AccueilLa UNEPétrole : Un répit inespéré. Sera-t-il utilisé à bon escient ?

Pétrole : Un répit inespéré. Sera-t-il utilisé à bon escient ?

Lestant périlleusement les finances et l’économie de la Tunisie, les cours mondiaux du pétrole dont le pays est importateur net signent un remarquable repli, passant sous la barre des 60 dollars le baril. Ce ne pourrait être que du pain béni, une aubaine dont le gouvernement est appelé à tirer le meilleur parti possible non seulement pour redresser son budget mais aussi pour détendre une situation toxique fortement mise à mal par une inflation galopante, une balance commerciale en vrille et un dinar qui dégringole à la vitesse grand V.

Ce répit inespéré, s’il lui arrivait de durer, viendrait à point nommé pour soulager les finances publiques dont une large part va à la compensation des prix de l’énergie, sachant qu’un dollar de hausse du baril se traduit par pas moins de 128 millions de dinars supplémentaires en subventions. Plus est, la Tunisie ne produisant de 40% de ses besoins en énergie, elle se trouve acculée à en importer le reste. Une hémorragie de devises, si elle était stoppée, devrait amputer le budget de bien des dépenses qui serviraient à des fins de développement, et pas uniquement.

C’en serait relativement fini de cette fameuse stratégie de « hedging » (couverture de risque) dont on se sert pour se couvrir contre les fluctuations des cours du pétrole et que l’on a des doutes sur la tendance à venir du marché. Il faut cependant tristement remarquer que les conjoncturistes du budget tunisien se sont souvent emmêlés les pinceaux en prenant des vessies pour des lanternes, comme ce fut le cas pour l’exercice 2018 où ils ont estimé à 54$ le baril alors que le cours mondial s’est envolé bien au-delà flirtant avec les 80 dollars, obligeant l’Etat à injecter de fortes sommes chiffrées à des milliards de dinars additionnelles pour renflouer la caisse de compensation.

On notera que même avec 60 dollars le baril, on sera toujours loin du compte même si le manque à gagner devra encore être comblé, mais dans des proportions beaucoup plus importantes et confortables, qui dégageront des économies qui, toutefois, attisent déjà les appétits de ceux en attente d’augmentations salariales, comme les enseignants du Secondaire et bien d’autres.

Il va sans dire que cette bouffée d’oxygène sera d’un grand appoint pour le gouvernement qui aura ainsi les coudées un peu plus franches pour avoir moins besoin de racler les fonds de tiroir et s’atteler à éponger autant que faire se peut l’exponentiel déficit de la balance commerciale et lutter plus commodément contre l’inflation que l’on dit importée. Surtout, il sera très probablement possible de donner de l’air à la monnaie nationale engluée dans les abysses et, dans la même lancée, atténuer les rigueurs du loyer de l’argent en ramenant le taux directeur de la Banque centrale à des niveaux plus tolérables.

La production nationale partie pour un rebond de 9,5%

Conjuguée à cette détente sur le marché mondial du pétrole, la hausse annoncée de la production nationale du brut en 2019 devra atténuer le déficit énergétique, le gouvernement tablant sur un rebond de 9,5%, soit 2080 mille tonnes, contre des estimations de 1900 mille tonnes prévues en 2018. Ce sera aussi le cas de la production de gaz naturel qui devra atteindre 1940 tonnes équivalent pétrole, par la mobilisation d’investissements de l’ordre de 1700 millions de dinars. S’y ajoute l’entrée en exploitation de gisements comme celui du champ Nawara à Tatouine qui permettra de couvrir la demande nationale à hauteur de 1062 millions de dinars, et le projet Eskhira 2″ moyennant une enveloppe de 1017 millions de dinar. Sans oublier les efforts en cours pour arriver à des arrangements avec l’Italie et l’Algérie concernant le pipeline Transmed, le gazoduc de transport du gaz naturel de l’Algérie vers l’Italie.

Jusqu’à quand ?

Il reste à savoir pour combien de temps cette parenthèse de la baisse des cours du pétrole va durer. Au regard des actuelles fluctuations géostratégiques, on ne serait pas dans l’erreur de prévoir que, pour 2019, les pays importateurs comme la Tunisie seront plus ou moins protégés contre un retour au statu quo ante. D’abord parce que l’offre est abondante. L’Arabie qui a menacé de réduire sa production s’est ravisée et s’est abstenue d’aller au bout de sa logique, ce qui lui a valu les congratulations de Donald Trump. Dans le même temps, ce dernier qui misait sur l’embargo décrété contre les exportations de pétrole iranien, attend encore le choc espéré qui peine à se produire, puisque l’Administration américaine a permis à huit pays de continuer de s’approvisionner auprès de l’Iran, à des quantités certes moins importantes mais assez pour se maintenir à flot. Entre aussi en ligne de compte l’explosion de la production de pétrole de schiste aux États-Unis, principale source mondiale de la croissance de la production. Face à cette offre abondante, au fil des prévisions économiques du FMI ou de l’OCDE, le ralentissement de l’expansion économique l’année prochaine se confirme. La consommation de produits pétroliers devrait s’en ressentir, selon les experts.

Une heureuse occurrence que la Tunisie devra savoir exploiter à bon escient, même pour une période plus ou moins brève.

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