Introduite en bourse en décembre 2003 au prix de 16,5 DT, son dernier dividende de 0,075 DT remonte à 2017, et son action ne s’échangeait plus qu’à 0,690 DT à la date du 8 novembre 2023. A cette date, selon l’intermédiaire boursier Mac Sa, le ROE de Somocer était négatif de 11,06 % et sa performance annuelle sur la cote était aussi négative de 13,92 %. Sa capitalisation boursière, qui était de 58,95 MDT en 2016, n’est plus que de 28 MDT selon les chiffres de Mac Sa.
- Le DG met en question la concurrence indienne et le marché parallèle
Dirigée par Riadh Jaidane pour la rémunération de 650,541 mDT en brut annuel, l’entreprise des Abdennadher avec un flottant en bourse de 66,13 %, n’a en fait été déficitaire que pendant deux exercices au cours des vingt dernières années où son parcours était plutôt erratique. Avec une perte de 5, 913.526 MDT, son résultat net (RN) 2022 a constitué son plus gros déficit, après un bénéfice de 1,427 MDT en 2021.
Somocer finissait aussi l’exercice 2022 avec une trésorerie négative de plus de 16,8 MDT, malgré des revenus en hausse de presque 6,5 MDT, des charges financières stables autour de 12 MDT et le bénéfice de l’amnistie fiscale qui lui a fait gagner plus de 344 mDT.
Interrogé par nos soins, Jaidane explique ces résultats erratiques par les grosses difficultés de l’année Covid-19 pendant lequel les usines ont fermé pendant 45 jours qui ont coûté plus de 7 MDT à l’entreprise. Et aussi par les effets de la guerre en Ukraine, d’où l’entreprise importe l’argile, ce qui a démultiplié les prix de cette matière première désormais importée d’Espagne, réduisant ainsi les marges et le résultat de Somocer. Autant d’éléments qui font que l’entreprise n’aurait pas impacté ses prix, « pour cause de concurrence indienne sur le marché tunisien du céramique, noyé aussi par le marché parallèle », se plaint encore la DG Jaidane.
- Toc … Toc, c’est le Fisc
Il faut aussi rappeler que Somocer a été peu fidèle à ses prévisions. Dessinant ses roses perspectives pour les investisseurs et les boursicoteurs, l’entreprise des Abdennadher promettait, par exemple en 2008, un chiffre d’affaires de plus de 70 MDT. Elle n’en avait fait que 48,4 MDT. Elle promettait plus de 10 MDT en résultat prévisionnel. Elle n’en avait fait que 4,4 MDT.
Comble de l’exercice 2022, les commissaires aux comptes de l’entreprise rapportent aussi dans leurs notes au bilan 2022, que « la société a fait l’objet d’une vérification fiscale ponctuelle portant sur la retenue à la source, la taxe sur formation professionnelle et la contribution sociale solidaire, et ce pour la période allant du 1er Janvier 2020 au 31 Décembre 2020. Les procédures liées à ce contrôle étant toujours en cours, et sur la base des informations disponibles à ce jour, l’impact définitif ne peut être estimé de façon précise à la date du présent rapport ».
- Une action qui traîne, et un seul dividende en millimes en 7 ans
Mais ce n’est pas là que le bât blesse. C’est plutôt au niveau de la bourse. Un des boursicoteurs de cette entreprise nous écrit en effet ceci : « Je vous invite gentiment à soulever le sujet des sociétés cotées en bourse ayant fait appel à l’épargne des petits porteurs, et dont la valeur de leur action aujourd’hui est en dessous du nominal à l’instar de Somocer. Nominal : 1 DT Introduction : 3,5 DT Cours actuel : 0,6 DT. C’est en train de prendre le chemin des sociétés qui se sont retirées de la cote pour le bonheur des actionnaires fondateurs et de leurs dirigeants. Exemple concret : Sur 100.000 actions que j’avais achetées à 350.000 DT en 2005, je ne récupère au plus que 60.000DT si je vends aujourd’hui ».
Or, on se rend compte après vérification auprès d’un intermédiaire boursier de la place qu’il y a une grosse part de vérité dans cette complainte du boursicoteur en question dont nous avons reçu copie. Entre juillet 2008 et octobre 2023, le papier Somocer en bourse a perdu 60 % de sa valeur. Pour le seul exercice 2023, il a perdu 14 %, après un -7% pour 2022, allant de baisse en baisse successive.
Jaidane rappelle d’abord que Somocer avait réduit deux fois le nominal, de 16,5 DT à 10 DT, et ensuite à seulement 1 DT, se demandant d’abord s’il y a réellement un marché boursier en Tunisie, et rappelant que l’entreprise avait une fois essayé de redresser la valeur du papier Somocer en bourse par une action d’achat d’1 million de titres de ses propres actions, et finissant par dire que « aujourd’hui le choix que nous avons fait, c’est de consacrer le peu de trésorerie qu’on a l’achat de la matière 1ère pour pouvoir vendre et exporter que de les distribuer dans une bourse spéculative, sachant que nous avons un programme futur pour que les sociétés du groupe interviennent pour soutenir l’action Somocer ».
Conclusion, pour la direction de Somocer, l’épargnant en bourse et les déboires de son action ne sont pour l’instant pas sa priorité. Le CMF peut-il y faire quelque chose ? Ne se présente-t-il pas comme le défenseur des intérêts des actionnaires ? Obliger peut-être Somocer à intervenir d’urgence pour soutenir ses actions en Bourse ?
66 % flottant en bourse, et l’equipe dirigante agit en conséquence :
– augmentation du capital en 2018 en numéraire 1.8 TND alors que la cote en bourse le jour
même était à 1.44 TND.Le rapport est disponible
– frais du personnel en constante augmentation
– Ils ne distribuent pas des dividendes mais allocation annuelle det 250 000 TND au fond social
– Un niveau de stock qui ne dimunie pas
Rien que pour TR 1 2023 :
– Variation du stocks produits finis = 5 446 211 TND
– Résultat d’exploitation = 6 061 437 TND
– Charges financières nettes = 5 976 106 TND
Ils travaillent pour constituer un stock produit fini d’une valeur inférieure aux charges financières. C’est un exploit pour lequel le DG est payé en brut 650 541 TND.
Il est tout à fait inacceptable de constater que le CMF n’est pas intervenu pour sommer les dirigeants de Somocer à prendre les mesures nécessaires pour soutenir le titre en bourse. En tant que régulateur du marché financier, il est impératif qu’il agit en conséquence pour corriger cette situation.