Le chef du gouvernement, Hichem Mechichi a parlé, ce mardi après-midi sur le mode point de presse . Et il l’a fait en semblant animé d’une ardente obligation, celle de trouver les solutions les plus urgentes et les plus appropriées à la « très difficile situation économique et sociale » dont pâtit la Tunisie, et à la « crise sans précédent que vit le pays sous l’effet d’une addition de problèmes et d’écueils aggravés par la pandémie du coronavirus ». D’autant que le pays « a failli à mettre en place un modèle économique ayant vocation à donner de l’espoir aux Tunisiens », a-t-il dit, épinglant une « absence de visibilité qui affecté le taux de chômage et accentué le phénomène de migration clandestine ».
Un constat qui appelle une série d’actions dont la toute première et la plus impérieuse consiste stopper l’hémorragie, un pré requis inévitable pour le lancement des réformes économiques qui n’a que trop tardé.
Le chef du gouvernement a souligné , dans cet ordre d’idées, que la nouvelle équipe ministérielle qu’il dirige s’est trouvée, dès l’abord, lestée par le « lourd legs » dont elle a hérité, citant notamment un déficit budgétaire de 14% que le gouvernement s’attache à réduire du mieux qu’il peut dans la limite la plus possible de deux points, indiquant que le loi de finances complémentaire aurait pu être meilleure s’il ne s’était pas agi de s ’attaquer à ce funeste taux de déficit budgétaire. Ila affirmé que le meilleur moyen de gérer cette situation est de dire la vérité aux Tunisiens sur l’état des lieux financier , et de faire preuve d’une totale transparence en se résolvant à présenter la loi de finance complémentaire en accord avec les normes établies sans chercher à maquiller les chiffres en leur conférant une note faussement optimiste comme ce fut le cas par le passé, selon ses dires.
Hichem Mechichi a affirmé à cet égard que la Banque centrale de Tunisie était au courant de ces « scénarios optimistes » situant les taux de croissance à 3% alors qu’en fait ils peinaient à dépasser 1%, ce qui a fortement accentué la crise, le déficit budgétaire et les répercussions qui ont touché les entreprises publiques pour se transmettre aux entreprises privées.
Le chef du gouvernement a estimé que l’élément positif qui s’est dégagé de cet épisode tient au débat qui a eu lieu à cette occasion à la faveur duquel a été retiré le projet de la loi de finance complémentaire, tout en avertissant que la marge de manœuvre demeure très faible. Il a assuré que l’institut d’émission est au fait de cette approche, ajoutant qu’une réunion était prévue pour ce mardi après-midi avec le gouverneur de la Banque centrale qui, a-t-il dit, a un rôle essentiel à jouer dans le dénouement de la crise. « Nous sommes attachés à l’indépendance de la BCT et saluons ses actions au niveau de l’inflation et du Dinar », a-t-il souligné, relevant toutefois ses positions s’agissant de l’approvisionnement du pays en médicaments dans le cadre de la lutte contre la pandémie du coronavirus.
Le chef du gouvernement a appelé la direction de la banque centrale de Tunisie à intervenir pour financer le déficit budgétaire pour l’année 2020 et qui ne dépassera pas les 3 milliards de dinars, selon ses estimations. Le mécanisme projeté consiste pour le gouvernement à émettre des bons de trésor (BTA) que la BCT rachètera par la suite auprès des banques de la place.
La force de l’Etat pour traiter la crise d’Al-Kamour
Répondant ensuite aux questions des journalistes, le chef du gouvernement a indiqué que les bailleurs de fonds ont la capacité d’interagir positivement avec la Tunisie à l’enseigne du principe et de l’exigence de vérité, ajoutant que la gouvernement est en contact direct et presque quotidien avec les institutions financières internationales et les bailleurs de fonds. Il a affirmé qu’il n’est nullement responsable de parler de faillite de l’Etat et de son incapacité de tenir ses engagements envers les fonctionnaires et ses vis-à-vis. « La Tunisie est capable d’honorer ses engagements financiers », a-t-il dit, affirmant que « nous avons trouvé les solutions qui contribueront au sauvetage économique ».
Au sujet des entraves à la production et des mouvements de protestations, Hichem Mechichi, évoquant la crise d’Al-Kamour, a indiqué que les pourparlers continuent avec les différentes parties sociales en vue d’arriver à un dénouement de la crise et la reprise de la production du pétrole.
Il a cependant averti que « nous passerons à l’étape d’application de la loi par la force de l’Etat », soulignant que « si légitimes soient-elles, les demandes n’autorisent nullement l’arrêt de la production ».