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Malgré les entraves, l’industrie tunisienne arrive à performer

4ème pays le plus industrialisé du continent africain, d’après le récent Indice d’industrialisation en Afrique, la Tunisie a multiplié, ces derniers temps, les avancées innovantes et les performances d’envergure internationale dans ce domaine, malgré toutes les entraves.

Les nombreux évènements économiques qui ont meublé l’actualité en Tunisie ces derniers mois montrent qu’une quête incontestable de la rénovation anime les industriels tunisiens, voulue autant par les opérateurs que par les pouvoirs publics, faut-il l’avouer.

Du 16 au 18 mars 2023, la ville tunisienne de Hammamet a abrité le deuxième Supplierthon, dans le monde, après le premier Supplierthon, organisé en Allemagne à l’initiative du constructeur automobile BMW. 

Concept des plus innovants, imaginé pour la première fois par BMW, le Supplierthon désigne le rassemblement de fournisseurs d’innovation (startups) et des demandeurs d’innovation (entreprises). Et ce, durant plusieurs jours, en vue de répondre au mieux à des besoins précédemment identifiés. Il s’agit de mettre en relation le monde innovant des startups et le monde producteur des entreprises industrielles en vue de lancer des collaborations effectives.

138 entreprises industrielles et 80 startups  ont pris part et bénéficié de cette première tunisienne. Le monde industriel a présenté neuf défis auxquels les  startups ont conçu les solutions innovantes appropriées.

Une deuxième édition doit être organisée en ce mois d’avril, suivie par une troisième session  au mois de juin prochain.

L’action est d’autant plus intéressante qu’elle s’inscrit dans un cadre de partenariat plus pérenne, connu sous le nom de « Link4INN Open Innovation Program » mis en place par Tunisia Startups et l’UTICA.

Le pari du secteur industriel sur ce plan est hautement justifié tant les startups tunisiennes ont défrayé, ces derniers mois, la chronique à l’échelle nationale et internationale. On en signale, entre autres, la startup InstaDeep, spécialisée dans l’Intelligence artificielle, qui a fait parler d’elle autant par le côté génial de sa spécialité que par son parcours rappelant celui des grands pionniers de l’industrialisation dans le monde. Ses fondateurs, deux ingénieurs, un jeune homme et une jeune fille, partis de deux ordinateurs, d’un capital modique de 1000 dinar  et d’une  petite startup locale, ont su conférer à leur entreprise, en peu d’années, une stature internationale et hisser sa valeur à un milliard et demi dinar.

De son côté, la startup tunisienne Avionav opérant dans l’aéronautique, a annoncé mi-mars dernier 2023 l’exportation de son premier modèle d’hélicoptère, dans le cadre de l’extension de sa production pratiquement 100% made in Tunisia, axée jusqu’alors sur la construction d’avions légers de deux à 4  places.

Une autre startup tunisienne, Bako Motors, a commencé, depuis quelques mois, à commercialiser ses modèles de voiture électrique 100% tunisiens, des triporteurs qui, de surcroît, fonctionnent à l’énergie solaire de sorte qu’ils se chargent en carburant tout en étant garés dans un parking.

Lors de la 8ème Conférence internationale de Tokyo sur le développement en Afrique, TICAD 8 tenue à Tunis du 26 au 28 août dernier 2023, le secteur privé tunisien a proposé au financement japonais quelques 200 projets d’une valeur de 2,7 milliards dollar, dont 81 projets relatifs aux énergies renouvelables et aux nouvelles technologies.

Mais d’ores et déjà, en attendant que les partenaires japonais annoncent officiellement la liste des projets retenus pour bénéficier du financement promis dans ce cadre pour l’ensemble de l’Afrique (30 milliards dollar au total sur 3 ans) ,  des accords avaient été conclus, au cours de la Conférence, pour financer 3 projets présentés par des startups tunisiennes, outre un projet de dessalement de l’eau de mer.

Défis du marché mondial

S’agissant de l’envergure internationale de l’industrie tunisienne, elle  est illustrée de longue date par une multitude d’entreprises opérant dans les divers secteurs.

Tout récemment, la société MISFAT Filtration, spécialisée dans la fabrication des filtres pour automobiles à 100% tunisiens, a été reconnu comme le leader du marché français de l’après-vente, en filtres pour automobiles dont 150 nouveaux produits sont conçus chaque année, selon le journal français Le Point qui a publié un article sur cette entreprise en août dernier, encadrant une interview de son directeur général Ahmed Ben Ayed.

En parfait connaisseur du secteur industriel tunisien, Amine Ben Ayed a fait le 6 avril 2023, à la radio tunisienne  Radio Express FM, des déclarations très pertinentes sur l’industrie tunisienne, répercutées par la presse et autres sites médiatiques. Il y a mis l’accent notamment sur les progrès indéniables accomplis par l’industrie tunisienne et les marques de distinction accumulées. Mais, il a évoqué également les défis, disant que « vous pouvez avoir le meilleur produit sur le plan du prix et de la qualité sans pouvoir, pour autant, réussir à vous introduire dans les grands marchés mondiaux ». C’est dire que l’esprit « monopoliste » en matière d’économie est inspiré aussi par des motifs ultra économiques.

Ahmed Ben Ayed a signalé également le recul de l’investissement industriel en Tunisie, observation attestée par les récents chiffres publiés à ce sujet par l’Agence de promotion de l’industrie et de l’innovation (APII).

Nombre de projets en hausse

 En effet, d’après ces chiffres, les investissements dans le secteur industriel en Tunisie ont diminué de 15,6 % durant les deux premiers mois de l’année 2023, janvier et février.

Cependant, l’APII a signalé que le nombre de projets déclarés a connu une augmentation de l’ordre de 5,9 % au cours des mois de janvier et février 2023. Les secteurs où les investissements déclarés ont augmenté durant les mois de janvier et février 2023, sont l’agroalimentaire (27,5 %), les matériaux de construction, céramique et verre (71,4 %), la chimie (21,5 %) et le textile-habillement (120,2 %).

Le financement reste un des défis majeurs, outre la situation générale du pays, ou plutôt à cause de la situation générale du pays au plan économique en général et ses retombées sur l’activité industrielle.

Il y a quelques jours, le ministre de l’Economie et de la planification a examiné avec le président de l’UTICA les moyens à mettre en œuvre pour venir en aide aux PME ayant des créances classées auprès des banques de la place et ne pouvant pas ainsi accéder au crédit

 A cet égard, trois grandes institutions d’envergure régionale et internationale, la Banque africaine de développement, l’Union africaine et  l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (Onudi),  ont averti, dernièrement que le destin de l’Afrique et des pays africains est étroitement lié au développement industriel.

Dans un rapport élaboré  sur l’Indice d’industrialisation de l’Afrique, les trois institutions ont signalé que «toutes les stratégies de développement des divers pays africains et de  l’Afrique identifient l’essor industriel comme la pierre angulaire de la croissance inclusive, de la création d’emplois décents, mais aussi et surtout de la réduction de la  dépendance africaine du reste du monde ».

S.B.H

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