AccueilLa UNELorsque le droit en vigueur réduit certains à recourir à l’informel …

Lorsque le droit en vigueur réduit certains à recourir à l’informel …

L’Institut arabe des chefs d’entreprise, structure d’encadrement du patronat tunisien, aux côtés de l’UTICA et de la CONECT, a choisi, en cette fin d’année 2023,  de s’attaquer à la hantise de l’informalité sous ses divers aspects en l’inscrivant comme thème général à la 37ème édition des journées de l’entreprise qu’il organise à Sousse les 7,8 et 9 décembre avec la participation de 1000 opérateurs économiques, responsables politiques, experts et cadres de l’administration de Tunisie et d’autres pays dont l’ancien président mexicain Ernesto Zedillo.

En effet, les Journées de l’Entreprise 2023 ont été placées sous le thème « L’entreprise et l’Informalité : Inégalités et Solutions en Suspens ».

Focalisée sur le commerce parallèle de rue, l’informalité dont souffre la Tunisie, entre autres pays émergents et développés, est beaucoup plus complexe.

Comme l’a souligné un article de fond consacré à ce phénomène par le site académique  Géoconfluences, l’informalité désigne des activités ou des pratiques qui s’exercent hors des règles, mais selon les cas, ce jeu transgressif peut être choisi ou bien contraint lorsque le droit en vigueur réduit certains à y avoir recours pour vivre, travailler, se loger, se déplacer. « L’approche en termes binaires et antinomiques formel/informel ou officiel/parallèle (le premier rationalisé et assujetti à la fiscalité, le second hors du contrôle de l’État) est aujourd’hui unanimement réfutée. Le chevauchement, l’imbrication, voire l’interdépendance et la complémentarité entre les deux pans économiques formel/informel ont été mis en évidence au niveau des pratiques, des acteurs et des filières.

La pluralité d’acteurs qui constituent l’État sont les pièces centrales d’un système de contournement et les représentants de l’État, à tous niveaux, ne sont eux-mêmes pas exempts d’irrégularités, révélées par les scandales politico-financiers. Ce sont les dirigeants au pouvoir qui définissent, dans une approche dynamique, la légalité (et donc la transgression), tandis que les agents sur le terrain modulent l’application des règles, alternant laissez-faire, tolérance, arrangements (moyennant rétribution) ou répression. Contrebandier et douanier sont ainsi les personnages complémentaires d’un système symbiotique. Plutôt qu’une opposition, il existe donc un continuum entre formalité et informalité ».

C’est d’ailleurs, aujourd’hui, en Tunisie, la thèse officielle défendue par le président de la République en personne.

Informalisation généralisée

Les analystes de divers horizons, notamment dans les pays développés, ont montré que la transition des pays émergents vers l’économie de marché, l’érosion du rôle de régulation sociale de l’État dans les pays développés, la libéralisation économique et financière accrue, synonyme de sous-traitance, de délocalisation et de concurrence redoublée, ont participé à l’informalisation généralisée des économies, avec l’extension du travail au noir et des formes d’exploitation abusives.

Dans cet esprit, l’article de Géoconfluences, a notamment souligné que  la criminalité en col blanc et les scandales de fraude fiscale (affaires Clearstream, Petrobras ou HSBC, lutte contre l’évitement fiscal des grandes multinationales et des Géants du net…) ont aussi contrecarré la vision réductrice de l’informalité, ubiquiste et diffuse, la présentant comme un stigmate de sous-développement, et la marque d’un inachèvement de l’État.

S.B.H

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