AccueilLa UNEPourquoi la BCT rechigne-t-elle à changer les billets de banque ?

Pourquoi la BCT rechigne-t-elle à changer les billets de banque ?

A l’occasion de la discussion, en commission de l’ARP, du projet de loi sur la relance de l’économie, la question du changement des billets de banque est redevenue d’actualité. Certains députés y voient, en effet, une alternative au projet du gouvernement d’amnistie fiscale et de change, où ces mêmes députés, comme Mongi Rahoui notamment, voient une volonté de blanchir l’argent de la contrebande notamment et des fraudeurs du fisc.
A la BCT, on soupçonne en effet qu’il y a un phénomène de thésaurisation et de marché parallèle qui militerait théoriquement pour un changement des billets, « une opération extrêmement compliquée, et aux retombées désastreuses sur l’activité économique du pays », estime cependant pour Africanmanager, une source autorisée de l’institut d’émission.

  • Une opération qui coûte 200 MDT

Le coût, factuel et financier du changement de toute la masse des BMC (billets et monnaies en circulation) est de 200 MDT pour les frais techniques de l’opération (maquette et impression) et concernerait près de 17 Milliards DT sans compter les billets en réserve. Pour imprimer et remplacer, cela ne demanderait pas moins de quatre ans, selon une source autorisée de la Banque centrale de Tunisie. Cela, sans oublier les énormes problèmes, tenant à la place et à la sécurité, pour gérer les stocks. Entre retrait et remplacement, la BCT pourrait même être amenée à gérer 100 % de stocks en billets, anciens et nouveaux. « Cela va immanquablement perturber l’activité économique », assure notre source. Et cette dernière de certifier que « l’expérience comparée a démontré que jamais le retrait total de billets de banque n’a garanti un résultat positif avéré », explique une source autorisée de la BCT, pour Africanmanager. Il est vrai que la conjoncture politique, l’instabilité politique, la fragilité de la paix sociale et la précarité sécuritaire pourraient donner raison à une BCT qui refuse de prendre ce risque.

  • L’expérience de retrait des 50 DT arrêtée. Voici la cause

Evoquant l’expérience de changement de l’ancien billet de 50 DT, soupçonné de faciliter la thésaurisation et devenir un biais de transaction pour le marché parallèle, après avoir même constaté que ce billet de 50 DT était recherché et se vendait même cher au marché parallèle, notre source indique que « dès que nous avions annoncé le début de l’opération de retrait de ce billet de la circulation, il s’est passé une opération de translation. C’est ainsi que la part du billet de 20 DT dans la masse de BMC est passée de 40 % avant 2017, à 60 % actuellement. La translation a eu lieu du billet des 50 DT vers celui des 20 DT ». Cette opération de translation a été faite par le marché parallèle, ce qui a obligé à renoncer au changement du billet de 50 DT.
Et notre interlocuteur d’évoquer la norme internationale de fiducie, qui oblige d’imprimer un billet à plus grande valeur, lorsque la part d’une coupure dépasse 50 % de la circulation fiduciaire, et d’assurer que, « même cette opération de retrait du billet de 50 DT a rendu la situation de la fiducie par rapport aux besoins réels de l’économie, complètement déséquilibrée, car tous les pays du monde utilisent au moins 4 coupures, alors qu’on serait le seul pays au monde à fonctionner et gérer notre fiducie avec seulement deux coupures. Dans un pays où la croissance est négative et l’inflation en hausse, il faudrait des tonnes de 2 types de billets pour assurer la fluidité de règlement de notre économie ».

  • L’amnistie, une partie d’un projet plus constructif qu’est le digital

Selon la BCT, retirer un billet ne résout pas le problème du marché parallèle estimé à 4 Milliards DT environ et qui sont en-dehors du système bancaire ou financier. « A notre sens, pour répondre au double problème de la thésaurisation et du marché parallèle, le meilleur moyen reste l’amnistie fiscale et de change. Une action qui s’insère dans un projet constructif qui répond aux besoins du pays, et qui évite toutes les contraintes et les inconvénients des mesures de simple colmatage de brèche, celui du decashing comme le reste des pays et de passage au paiement digital »

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1 COMMENTAIRE

  1. Pourquoi ne pas passer à e-monnaie , e-wallet, .
    Distribuer gratuitement des cartes bancaires à ceux qui ne possèdent pas coûtera nettement moins chère. Et cerise sur le gâteau: le chiffre d’affaires de tout les commerçants serait connu facilement : au revoir, les CA non déclarés, sans facture….

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