AccueilLa UNEMigration : La Tunisie ne se laisse pas mener en bateau !

Migration : La Tunisie ne se laisse pas mener en bateau !

Faute de se procurer un emploi à domicile, mais envoutés par l’Eldorado que représente à leurs yeux le plus proche pays européen, l’Italie, les jeunes Tunisiens, dans leur écrasante majorité, sont habités par une seule et unique fixation : partir par n’importe quel moyen et débarquer sur la Péninsule, toujours sans se soucier des risques le plus souvent mortels aux quels il s’exposent. Une obsession face à laquelle les autorités de leur pays sont presque désarmés, procédant, pourtant, du mieux qu’elles peuvent pour arrêter ces flux, soit en tuant dans l’œuf les projets de traversées, soit en cueillant en chemin les migrants.

Des efforts jugés très insuffisants outre Méditerranée, et plus encore par l’actuel gouvernement en place à Rome, dont le vrai patron est le ministre de l’Intérieur Matteo Salvini, par ailleurs, secrétaire de la Ligue (extrême droite) et promoteur d’une ligne très dure en matière d’immigration, dont le nom est lié au Décret éponyme, un texte qui introduit un durcissement sans précédent pour les demandeurs d’asile et les aspirants citoyens. Il est venu dernièrement à Tunis où il a appelé les autorités à intensifier leurs efforts pour bloquer les flux migratoires illicites et demandant aux Tunisiens qui se trouvent illégalement en Italie de retourner dans leur pays d’origine. Rien moins que cela.

Il y a loin de la coupe aux lèvres

Mais Salvini doit se dessiller pour s’apercevoir qu’il y a loin de la coupe aux lèvres, même s’il a reconnu que « la route est longue », tout en prenant acte de « l’engagement à surveiller les côtes plus efficacement, à réduire les départs et à rendre les expulsions plus rapides et plus efficaces ». « Nous travaillons avec les autorités tunisiennes pour ramener à la maison tout migrant réellement tunisien », a-t-il dit, promettant de doter la Tunisie de deux bâtiment de la marine d’ici à octobre, avec quatre bateaux supplémentaires dans les mois à venir, ainsi que de systèmes radar. Rome a également déclaré que cela aiderait à former les forces de sécurité tunisiennes. Accessoirement, il s’est engagé à stimuler les investissements en faveur de l’emploi en Tunisie afin d’empêcher les jeunes de quitter leur pays.

Une approche ostensiblement léonine qui a vocation à imposer à la Tunisie des obligations exorbitantes moyennant une insignifiante contrepartie, alors qu’il aurait été plus dans l’ordre des choses et dans l’intérêt des autorités italiennes d’envisager le dossier de la migration dans le cadre d’un partenariat convenu qui puisse produire des effets mutuellement bénéfiques. On serait alors loin, trop loin de ce « Décret Salvini » où abondent les mesures coercitives comme la suppression de la “protection humanitaire”, le plus souvent accordée aux demandeurs d’asile, et l’allongement de la période légale de rétention administrative pour les étrangers en situation irrégulière de trois à six mois. De plus, il y est stipulé qu’un demandeur d’asile condamné en première instance verra son dossier suspendu et sera obligé de quitter le territoire outre l’introduction de la la déchéance de nationalité pour les faits de terrorisme.

Ce que Salvini ne dit pas!

D’ailleurs, la plupart des journaux italiens sont loin d’être convaincus par les mesures. Ce décret, qui “entend apporter de la sécurité en restreignant l’asile, passe à côté de la réalité”, estime le quotidien de droite Il Foglio. “La réalité, c’est que les arrivées massives de migrants ont chuté depuis longtemps, depuis le prédécesseur de Salvini, Marco Minniti”, qui a scellé un accord avec la Libye de Faiez Serraj pour qu’elle bloque les départs.

Mais ce que le ministre Salvini ne dit pas, relève, pour sa part, l’influent journal La Repubblica, c’est “qu’on ne peut pas renvoyer ceux qui arrivent sur nos côtes sans l’accord des pays d’origine. Il ne peut pas le dire, sinon tous comprendraient que son décret n’aura aucun effet sur les flux migratoires”. Pour le journal de centre gauche, ce texte est même contre-productif : en restreignant l’accès à une protection légale, il ne fera que “multiplier le nombre de clandestins. Car, au terme du délai de rétention, les migrants irréguliers (qui seront encore plus nombreux qu’actuellement) recevront, comme aujourd’hui, une simple feuille, qui ne les conduira pas à un retour volontaire, mais à la clandestinité.”

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