangers sous forme d’investissements directs et de prêts long terme à l’étranger, qui ont diminué de -23% et d’environ -37%, respectivement, au cours des neuf mois de l’année 2020. Le revenu net des capitaux étrangers est tombé à seulement 8 milliards de dinars au cours des neuf premiers mois de 2020 (contre 9,11 milliards de dinars il y a un an). Baisse significative du taux des financements extérieurs sous forme d’investissements étrangers, de 5,40% en 2010 à 2,12% en 2019 et 4,11% au cours des neuf premiers mois de 2020 ».

Un tableau, certes, en grande majorité fait de cumuls d’héritages de mauvaise gestion des finances publiques et de tout aussi mauvais arbitrages socioéconomiques et financiers, de Youssef Chahed à Fakhfakh et même avant. Mais un tableau auquel l’actuel gouvernement est obligé de trouver une issue, avec plus d’innovation et surtout de courage, dans les solutions.

C’est ce qui nous semble manquer au gouvernement Mechichi qui, sous couvert de transparence, a oublié l’intelligence de reprendre l’ancien projet de budget, et de ne pas surtout choisir la facilité de l’endettement. Sinon pourquoi serait-il là, se devant de dessiner de meilleures perspectives,

  • « Des chiffres, importants, mais sans aucune importance ». Dixit Ali Kooli

Une journée après, le super-ministre de l’Economie était l’invité de TV9. On s’attendait donc à ce qu’il réponde à ces chiffres, en esquissant  au moins de nouvelles perspectives, en expliquant comment il comptait sortir le pays de cette situation, et surtout ce qu’il comptait faire de toute cette dette. « Les chiffres de l’endettement sont énormes, et la question est belle », disait le super-ministre de l’Economie à l’animatrice, avant de continuer que : « aujourd’hui, si le LFC passait, la dette serait de 88 % du PIB. Et si la LF de 2021 passait dans sa version actuelle, la dette représenterait 91 % du PIB. Ces chiffres sont importants, mais sans aucune importance » (sic). Et de donner cet exemple bizarre pour illustrer ses propos, disant que « par exemple, celui qui a une dette de 100 et qui possède une maison dont la valeur est de 200, est dans une meilleure situation que celui qui a une dette de 30 et qui ne possède rien ». Et le ministre de se demander, dans un étrange élan de romantisme qui ne sied pas au caractère économique de l’émission, si « la maison Tunisie, avec ses montagnes, sa mer, ses capacités, ses travailleurs, ses usines, ses hôtels et toute sa beauté, est-ce qu’elle vaut les 88 Milliards DT de sa dette ? Moi je crois qu’elle les vaut et plus. La Tunisie a une image, une dignité et personne ne la mettra à la vente ». Et lorsqu’on lui demande si la Tunisie peut disposer de la contrepartie pour cette dette, il répond que « de la manière dont je vous l’ai présenté, oui », comme s’il ne venait pas juste de dire que la dette représente déjà 88 % du PIB.

Et manifestement disposé à aller plus loin en matière d’endettement, le ministre Kooli se pose ensuite la question de savoir si la Tunisie « est capable de rembourser cette dette ? », et répond à lui-même que « j’estime que nous sommes arrivés à un point où si on ne prend pas garde à ne pas augmenter cette dette, le problème ne manquerait pas de se poser. Si on ne trouvait pas de solution pour allonger les délais de remboursement, le problème se poserait. Il nous faut donc, dans un bref délai, œuvrer pour que le montant de la dette diminue. La solution, c’est le retour au travail ».

  • Que restera-t-il à l’investissement, avec une dette à 91 % du PIB ?

Rappelons, pour finir et avec un « No Comment » sur la prestation du super-ministre chez TV9, que le projet de LF complémentaire pour 2020 avait été retiré sur la demande de la commission des finances de l’ARP. Le ministère des Finances revoit actuellement sa copie, semble avoir écarté l’option d’une baisse des dépenses, s’être entendu avec la BCT pour un financement à hauteur de 3 à 3,5 Milliards DT, et convenu avec la France d’un crédit urgent, et d’autres sources de financements que le ministre n’a pas nommées, pour un total de 3,5 autres Milliards DT.

Or, il reste la LF de 2021 qui nécessitera aussi d’autres crédits. Et l’impression chez l’ARP est que la LF 2021 connaîtrait le même sort que celui de la LF 2021. Et on retombera alors dans la même polémique de qui financera le budget 2021. Ali Kooli a déjà dit qu’avec la LF 2021, telle qu’arrivée chez l’ARP, la dette représentera 91 % du PIB. Que restera-t-il alors à l’investissement, et comment ce gouvernement qui signe tout ce qu’on lui demande, compte-t-il trouver l’argent nécessaire ?

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