Economiste connu et reconnu, Universitaire et ancien membre du conseil d’administration de la BCT, Moez Labidi a publié un statut fb d’alerte. « Les obligations Tunisiennes émises à 5,75 %, échéance 2025 cotent aujourd’hui 24,495%. Rappelons que 24,495% c’est le coût de financement que la Tunisie supportera si elle décide de sortir cette semaine sur le marché international pour emprunter. Le Staff Level Agreement (Accord entre les équipes techniques) conclu avec le FMI explique la récente baisse à 24,495%. Un vent de confiance a soufflé sur la marché, dans l’attente de la signature de l’accord final.
Toutefois, la prudence est de mise car le chemin de la signature est semé d’embûches (sociales: adhésion aux réformes; politiques : incertitudes autours des élections; …): le marché international restera inaccessible jusqu’à mi-2024; le marché domestique (en dinars et en devises) présente déjà des signes d’essoufflement et de montée des risques (exposition des banques tunisiennes au risque souverain), le champ du financement bilatéral est très mince surtout que nos partenaires européens sont fortement préoccupés par la gestion des dommages collatéraux de la guerre en Ukraine, ….
De même, le Staff Level Agreement (SLA) est certes une étape importante, mais non suffisante. D’ailleurs le SLA conclu fin octobre avec l’Egypte n’a pas empêché l’agence de rating Fitch de réviser, cette semaine (8 novembre 2022), à la baisse sa note (de B+ avec perspective stable à B+ avec Perspective négative).
Bref, la Tunisie devrait choisir entre :
– signer un accord avec le FMI et sombrer dans un cycle d’accords successifs avec cette institution, sans aucune profondeur dans les réformes. Résultat : la menace d’insoutenabilité de la dette pèsera toujours sur l’économie tunisienne.
-soit, signer un accord avec le FMI pour débloquer la situation financière et fermer au plus vite cette parenthèse en engageant des réformes structurelles dans le cadre d’un débat de société. Ce qui permettra à la Tunisie de renouer avec la soutenabilité de la dette.
Je précise que le deuxième choix suppose la signature de plusieurs autres accords, en parallèle avec celui du FMI : « un accord avec la discipline au travail », « un accord avec la productivité », « un accord avec la rationalité économique » , « un accord avec l’Etat de droit », « un accord avec la transition écologique », « un accord avec la transition digitale », « un accord avec la souveraineté alimentaire »…etc., « Rabbi Yoster ».