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Petite AGE houleuse pour une augmentation de capital, faussement ouverte à tout le personnel d’Attijari !

Banque marocaine de droit tunisien, Attijari Bank a tenu, mardi 28 novembre 2023, une AGE, avec à peine une cinquantaine de présents, dont nombre de cadres de la banque. L’objet est de décider d’une augmentation de capital, réservée au personnel de la banque. Une réunion qui peinait à remplir les 50 sièges parsemés dans la petite salle de réunion. Une réunion, pourtant houleuse, des suites d’une altercation verbale entre un actionnaire et un cadre de la banque qui défendait mordicus la proposition du CA de la banque, face à l’actionnaire Mustapha Chouaieb.


–    Le petit actionnaire perdra son droit préférentiel et 0,183 DT par action

Intrépide et irrévérencieux, comme à son habitude, ce dernier ne tentait pourtant pas de défendre le diable en refusant la décision de « suppression du droit préférentiel de souscription ». Une suppression, manifestement expliquée par le désir de la banque de réserver l’augmentation du capital au seul personnel d’Attijari Bank, mais en réalité pas tout le personnel.
Très critique, mais esseulé dans ses arguments critiques, Chouaieb faisait face à un Conseil d’administration acquis à sa propre proposition d’augmentation de capital, y compris le représentant des petits actionnaires qui restait silencieux. Les voix des plus forts dans le capital de la banque, même en étant absents comme les groupes Mzabi (10,82 %) et le groupe Driss (9,75 %), la proposition est passée au forceps des voix.


« Le droit préférentiel de souscription, ça appartient aux anciens actionnaires. Y renoncer, c’est une prérogative sur laquelle tout le monde ne peut pas nécessairement être d’accord », commente pour Africanmanager [Ndlr : Notre journal a été obligé d’acquérir 10 actions pour assister à la réunion] le DG d’Attijari, qui ajoute que pour l’actionnaire, « ça coûte 0,183 DT par action. On ne va pas faire fortune avec ça ». Mais il est vrai que le chiffre de cette perte devient plus important lorsqu’on sait que le flottant est de 20 % du capital d’Attijari qui est de plus de 40,7 millions d’actions !

–    Une 1ère dans le paysage bancaire tunisien, mais entachée de ségrégationnisme

L’AGE a en effet adopté, au vote silencieux et sans même lever la main, une augmentation du capital social de la banque réservée intégralement à son personnel actif et permanent et à celui de ses filiales sus-mentionnées, en numéraire d’un montant global de 6 290 015 dinars pour le porter de 203 709 985 dinars à  210 000 000 dinars, et ce par la création de 1 258 003 actions nouvelles de valeur nominale de cinq Dinars chacune, majorée d’une prime d’émission de 34,100 dinars par action, soit un prix d’émission de 39,100 dinars par action. Une 1ère du genre dans tout le paysage bancaire tunisien, et qui risque de faire, soit des émules, soit des inimités et de possibles revendications sociales.

Petit hic cependant, et grand questionnement, à propos de cette étrange décision, « l’AGE autorise le Conseil d’administration à déterminer les personnes, à qui sera réservée l’augmentation du capital, et dans quelles proportions » !

Cette augmentation de capital qui est donc, théoriquement ouverte à tout le personnel actif de la banque et de ses filiales, devient en réalité sélective, et ce ne seront pas tous les salariés d’Attijari qui y accèderont. C’est carrément le haut du panier, le conseil d’administration, qui décidera qui participera à cette augmentation du capital et à quelle hauteur. Et tout cela, selon des critères qui ne sont pas détaillés dans la décision, et le choix des personnes qui auront le privilège de devenir employés-actionnaires et recevront pour cela dividendes en plus de leurs salaires, est dévolu au seul conseil d’administration.

–    Salarié-investisseur : Un privilège et un statut donné au choix

Autant dire une décision, voulue comme facteur de resserrement de la cohésion de son capital humain, et qui pourrait devenir source de frictions au sein de la banque, suite au choix entre celui qui deviendra salarié-actionnaire et celui qui ne le sera pas, par la volonté du CA d’une banque où le personnel comprend aussi des personnes de nationalité marocaine !

« C’est un signe de reconnaissance et de fidélisation, de gratitude et d’encouragement, et notre logique est de faire d’un salarié un investisseur », soutient pourtant Said Sebti DG d’Attijari Bank. Et lorsque nous lui faisons remarquer que ce privilège est faussement offert à tous ses salariés par le fait du choix de qui pourra y accéder, Sebti soutient mordicus que le Conseil d’administration « est souverain », et s’abrite derrière l’AGE pour expliquer la ségrégation de fait qui en découlera. « Moi je suis le management, pas l’Assemblée, qui est souveraine ».

Reste donc à savoir qui seront les élus du CA de la banque marocaine de droit tunisien, et quelle seront les réactions de ceux qui voudraient en être, mais ne seront pas dans les bonnes grâces du saint conseil. Et on plaint le président Moncef Chaffar, qui ne sera pas dans une position enviable !

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