Tel pays, telle banque centrale. C’est ce que semble dire Marouane El Abassi dans le préambule de son interview accordée dernièrement à l’OMFIF (Official Monetary and Financial Institutions Forum) : « La Tunisie est un petit pays aux ressources naturelles limitées. Notre véritable richesse est le potentiel humai, et l’égalité des sexes contribue au développement de notre pays ».
Pour le Gouverneur El Abassi, à la tête d’une institution qui a été classée 6ème mondiale, première arabe et 3ème africaine parmi ses semblables dans l’indice de l’égalité des genres pour l’année 2021, « la BCT vise à préserver l’équilibre de ses politiques monétaires et de taux de change afin de parvenir à la stabilité financière et à la croissance économique. Elle vise également à créer un équilibre par son travail autour de l’égalité des sexes ».
L’un des outils mis en place est le Plan stratégique triennal (2019-2021) qui tend à ancrer cette égalité. Si parmi ses premières décisions en tant que gouverneur, la nomination de Nadia Amara Gamha comme Vice-Gouverneur, une première du genre, El Abassi explique que cette distinction n’est pas insolite. Car, si la représentation des femmes à la BCT s’est accrue au fil du temps, les années 80 ont vu la nomination d’une directrice générale des services juridiques (NDLR : Mme El Abed), davantage de femmes ont occupé des postes de direction au cours des dernières années. Elles sont actuellement au nombre six directrices générales.
Et pas des moindres ! il s’agit notamment des DG de la « Politique Monétaire », des « Ressources Humaines », des « Statistiques », de la « Stabilité Financière » etc. Le Conseil d’Administration de la BCT n’est pas en reste puisqu’il est majoritairement composé de femmes. Pour El Abassi, ce qui compte le plus, c’est la mise en œuvre d’un code d’éthique pour intégrer davantage les principes d’égalité et de méritocratie à la BCT ».
- La Covid 19 et la « féminisation » de la pauvreté
Mais, si la BCT demeure un bastion de l’égalité entre les sexes, le constat ne s’applique pas nécessairement au gouvernement. Encore moins à la Tunisie profonde. En effet, cette fracture des genres a été élargie par la crise de la Covid-19 qui n’a pas épargné l’économie tunisienne : « Ses effets négatifs ont aggravé la pauvreté non seulement au niveau socio-professionnel, mais aussi par genre », souligne El Abassi. Le père de deux filles comme il le relève lui-même dans l’article, le Gouverneur cite une étude du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) sur l’impact économique de Covid-19 en Tunisie. Cette dernière estime que le choc sanitaire pourrait anéantir tous les progrès réalisés au cours des 10 dernières années. Selon le PNUD, la Covid 19 « pourrait accentuer la ‘’féminisation’’ de la pauvreté ».
Cette étude précise également que « la pauvreté monétaire passerait à 19,77 % pour les femmes à la suite de la pandémie, contre 18,71 % pour les hommes ». Pour El Abassi, la BCT a pris des mesures rapides et concrètes pour soulager les difficultés financières des Tunisiens et des Tunisiennes ; « A l’heure où l’économie est paralysée », dit-il, « nous réagissons en mettant en place des mesures pour les entreprises, les professionnels et les particuliers ».
- Au gouvernement, c’est toujours misogynie
Cependant, il reste à faire évoluer les mentalités : « je crois que l’égalité des sexes est un droit humain et une condition » d’un développement durable. Le vœu pieux du Gouverneur sera-t-il traduit à la lumière de la configuration du nouveau gouvernement de Mechichi, encore en suspens, et ce malgré la nomination en rideau de fumée le 8 mars 2021, Journée internationale des droits des femmes, de Hasna Ben Slimane, actuelle ministre de la Fonction publique et ministre de la Justice par intérim, en tant que porte-parole du gouvernement (Sic 1) et de Habiba Mejri Cheikh au poste de conseillère du chef du gouvernement, chargée de l’information et de la communication ; le 9 mars 2021 (Sic 2) ?.
Si ce gouvernement en mal d’égalité des genres , et même de légalité du genre, peine à accorder ses violons pour la nomination de ses portes étendards, la femme rurale, celle qui périt sous les roues des tombeaux roulants qui font office de moyens transports ,risque d’attendre encore son inclusion économique, financière et même sociale !
Au pays de Tawhida Ben Cheikh, première médecin arabe et effigie du nouveau billet de banque tunisien, la « féminisation » de la pauvreté ne résulte pas de la Covid, mais des mentalités de ses gouvernants !
DE TRES BELLES VERITES !!! A SUIVRE