Les agrumes, un pilier de l’agriculture et de la nutrition et une activité stratégique dont les Tunisiens raffolent, car il est bien connu que les oranges sont les fruits les plus consommés dans le pays.
Toutefois, ce secteur tant plébiscité est de plus en plus exposé à des menaces, dont singulièrement le manque de précipitations et la succession de saisons sèches. En cause : le changement climatique et le vieillissement des agrumeraies , notamment celles des d’orangers, dont l’âge varie entre 60 et 100 ans, une activité agricole stratégique qui est en train d’être soumise à rude épreuve, aussi bien sur le plan conjoncturel que structurel.
A la question de moult citoyens se demandant comment sera la récolte des agrumes cette saison, le conseiller du président de l’UTAP chargé de l’arboriculture, Bayrem Hamada, a indiqué, dans une déclaration à African Manager, ce mardi 14 novembre 2023, que la récolte des oranges se poursuit en Tunisie depuis début novembre pour certaines variétés destinées plus spécialement à la consommation locale, notamment la Clémentine et le Navel ou Thomson, en attendant celle de la reine des oranges, l’orange maltaise, produite exclusivement en Tunisie, et dédiée à l’exportation, de fin janvier à fin mars.
Une production en baisse
Lui-même producteur d’agrumes, et toujours sur le terrain, Hamada a expliqué que « l’estimation de la campagne sur le plan national ne dépassera pas les 300 mille tonnes, contrairement à celle du ministère de l’Agriculture qui parle de 360 mille tonnes. Le responsable tenant à faire savoir que quiconque affirme que la production se porte au mieux induit les citoyens ainsi que le ministère de l’agriculture en erreur ». Ila rappelé que la culture des oranges et des agrumes en général, une spécialité de la région du Cap Bon, y contribue à hauteur de 75%, contre 25% pour les autres régions.
En outre, le responsable a indiqué que les problèmes des zones d’irrigation n’arrangent en rien la situation, car le manque de précipitations a largement impacté la production. « L’agrumiculture exige un sol et un climat favorables, mais actuellement, le secteur est aux prises avec deux grands problèmes, outre la sécheresse, l’insuffisance de l’eau d’irrigation », a-t-il souligné, indiquant qu’à la mi-juin, le ministère a autorisé l’ouverture des zones d’irrigation, fermées depuis septembre, d’où le léger manque de production.
« Nos agrumes, un must mondial »
Pour garantir la pérennité du secteur d’agrumes, Hamada suggère la régénération des agrumeraies dans les zones classiques de production, l’incitation à la création de nouvelles superficies d’agrumes et la résolution du problème d’irrigation à travers les projets de dessalement de l’eau de mer.
D’autre part, il a noté un changement en termes de volume, estimant que la sécheresse a impacté considérablement la taille des agrumes. Toutefois, Hamada a tenu à souligner que la qualité et le goût acidulé des agrumes tunisiens détrônent de loin les autres pays, qui produisent plus, à l’instar de l’Espagne et de l’Egypte.
Par ailleurs, en ce qui concerne les exportations, il a noté que la petite taille des agrumes n’affectera en rien la capacité d’exportation de la Tunisie, car le produit destiné à l’exportation est principalement l’orange maltaise, un fruit récolté à la fin de la saison hivernale, en espérant que les précipitations contribuent à améliorer la taille du produit.